Le planificateur financier et représentant en épargne collective, Gaétan Veillette note qu’avec l’arrivée du projet de loi 39 sur le RVER du gouvernement du Québec, les régimes collectifs de retraite pourraient représenter 95% du marché des nouveaux régimes d’épargne. En effet, 90 000 entreprises comptant au moins cinq employés auront été forcées d’offrir un RVER, d’ici deux ans après la date d’entrée en vigueur de la loi.
Ils pourront se soustraire à l’obligation de proposer un RVER s’ils offrent à l’ensemble de leurs travailleurs d’ici leur date butoir respective un ou plusieurs produits d’épargne collective, qu’il s’agisse d’un régime de pension agréé, d’un Régime enregistré d’épargne retraite (REER), d’un Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) ou d’un régime de participation différée aux bénéfices (RPDB) combiné à un REER collectif.
Les dates butoir : 20 employés ou plus, 30 juin 2016 ;10 à 19 employés, 31 décembre 2017 ; 5 à 9 employés, date non déterminée avant le 1er janvier 2018.
« Ceux qui ne touchaient pas le marché des entreprises, des gens d’affaires et des régimes collectifs ont une opportunité exceptionnelle pour les deux prochaines années », indique Sylvain De Champlain, planificateur financier et représentant en épargne collective.
En effet, la loi n’exigera pas que ce soit un représentant en assurance collective autorisé en rentes collectives qui vendent le RVER comme c’est le cas pour d’autres produits de régimes collectifs.
Comme plusieurs conseillers, Gaétan Veillette craint quant à lui que certains entrepreneurs, faisant affaire avec des représentants qui ne peuvent pas vendre d’autres produits collectifs, souscrivent au RVER sans qu’il soit le régime le plus adéquat pour eux.
« Celui qui n’a pas son permis en régimes de rentes collectives de personnes n’a pas d’autre choix que d’offrir le RVER, tandis que celui qui a sa licence maintenant peut dire à son client, je vous offre toute la gamme de produits collectif dont le Régime de retraite simplifié (RRS), le Régime de pension agréé (RPA) d’actionnaires, des fonds de pensions à cotisations déterminées, des fonds de pension à prestations déterminées, etc., dépendant de la situation du client », met-il de l’avant.
Utiliser le RVER pour ce qu’il n’est pas ?
D’ailleurs, Sylvain De Champlain et son cabinet ont choisi de leur côté de profiter du RVER pour approcher les entreprises, mais pour leur proposer d’autres produits.
« Nous leur expliquons pourquoi d’autres régimes sont plus intéressants. Nous sommes contre l’approche du RVER. Le seul avantage pour les investisseurs, c’est que ça force les employeurs à offrir un régime, mais c’est loin d’être la meilleure formule. Le régime le plus avantageux pour l’employeur qui veut cotiser est le Régime de participation différée aux bénéfices (RPDB) parce qu’il n’y a pas de déduction à la source », considère-t-il.
Sylvain De Champlain mentionne être en sérieux pourparlers avec plusieurs nouveaux clients potentiels : « Nous travaillons avec la firme Mackenzie qui est une des seules firmes de fonds d’investissement qui cible le marché des régimes collectifs. Nous approchons les dirigeants d’entreprise et rencontrons leurs employés en groupe ou individuellement. Personne ne les sollicite encore, mais c’est clair que les banques vont commencer bientôt leur offensive de campagnes ».
En attente du feu vert de Québec
Tant que l’Assemblée nationale n’a pas révélé tous les détails du règlement sur le RVER, il est difficile de savoir exactement de quelle façon les institutions financières commercialiseront le produit et de quelle manière elles approcheront les entrepreneurs acheteurs.
Robert Tellier, vice-président régional Montréal de La Financière Manuvie, dit que l’assureur est de son côté prêt à offrir le RVER. « Nous travaillons déjà avec plusieurs pays dont la Chine qui ont des formules de régime de retraite à enregistrement automatique et ça se passe bien. Nous avons surtout investi dans un site web qui rendra le processus rapide pour les employeurs et employés. »
Manuvie fait affaire avec un réseau de conseillers non-captifs. Il assure toutefois que Manuvie privilégie la promotion de l’option de régime qui sera bénéfique pour les clients, donc pas nécessairement le RVER à tout prix.
« Ça va certainement changer la dynamique du marché. Les nouveaux interlocuteurs seront par exemple les propriétaires de PME qui ont souvent une rotation de personnel personnalisée », rappelle GaétanVeillette.
Il se questionne à savoir quelle sera la formule qui leur sera proposée. « Ils sont plusieurs à embaucher leurs employés sur une base temporaire. J’ai peur qu’une approche de service sans conseil nuise aux particuliers. »
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