Les actifs, les revenus et les bénéfices du secteur de l’investissement ont tous grimpé en flèche au cours des deux dernières années, les entreprises ayant bénéficié d’une poussée des investissements de détail pendant la pandémie de COVID-19.
Selon les dernières données de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM), les actifs sous gestion (ASG) des clients ont augmenté de 55 % depuis le début de la pandémie en mars 2020, pour atteindre 3 800 milliards de dollars (G$) au 31 décembre 2021. Les fondamentaux financiers de l’industrie se sont également améliorés, la plupart des sources de revenus ayant augmenté et les bénéfices ayant bondi.
La pandémie a eu un effet salutaire sur l’épargne des ménages. Les dernières données de Statistique Canada indiquent que la richesse nette des ménages a atteint des niveaux record en 2021, terminant l’année à 15 900 G$, soit une hausse de 3 600 G$ par rapport au quatrième trimestre de 2019.
Une grande partie de ce gain a été réalisée grâce à la croissance du marché immobilier : les actions immobilières ont représenté plus de la moitié de cette augmentation de 3,6 billions de dollars.
Mais l’immobilier ne représente pas toute l’histoire. Selon Statistique Canada, la valeur des actifs financiers des ménages (y compris les actions, l’assurance vie et les actifs de retraite) a augmenté de plus de 1,1 billion de dollars par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Et les dépôts des ménages ont augmenté de plus de 300 G$ par rapport aux totaux d’avant la pandémie.
Le secteur des investissements a bénéficié de ces tendances. Parallèlement à la hausse de 55 % des ASG des clients, les positions de trésorerie des investisseurs ont augmenté de près de 50 %, passant de 69,2 G$ en février 2020 à 102,1 G$ à la fin de 2021. La dette sur marge a également augmenté, passant d’un peu moins de 26 G$ à 39,3 G$ sur la même période.
Ces tendances ont alimenté de solides résultats pour les entreprises du secteur. Par exemple, les revenus d’honoraires du secteur ont augmenté de plus de 30 % pendant la pandémie. En 2021, le total des revenus d’honoraires annuels s’élevait à 11,9 G$, contre 9,1 G$ en 2019. Par conséquent, les recettes d’honoraires annuelles de l’industrie ont dépassé les dépenses d’exploitation totales pour la première fois.
Les revenus de commissions ont augmenté encore plus rapidement que les frais. Les revenus annuels de commissions (à l’exclusion des commissions sur les fonds communs de placement) ont atteint 4,4 G$ en 2021, selon l’ACCVM, contre un peu plus de 3 G$ en 2019.
Ces fortes augmentations ont été soutenues par la montée en flèche des revenus des services bancaires d’investissement, car la souscription d’actions et les activités de fusion et d’acquisition ont augmenté au cours de l’année écoulée. Les revenus annuels du secteur provenant des émissions d’actions ont bondi à près de 2,4 G$ en 2021, contre un peu moins de 1,4 G$ l’année précédente. Dans le même temps, les revenus des honoraires de conseil aux entreprises (provenant des fusions et acquisitions et d’autres mandats) ont grimpé de 65 % pour atteindre près de 1,7 G$ l’année dernière, contre un peu plus de 1 G$ en 2020.
Il y a néanmoins quelques lumières rouges – notamment les revenus d’intérêts nets de l’industrie, qui ont chuté parallèlement au passage de la banque centrale à des taux d’intérêt très bas. En 2021, les entreprises du secteur ont généré moins de 1,5 G$ de revenus d’intérêts nets, contre 2,4 G$ en 2019.
Néanmoins, le total des revenus d’exploitation de l’industrie a encore augmenté intelligemment au cours des deux dernières années, passant de 23,6 G$ en 2019 à 30,4 G$ l’année dernière. Et, bien que les dépenses aient également augmenté, les bénéfices d’exploitation ont bondi de 43,4 % par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, pour atteindre plus de 10,9 G$ en 2021.
Tous les principaux segments de l’industrie ont enregistré des gains au cours des deux dernières années, mais les entreprises de vente au détail ont fait les plus grands bonds. Pour elles, les bénéfices d’exploitation ont effectivement doublé pendant la pandémie – passant de 615 G$ en 2019 à plus de 1,2 G$ à la fin de l’année dernière. Rien qu’en 2021, les entreprises de détail ont vu leurs bénéfices d’exploitation annuels augmenter de 30,8 % alors que les revenus ont augmenté de 26,5 %, grâce à de fortes augmentations des revenus d’honoraires et de commissions.
Dans le secteur de la vente au détail, les entreprises « self-clearing » ont mené les gains de l’industrie en 2021, car elles ont vu leurs revenus augmenter de 39,1 % au cours de l’année. Les bénéfices ont augmenté de 31,9 %.
En revanche, les représentants du secteur du détail (retail introducers) ont vu leurs revenus augmenter de seulement 9,7 % en 2021 par rapport à l’année précédente. Les bénéfices ont néanmoins augmenté de 28,1 % par rapport à l’année précédente, car les entreprises ont réduit leurs frais d’exploitation de 6,1 %.
Cette réduction des frais d’exploitation va à l’encontre de la tendance générale de l’industrie à l’augmentation constante des dépenses. En 2021, les dépenses d’exploitation totales du secteur atteindront presque la barre des 11 G$, contre 9,5 G$ en 2019.
Pourtant, si les années de pandémie ont été bonnes pour le secteur de l’investissement, l’avenir pourrait être moins rose. L’importante épargne accumulée par les ménages pourrait être mise à contribution pour amortir les effets d’une inflation élevée et d’une hausse du coût du service de la dette.
Selon la dernière enquête de la Banque du Canada sur les attentes des consommateurs, les ménages s’attendent à dépenser environ un tiers de leur épargne excédentaire au cours des deux prochaines années.
En ce qui concerne la richesse des ménages, la résilience des évaluations des actions et la vigueur du marché de l’habitation posent des risques supplémentaires. La perspective de corrections des prix élevés de l’immobilier et des actifs financiers continue de planer.