«Il est comme un négociateur syndical, affirmait l’ancien sénateur républicain Judd Gregg, au National Journal, dans un texte mis à jour le 9 janvier. Il ne cédera pas un pouce s’il n’a pas besoin de le faire.»

«Il est d’une telle intransigeance qu’ils [NDLR les républicains] avaient tenté de le tenir à l’écart des discussions budgétaires d’août 2011», rapporte le journaliste Bob Woodward dans son dernier livre, The Price of Politics.

«Jack Lew est effectivement impitoyable. Non parce qu’il joue le bulldog, mais parce qu’il connaît parfaitement ses dossiers. C’est un maître du détail», explique Gene Sperling, conseiller économique de Barack Obama, repris dans l’édition du 11 janvier du journal économique français Les Échos.

Jack Lew a également à coeur le programme Medicare et le concept de filet social. Deux changements importants voulus par Barack Obama. Les deux hommes partagent ces mêmes idéaux. Le président a d’ailleurs déclaré, le jeudi 10 janvier, lors d’une allocution en présence de Tim Geithner et de Jack Lew, qu’il a confiance dans le jugement de ce dernier, «le meilleur pour continuer le travail de Tim», et que son amitié lui est «précieuse».

«Jack Lew est le yes-man de Barack Obama au Trésor», explique The Wall Street Journal dans une vidéo d’opinion mise en ligne le mercredi 9 janvier, en fin d’après-midi.

Le magazine Forbes se demandait d’ailleurs ce jour-là si Jack Lew pourrait sauver l’héritage de Barack Obama.

Mauvais candidat ?

Son manque d’expérience en matière de relations internationales, sa connaissance limitée des marchés et le fait qu’il n’appartient pas au monde de la finance sont déjà montrés du doigt.

Certes, de 2006 à 2009, Jack Lew était un des dirigeants de Citigroup. Durant ce mandat, il a dirigé une division qui misait contre le marché hypothécaire des subprimes.

«Un manque d’expérience du fonctionnement des marchés qui a fait craindre à certains que le combat pour la réforme de Wall Street et la mise en application stricte de la Loi Dodd-Franck ne passe au second plan», écrivait le quotidien suisse Le Temps, le 10 janvier dernier. Une trop courte expérience dans le secteur privé pour celui qui est considéré comme un technocrate.

«Son parcours professionnel est inhabituel pour un secrétaire du Trésor, un poste traditionnellement occupé par quelqu’un qui a l’expérience des milieux d’affaires et des marchés financiers américains», relève The Washington Post du 21 janvier.

Discret et réfléchi

Jack Lew est surtout connu à titre d’ancien directeur du budget de la Maison-Blanche sous Bill Clinton. Il peut se targuer d’avoir dégagé les seuls excédents que les États-Unis ont produits depuis les années 1960. Il a repris le même poste sous Barack Obama, devenant également le troisième directeur de cabinet du président des États-Unis après William Daley et Rahm Emanuel.

C’est un homme discret et réfléchi qui, une fois son diplôme de Harvard en poche, a fait évoluer depuis 1979 sa carrière dans la capitale fédérale, à l’exception d’un hiatus de huit ans sous la présidence de George W. Bush, de 2001 à 2009.

«Jack Lew est un de ceux qui s’accordent sur le fait que nous avons un problème de finances publiques à long terme. Il est prêt à faire des choix difficiles en matière de dépenses», déclarait Bob Greenstein, président du Center on Budget and Policy Priorities (Centre sur le budget et les priorités politiques) au Washington Post, le 21 janvier.

The Economist, dans son édition du 12 janvier, souligne que Jack Lew a un avantage important par rapport à Tim Geithner, quatre ans auparavant : une économie en croissance.

En décembre dernier, par exemple, le pays enregistrait 155 000 nouveaux emplois, soit une augmentation de 0,1 % par rapport au mois de novembre. «Bien que le chômage reste très élevé, à 7,8 %, il est remarquable que l’économie se porte aussi bien, malgré l’incertitude en ce qui concerne les taxes et le risque de défaut du gouvernement.»

Cette confiance décidera du sort de l’économie cette année, ainsi que de la réputation du nouveau secrétaire du Trésor des États-Unis.