Le RVER en cinq temps


Finance et Investissement (FI): Pourquoi le gouvernement a-t-il mis en place le RVER ?

Martin Dupras (MD): « Afin de permettre au plus grand nombre de travailleurs d’épargner pour la retraite, en particulier ceux à l’emploi dans les PME, le projet de loi 39 sur les RVER a été déposé en mai 2013 par le gouvernement du Québec. Il a été adopté le 3 décembre 2013. On se rappellera que le comité D’Amours appuyait cette initiative. Cet incitatif à l’épargne mise sur le fait que les gens n’utiliseront pas l’option qu’ils ont de se retirer du régime. Le RVER vise donc les employés dont l’employeur n’offre aucun REER/CELI collectif ou régime de pension agréé (RPA). L’idée du RVER s’appuie principalement sur deux éléments, le caractère automatique des prélèvements et des frais de gestion potentiellement plus faibles. »

FI: Est-ce que le RVER avantage tous les clients ?

MD: « Sur le plan fiscal ce n’est pas tout le monde qui va y gagner. Le conseiller devrait avoir une idée de la personne  » type  » qui devrait cotiser au RVER ou éviter de le faire. Il faut se demander si l’impôt sauvé par le client à la cotisation va dépasser l’impôt à la sortie. Il existe plusieurs cas différents. Par exemple, il y a actuellement beaucoup de gens qui ne pensaient pas être pauvres à la retraite et qui ont pris un peu de REER. Plusieurs d’entre eux auront droit au supplément de revenu garanti (SRG).

Lorsqu’ils vont retirer 1000 $, ils vont payer de l’impôt et ce REER retiré leur fera perdre 500 $ de leur SRG puisqu’il sera comptabilisé dans leurs revenus. Donc, ces gens sont imposés à 75%, ce qui est sûrement plus que ce qu’ils ont sauvé. Le même principe s’appliquera pour le RVER. Il y a néanmoins un correctif qui peut-être fait. Un client pourrait retirer ses REER d’un seul coup. Il existe un jeu que tu peux faire sur deux ans afin d’éviter la pénalité sur le SRG, mais ce n’est pas simple. Il faut faire l’arbitrage entre l’impôt globalement sauvé à la cotisation et l’impôt prélevé au décaissement.

C’est pourquoi l’aide d’un conseiller ou d’un planificateur financier est utile. Toutefois, les services d’un conseiller ne sont pas obligatoires dans le processus mis en place par le gouvernement. »

FI: Alors qui est le participant pour qui le RVER est idéal ?

MD: « C’est celui qui va gagner autour de 20 000 à 30 000 $. Celui-ci va sûrement sauver en impôts. Il y a aussi celui qui gagne au moins 15 000 $ lors du décaissement à la retraite, car comme expliqué, celui qui gagne en bas de ça, va perdre son avantage en remboursement du supplément de revenu garanti ».

 

FI: Est-ce que le RVER est suffisant pour épargner pour la retraite ?

MD : « Je ne pense pas que personne ne s’attend à ce que l’épargne au taux de cotisation par défaut (2%) du RVER soit suffisant. Tout réflexe d’épargne est pertinent à avoir la base. Les gens devraient s’informer à savoir s’ils doivent épargner plus, peut-être dans d’autres produits. »


FI: Que contiendra le RVER ?

MD: « Les critères demandés dans le règlement du gouvernement ne sont pas encore tous connus, mais le contenu du RVER devrait ressembler aux régimes collectifs existants. Il y aurait, par exemple, une option d’épargne sur le marché monétaire, une option d’épargne plus équilibrée et un ou deux fonds d’actions. Ils veulent offrir des niveaux de risque et de rendement potentiel acceptables. Je ne pense pas que l’institution financiere qui va mettre en place le RVER pour ses clients va offrir 40 options de placement parce que plus ils vont offrir d’options de placement dans le RVER plus ils vont courir le risque de créer du cannibalisme avec leurs propres autres produits. »

Photo Bloomberg