« Il doit d’abord prendre acte de l’état de l’économie et […] assurer la réalisation de leurs engagements au niveau des finances publiques », croit Alain Paquet, professeur titulaire en sciences économiques à l’ESG-UQAM et ancien ministre délégué aux Finances du Québec.
L’ancienne présidente du Conseil du Trésor et ministre des Finances du Québec, aujourd’hui conseillère spéciale du cabinet d’avocats Osler, Monique Jérôme-Forget, affirme pour sa part que le premier grand défi qui attend le nouveau venu concerne la promesse des libéraux d’ajouter de doubler en 10 ans le budget des dépenses en infrastructures, le faisant passer à terme à 125 G$.
« Le premier ministre a pris des engagements au niveau des infrastructures et également pour des budgets déficitaires pour les trois prochaines années, alors il devra décider comment il va échelonner ses infrastructures, sur combien d’années et comment ça va être fait », soutient-elle.
Plusieurs questions restent à élucider sur la promesse d’investissement en infrastructures. On se demande notamment comment serait divisé le coût, entre les provinces et le gouvernement fédéral.
Les deux soutiennent que le choix du ministre des Finances par Justin Trudeau tombe sous le sens. La longue feuille de route de Bill Morneau, comme hommes d’affaires et ancien président de l’Institut sur les politiques publiques C.D. Howe font de lui un candidat logique.
Monique Jérôme-Forget l’a déjà rencontré à plusieurs reprises et affirme que Bill Morneau n’a pas de préjugé envers les Québécois.
« Il y a une forte représentation du Québec au sein du caucus et au niveau du parlement, alors c’est clair qu’il devra être attentif [aux demandes] du Québec, à mon avis », croit-elle.
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Contre la commission unique
L’enjeu de la commission des valeurs mobilières unique pour le système canadien, porté par l’ancien gouvernement, refait surface.
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Estimant que le projet est supporté par le milieu financier canadien, qui y voit une opportunité d’abaisser les coûts, Monique Jérôme-Forget est toujours convaincue que cette commission unique ne doit pas voir le jour.
« C’est [la commission des valeurs mobilières] qui surveille. Plus vous êtes loin du voleur, moins il vous est possible de bien le voir, dit-elle. Je pense que c’est important de garder des commissions des valeurs mobilières proches de ce que j’appelle des déviants, donc proches du secteur. »
Bill Morneau ne s’est pas encore prononcé sur le sujet. Cependant, les deux intervenants s’attendent à ce que l’industrie financière ramène le dossier à l’avant-plan.
« Au lieu de faire un débat de contenant, on devrait faire un débat de contenu pour améliorer le système, croit Alain Paquet. Je pense que monsieur Morneau peut avoir un regard plus frais [que ses prédécesseurs] sur ce dossier. »
D’ailleurs, pour lui, la promesse du retour de la cotisation maximale annuelle du CELI à 5 500 $ ne devrait pas être une mesure prioritaire pour le gouvernement nouvellement élu, jugeant que cette promesse est « symbolique » et qu’elle peut être mise « sur la glace pour le moment ».