
Des avocats argentins ont déposé dimanche une plainte contre le président argentin Javier Milei, après qu’il a effectué la promotion d’une cryptomonnaie.
Le 14 février, Javier Milei a publié sur son compte X, qui a plus de 3,8 millions d’adeptes, un message vantant $LIBRA, une devise numérique destinée selon ses dires à « encourager la croissance économique en finançant les petites entreprises et les startups ». Il s’est ensuite ravisé et a supprimé son message. Ce geste a été suivi d’une chute brutale du cours et de pertes estimées à plusieurs millions de dollars pour les investisseurs, selon Dexscreener.
La cryptomonnaie $LIBRA, développée par KIP Protocol et Hayden Davis, pouvait être acquise via un site web nommé vivalalibertadproject.com, en référence au slogan que le président utilise souvent pour conclure ses discours, rapporte l’agence Associated Press.
Face aux critiques, le bureau du président a affirmé dans un communiqué qu’il n’avait aucun lien avec le projet et que la publication avait été retirée pour éviter la spéculation. Pourtant, Javier Milei et son administration avaient récemment rencontré des représentants de KIP Protocol au palais présidentiel, signale Reuters.
Accusations de fraude et procédure de destitution en vue
Jonatan Baldiviezo, l’un des avocats à l’origine de la plainte, estime que cette affaire constitue une « association illicite » et évoque une pratique connue sous le nom de « rug pull », qui consiste pour des développeurs à attirer des investisseurs avant d’abandonner un projet et de faire chuter sa valeur. Jonatan Baldiviezo accuse aussi Javier Milei d’avoir enfreint la loi sur l’éthique publique.
L’opposition politique a vivement réagi : l’ancienne présidente Cristina Kirchner a dénoncé une « escroquerie numérique », tandis que le député socialiste Esteban Paulón a annoncé vouloir engager une procédure de destitution contre Javier Milei. Des personnalités proches de Javier Milei ont toutefois déclaré à CNN qu’elles rejetaient l’éventualité d’une destitution, qualifiant ces appels de tentative de « renversement » du président.
Une ligne de défense contestée
Javier Milei accuse ses opposants politiques d’exploiter l’affaire à des fins partisanes. « Je n’étais pas au courant des détails du projet et, après avoir été informé, j’ai décidé de ne pas continuer à en faire la promotion (c’est pourquoi j’ai supprimé le tweet) », a-t-il déclaré sur X. Son administration a également annoncé que le bureau anticorruption examinerait l’affaire et transmettrait ses conclusions à la justice.
De son côté, Hayden Davis a rejeté la responsabilité de l’effondrement de $LIBRA sur le président. Dans une vidéo publiée samedi sur ses réseaux sociaux, il affirme que le président et son équipe ont brusquement changé de position et retiré leur soutien.
L’enquête judiciaire en cours devra déterminer si un crime a été commis et si des entreprises ou individus liés à KIP Protocol sont impliqués dans une fraude.
Montée en puissance des cryptos aux États-Unis
Javier Milei n’est pas le seul dirigeant politique à s’intéresser aux cryptomonnaies. Pendant que l’Argentine est secouée par ce scandale, Donald Trump affiche lui aussi son soutien à la monnaie numérique.
Il a récemment lancé World Liberty Financial (WLF), une plateforme dans laquelle il détient des intérêts financiers et a annoncé la création d’une réserve stratégique de jetons pour stabiliser le marché et appuyer des projets en finance décentralisée. Trump a également lancé son propre meme coin, le $TRUMP, qui aurait déjà généré des centaines de millions de dollars en transactions.
Son fils, Donald Trump Jr., a récemment plaidé pour un cadre réglementaire permettant aux cryptomonnaies de prospérer, affirmant qu’elles représentaient « l’avenir de la finance » et un enjeu stratégique pour les États-Unis.
Récemment, Trump a nommé Paul Atkins à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC) pour succéder à Gary Gensler. Ancien président de l’institution sous George W. Bush, Atkins est connu pour ses positions en faveur de la déréglementation et des cryptomonnaies.
Trump affirme vouloir faire des États-Unis la « capitale mondiale des cryptos », tandis que la valeur du Bitcoin a bondi au-delà de 100 000 dollars US après l’annonce de la nomination de Paul Atkins.