Par contre, un an après les attentats dont le World Trade Center a été la cible, le Dow Jones avait perdu 10,7 % de sa valeur. La réaction négative des marchés à certains événements ne semble pourtant pas liée à leur gravité.
«La crise n’est pas l’événement le plus important», insiste Ron Meisels, président-fondateur de Phases & Cycles.
«Dans tous les cas où le Dow Jones a reculé, 12 mois après un événement, les prix du pétrole avaient aussi augmenté de plus de 80 % ou la courbe de taux s’était inversée, c’est-à-dire que le taux d’intérêt à court terme était devenu supérieur au taux à long terme», précise-t-il. Cela a été le cas notamment après la tentative d’assassinat de Ronald Reagan en 1981, des attentats contre des marines américains au Liban en 1983 et contre le USS Cole en 2000.
Selon Ron Meisels, la raison de cette relation est assez simple. «Un investisseur est plus intéressé par des facteurs à long terme que par des événements ponctuels. C’est pourquoi le prix du pétrole est plus important que le fait qu’on ait tiré sur Reagan», explique-t-il.
Les recherches scientifiques sur le sujet tendent à appuyer la thèse de l’impact modéré d’une attaque terroriste sur les marchés boursiers ou sur l’économie. Une étude de 2008 réalisée par des chercheurs américains conclut que les impacts économiques du terrorisme sont somme toute localisés et de courte durée dans la plupart des économies. Les effets ne semblent importants que pour les petites économies confrontées à une campagne terroriste soutenue (http://tinyurl.com/37v52nf).
Selon une étude de 2005 effectuée par des chercheurs du Fonds monétaire international (FMI), les marchés «diversifiés et solides» réussissent la plupart du temps à absorber le choc de tels événements. La réaction des autorités est cependant cruciale et a le potentiel de raviver l’optimisme des investisseurs (http://tinyurl.com/ox4w7f7).
Tout dépend des secteurs
Tahir Suleman, doctorant en finance de l’Université Victoria de Wellington, en Nouvelle-Zélande et spécialiste du sujet, note que souvent, même si les effets à long terme d’un attentat terroriste ne sont pas majeurs, les effets immédiats (sur trois jours par exemple) peuvent être importants. «L’intensité de l’impact dépend du secteur qu’on observe», nuance-t-il en entrevue. Selon lui, la valeur du secteur des soins de la santé risque souvent d’augmenter en valeur, tandis que celle du secteur touristique pourrait naturellement chuter.
Une étude de 2010 sur l’impact des attentats du 11 septembre sur quelque 135 secteurs économiques des États-Unis concluait aussi à des différences notables entre les industries.
Dans les cinq jours de transactions suivants le 11 septembre, le transport aérien, les installations de loisirs, le jeu et le secteur du transport ont été anormalement dépréciés, alors que l’inverse s’est produit dans le secteur de la défense, de l’eau et des télécommunications (http://tinyurl.com/npb6fps).