Une élection qui a peu changé la façon dont les Canadiens sont gouvernés n’aura pas non plus beaucoup d’impact sur les marchés obligataires, selon les économistes, car la politique monétaire devrait suivre une trajectoire de resserrement à la mi-2022.
« Un certain degré d’activisme fiscal a probablement déjà été intégré dans les obligations souveraines canadiennes étant donné la similitude des programmes des partis », a écrit Rebekah Young, directrice de l’économie fiscale et provinciale chez Études économiques Scotia, dans une note de recherche.
Dans un « environnement de recherche de rendement » où environ 17 000 milliards de dollars américains (G$ US) d’obligations souveraines se négocient en territoire négatif, les écarts de taux canadiens sont restés serrés et sont toujours attrayants avec leurs rendements positifs, a-t-elle ajouté.
Le programme libéral vise à réduire les déficits et les besoins de financement à partir de 2022-23, a écrit Warren Lovely, directeur général et chef de la stratégie de la Financière Banque Nationale, dans un autre rapport. S’assurer du soutien du NPD pourrait entraîner des dépenses supplémentaires, mais il s’attend toujours à ce que le gouvernement fédéral s’éloigne du « pic d’émission ».
« L’offre d’obligations et [l’assouplissement quantitatif de la Banque du Canada (BdC)] ne sont peut-être pas explicitement chorégraphiés/coordonnés, mais il convient de noter que l’offre nette devrait s’alléger peu de temps après que la BdC entre dans la phase de réinvestissement de son programme d’achat d’obligations », a assuré Warren Lovely.
Il s’attend à ce que la banque centrale continue à réduire ses achats d’obligations cette année, avec une hausse des taux au second semestre de 2022, une perspective partagée par Douglas Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal.
Dans une note de recherche, ce dernier a déclaré que les perspectives de croissance économique et de déficits budgétaires sont fondamentalement inchangées après l’élection de lundi.
« Les dépenses supplémentaires ne modifient pas nos prévisions de croissance, mais elles suggèrent que la pression restera ferme sur le front de l’inflation, car la contrainte sur l’économie se situe du côté de l’offre, et non de la demande », a-t-il analysé.
Warren Lovely a fait remarquer que l’économie doit déjà composer avec l’épargne excédentaire des Canadiens en raison de la pandémie, un marché du logement tendu et des pénuries potentielles de main-d’œuvre. Des dépenses gouvernementales supplémentaires pourraient ajouter à la pression inflationniste, a-t-il précisé.
Rebekah Young a affirmé que les prix à la consommation devraient se stabiliser dans la fourchette de 3 % (moyenne ou haute) d’ici la fin de l’année. « Mais toute autre surprise, associée à des dépenses budgétaires supplémentaires, obligerait probablement la Banque du Canada à revoir le rythme de son resserrement monétaire », a-t-elle écrit.
Douglas Porter a également souligné la possibilité d’une augmentation des impôts de la part de ce nouveau gouvernement minoritaire. Alors que les libéraux ont promis d’augmenter les impôts sur le revenu des banques et des compagnies d’assurance, le NPD a demandé une augmentation des impôts sur les hauts revenus et les sociétés, ainsi qu’une augmentation du taux d’inclusion des gains en capital.
« Il semble que ce sont des domaines dans lesquels les libéraux pourraient être prêts à aller afin d’obtenir du soutien, a écrit Douglas Porter. En fait, il est notable que les changements fiscaux sont un domaine où les promesses des libéraux et du NPD se chevauchent. On pourrait donc conclure que le risque d’augmentation des impôts est plus élevé dans ce mandat minoritaire qu’il ne l’était dans le dernier. »