L’incertitude liée aux marchés et les faibles taux qui en découlent et risquent de limiter les rendements poussent les conseillers à rechercher des produits dont les frais sont plus abordables afin de réduire les coûts pour leurs clients, ont déclaré des gestionnaires de portefeuille lors de la conférence Inside ETFs Canada qui se déroulait les 9 et 10 novembre dernier.
« Dans un monde où les rendements attendus seront très faibles, nous, les conseillers, devons être très attentifs au frein que nous créons par les frais que nous facturons », affirmait alors John De Goey, gestionnaire de portefeuille chez Wellington Altus Private Wealth, de Toronto.
Ce dernier s’exprimait lors d’un panel en compagnie de Linda Shick, vice-présidente senior et gestionnaire de portefeuille de Raymond James, et de Grant White, président d’Endeavour Wealth Management.
« À mon avis, nous n’avons même pas commencé à ressentir la véritable douleur que causera le coronavirus », déclarait John De Goey.
Les rendements d’un portefeuille 50-50 ne peuvent pas dépasser 3 % alors que les taux d’intérêt sont au plus bas et que les perspectives économiques sont incertaines, soulignait-il. Cela signifie qu’investir dans des fonds communs de placement dont les frais sont de 2,25 % signifie de consentir à ce que les trois quarts du rendement soient engloutis par les coûts.
Si de nombreux conseillers ciblent les clients à valeur nette élevée, notait-il encore, un grand défi consiste justement, selon lui, à servir les comptes ont la valeur est de moins de 500 000 dollars. Les conseillers doivent maintenir une expérience client fiable où ce dernier obtient encore de la valeur, mais qui permette également aux conseillers d’être payés adéquatement.
D’après lui, les conseillers pourraient être justifiés de facturer une prime pour leurs conseils – d’environ 1,2 % – lorsqu’ils vendent des produits à faible coût, notamment des fonds négociés en Bourse (FNB), qui maintiennent le coût global pour les clients bien en dessous de ce qu’ils paieraient pour des fonds communs de placement.
Grant White a renchéri en affirmant que le secteur était sous-performant en termes de valeur fournie par de nombreux conseillers. Dans sa pratique, il cherche donc à faire baisser les coûts des produits des clients grâce aux FNB, à des comptes de gestion distincts et à une collaboration avec les émetteurs en matière de frais.
« Si vous êtes raisonnablement concentré à travailler avec un groupe de fabricants de produits, ils pourraient être ouverts à la négociation », indiquait-il à cet égard.
À quoi s’attendre?
Les panélistes ont également discuté du positionnement des portefeuilles à un moment où les évaluations sont volatiles et où l’incertitude économique est profonde. Le S&P 500 a atteint des sommets records le 9 novembre en raison des données encourageantes concernant un vaccin pour la COVID-19.
Néanmoins, « nous sommes encore à une mauvaise nouvelle d’une baisse de 20% », prévenait Grant White.
Bien que les évaluations globales ne soient guère attrayantes, celui-ci assurait garder un œil sur les opportunités touchant les entreprises susceptibles de regagner du terrain une fois la pandémie terminée, comme dans l’industrie du voyage.
« Nous pourrions voir une situation semblable à celle des années folles », avec un afflux de l’argent mis de côté et qui n’attend que d’être déployé, illustrait Grant White. « Nous pourrions assister à un joli petit boom post-pandémique. Nous gardons un œil sur ce genre de possibilités et nous évaluons la situation afin de cibler des entreprises attrayantes ».
John De Goey a évoqué le risque de voir d’autres « grenades politiques » dans les mois qui précéderont l’investiture de Joe Biden comme président des États-Unis le 20 janvier. Les procès, même s’ils sont injustifiés, pourraient créer une incertitude sur le marché.
Linda Shick estime que les conseillers risquent d’être confrontés à des pressions sur les attentes des investisseurs en matière de performance après que les marchés aient rebondi de manière si spectaculaire cette année. Les conseillers devront expliquer la performance des portefeuilles en termes de risques et d’objectifs spécifiques, disait-elle.
Elle a également souligné que « beaucoup de changements de sentiment » sur les marchés en ce moment pourraient créer des opportunités dans les semaines à venir. Elle a déclaré qu’elle chercherait à augmenter sa pondération en matière de technologie, par exemple.