Carlos J. Leitao

Celui-ci a estimé, vendredi, à 33 % les probabilités que de tels événements se produisent, ce qui, à son avis, est « élevé ».

« Ce que je trouve particulièrement risqué, c’est la mésentente grandissante entre les États-Unis et la Chine », a expliqué M. Leitao, au cours d’une conférence téléphonique visant à faire le point sur les résultats préliminaires de l’exercice 2017-2018.

Ce rapport a révélé que le surplus budgétaire du Québec au terme de l’exercice terminé le 31 mars, après le versement de 2,3 milliards de dollars (G$) au Fonds des générations,  était de 2,4 G$, soit presque trois fois plus que le montant de 850 M$ inscrit dans le dernier budget.

Néanmoins, le grand argentier de la province demeure sur ses gardes alors que les États-Unis et la Chine menacent mutuellement de s’imposer de nouvelles taxes douanières, ce qui s’ajoute à l’escarmouche entre Ottawa et Washington en raison de l’imposition de tarifs sur l’acier et l’aluminium canadien.

« Ces tarifs affectent une partie de nos exportations (au sud de la frontière) et sont désagréables, mais c’est loin d’une guerre commerciale en bonne et due forme », a tempéré M. Leitao.

Un bas de laine

Si une tempête pointe à l’horizon, le Québec est parmi les « premiers de classe » pour la traverser, a estimé M. Leitao. En plus de finances publiques équilibrées, le surplus plus élevé qu’anticipé fera bondir à 6,9 G$ la réserve de stabilisation du Québec, dans laquelle le gouvernement peut piger en cas de troubles économiques.

Celle-ci sera d’environ 3,9 G$ au terme des ponctions totalisant 2,5 G$ prévues par le gouvernement Couillard au cours des deux prochains exercices pour éviter de tomber en situation de déficit.

« En partant, notre position est plus solide, a dit M. Leitao. Par exemple, nos voisins de l’Ontario font face aux mêmes risques, mais leur point de départ est un déficit. Depuis 2015, nous avons aussi assisté à une réduction importante du fardeau de notre dette. »

Selon le ministre des Finances, l’escalade des mesures protectionnistes finit toujours par provoquer une récession. En raison de la globalisation de l’économie mondiale au cours des 15 dernières années, les conséquences d’une guerre commerciale sont encore plus sérieuses aujourd’hui qu’au XXe siècle.

L’Union européenne a ajouté vendredi son grain de sel en imposant des tarifs sur 3,4 G$ US de produits exportés par les États-Unis dans le cadre de représailles sur les tarifs américains sur l’acier et l’aluminium.

Taxes et impôt

L’écart positif de 1,5 G$ par rapport aux prévisions budgétaires s’explique notamment par une hausse de 3,8 % des revenus autonomes de l’État, qui ont totalisé 61,8 G$.

L’impôt prélevé sur le revenu des particuliers a permis à Québec d’empocher 547 M$ de plus, alors que du côté de celui des entreprises, ce sont 180 M$ supplémentaires qui ont été récoltés.

De plus, les sociétés d’État Loto-Québec et la Société des alcools du Québec ont injecté 363 M$ de plus dans les coffres de l’État.

« La croissance économique en 2017 a été de 3,1 %, ce qui a vraiment surpris, a souligné M. Leitao. Même dans le secteur privé, on anticipait entre 1,7 % et 1,8 %. L’année 2017 a vraiment été extraordinaire. »

Le ministre des Finances s’est défendu d’être trop prudent dans ses prévisions, puisque ce n’est pas la première fois que les résultats préliminaires de l’exercice dépassent les cibles budgétaires.

Par exemple, l’an dernier, on anticipait un excédent de 250 M$, mais au bout du compte, le surplus avait été de près de 2,3 G$.

« Nos hypothèses sont conservatrices, a dit le grand argentier de la province. Nous avons bâti un cadre financier depuis 2014 qui est prudent. Je pense que c’est la bonne chose à faire d’avoir un cadre à la fois robuste et conservateur. »

Pour leur part, les dépenses de programmes ont été de 72,6 G$, en progression de 4,6 %, ce qui, selon M. Leitao, est « conforme » aux prévisions budgétaires.