Le moment est propice pour accroître son exposition au secteur, mais il faudra être sélectif, disent les observateurs interrogés par Finance et Investissement. «Il n’y a pas de grand potentiel de hausse, à moins d’axer sur les ressources et les titres plus porteurs», prévient Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale.
Voici ce qu’il faut savoir.
Produits forestiers
Le bois d’oeuvre est dans la mire des experts. «Le prix reste élevé», souligne Mathieu D’Anjou, économiste principal du Mouvement Desjardins, dans une étude publiée le 25 novembre dernier. Il se maintenait à près de 400 $ US par millier de pied-planches à la fin de 2013, selon Statistique Canada.
Ce secteur, qui a rationalisé ses activités à la suite de la crise immobilière américaine, est maintenant tiré par la reprise des activités de construction aux États-Unis, ainsi que par la demande en Asie et au Mexique. «C’est aussi le secteur le plus avantagé par la dépréciation du dollar canadien», estime Paul Taylor, chef des placements chez BMO Gestion d’actifs – Canada.
Frank Zwarts, gestionnaire de portefeuille chez Fiera Capital, recommande d’investir dans West Fraser (Tor., WFT), un producteur de Colombie-Britannique aux coûts de production bas.
Énergie
Le début d’hiver rigoureux qu’ont connu le Canada et les États-Unis a redonné de la vigueur au prix du gaz naturel. Depuis décembre et en date de mi-janvier, il se maintenait au-dessus des 4 $ US par million de BTU. «Le niveau des stocks a chuté au-dessous de sa moyenne de cinq ans, précise Frank Zwarts. La tendance haussière durera au moins tout le premier semestre de 2014.»
Quant au sous-secteur du pétrole, les experts sont divisés. Mathieu D’Anjou, économiste principal du Mouvement Desjardins, et Paul Taylor sont neutres. «La demande va s’accroître en réponse à la croissance économique mondiale moins apathique, explique Paul Taylor. Cependant, l’offre sera également plus élevée en raison de la hausse spectaculaire de la production américaine de pétrole de schiste.»
Pour leur part, Stéfane Marion et Frank Zwarts entrevoient une embellie du fait que les infrastructures énergétiques, notamment le réseau de pipelines, seront améliorées. Cela permettra aux prix nord-américains d’augmenter pour converger vers les prix internationaux.
«Ces annonces favorables à long terme me rendent optimiste, car elles vont pousser les investisseurs étrangers à réévaluer ce secteur, qui pour l’instant, manque de débouchés», explique Stéfane Marion.
Selon Frank Zwarts, les entreprises énergétiques qui pourraient se démarquer dans ce contexte sont Canadian Natural Resources (Tor., CNQ), Baytex Energy Group (Tor., BTE) et Meg Energy (Tor., MEG), qui exploitent les sables bitumineux et produisent du pétrole lourd.
Canadian Natural Resources produit également du gaz naturel, tout comme la jeune entreprise albertaine Tourmaline (Tor., TOU), qui compte sur une solide équipe de direction, dit Paul Taylor.
Métaux de base
En raison d’un recul de 30,6 % en 2013, le secteur des métaux de base est un des boulets qui ont ralenti la Bourse canadienne. Malheureusement, les experts ne prévoient pas de grand revirement en 2014.
La demande chinoise moins vigoureuse et les surplus de production devraient faire piétiner ce secteur, malgré l’accélération de l’économie mondiale.
Certains sous-secteurs s’en sortiront mieux.
Le zinc, dont les surplus sur le marché mondial ne cessent de fondre, et le nickel, qui bénéficiera de l’interdiction d’exporter en Indonésie, offrent notamment de meilleures perspectives. «Dans le cas de ces métaux, on a une situation où il est plus difficile d’accroître l’offre», précise Paul Taylor.
Quant au cuivre, les stocks ont baissé en 2013 en raison de la demande élevée des Chinois. Un accroissement de la production est cependant attendu au cours des prochains trimestres.
Dans ce contexte, plusieurs observateurs ont une opinion négative. Pour sa part, Frank Zwarts est un peu plus positif, car il juge que le surplus de production ne sera pas énorme et fera peu baisser les prix.
Les sociétés à surveiller dans ce secteur sont First Quantum Minerals (Tor., FM), qui a plusieurs projets dans le cuivre, notamment au Panama et en Zambie, et Teck Resources (Tor., TCK.B), qui a des activités diversifiées dans les métaux de base.
Or
La fièvre de l’or, qui a duré un peu plus d’une décennie, semble terminée. Le sous-indice des aurifères a chuté de 45 % à la Bourse de Toronto en 2013, selon Bloomberg.
De plus, les observateurs n’anticipent rien de grandiose en 2014. En effet, le métal jaune est la principale victime de la réduction des mesures de stimulation économique de la Réserve fédérale américaine, qui atténue les attentes inflationnistes.
Ce secteur volatil pourrait tout de même connaître de bons moments en cours d’année. Stéfane Marion croit en son potentiel haussier au deuxième semestre. «Les participants au marché anticiperont alors une inflation plus forte à l’échelle mondiale», précise-t-il.
Mathieu D’Anjou est de ceux qui sont plus sceptiques. Il remarque que certains investisseurs, qui auparavant considéraient l’or comme la meilleure protection contre un effondrement des devises, semblent aujourd’hui chercher d’autres options, dont les monnaies numériques (comme le bitcoin).
Dans ce contexte incertain, il est important de miser sur la qualité, avec des titres comme Goldcorp (Tor., G) et Agnico-Eagle (Tor., AEM), souligne Paul Taylor.