Les investisseurs institutionnels canadiens n’ont pas manqué de sujets de préoccupation en 2022 avec le conflit en Ukraine, les sanctions économiques contre la Russie, la montée de l’inflation, les perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, la sécurité énergétique et alimentaire, tous des événements interreliés.
Malgré la volatilité des marchés, la grande majorité (97 %) d’entre eux n’ont pas modifié leur approche d’intégration des facteurs ESG (environnement, société, gouvernance), même que plusieurs ont renforcé leur engagement, révèle l’Étude semestrielle sur le sentiment ESG des investisseurs institutionnels canadiens de Millani.
La firme de services-conseils a sondé 37 détenteurs et gestionnaires d’actifs représentant plus de 5 000 milliards de dollars canadiens.
Les fonds durables canadiens en hausse
Les flux mondiaux de fonds durables ont toutefois diminué de 36 % entre le dernier trimestre de 2021 et le premier trimestre de 2022. La baisse est néanmoins moins marquée que dans les flux de fonds du marché mondial qui ont chuté de 73 % au cours de la même période.
Au Canada, les flux de fonds durables ont mieux résisté, ayant augmenté de 13 %, selon les données de Morningstar.
Financer la transition énergétique
Face au conflit entre la Russie et l’Ukraine, les investisseurs sont devenus plus sensibles face à la sécurité énergétique et ils se questionnent concernant leurs investissements dans les combustibles fossiles et dans les entreprises du secteur de la défense.
Ils montrent par le fait même une plus grande ouverture face au financement de la transition vers la carboneutralité. Quand ils prennent des positions, ils souhaitent que les émetteurs fournissent des objectifs de réduction des émissions de carbone, une demande qui est bien reçue. En mai 2022, selon l’Institute for Sustainable Finance (ISF), le nombre d’émetteurs cotés à la Bourse de Toronto qui ont de tels objectifs a doublé, passant de 60 à 120, soit une augmentation de 52 % en un an.
La saison des votes par procuration
Elle a été particulièrement dynamique en 2022, les actionnaires faisant davantage entendre leur voix lors des assemblées annuelles des entreprises faisant partie de l’indice Russell 3000. Au total, il y a eu 924 propositions d’actionnaires liées à l’ESG cette année, comparativement à 837 en 2021 et 754 en 2020.
Selon Millani, cette augmentation pourrait être due à la décision de la Security Exchange Commission (SEC) d’autoriser un plus grand nombre de propositions environnementales et sociales alors que les entreprises pouvaient plus facilement les exclure selon une politique de l’administration Trump.
Les actionnaires ont aussi été sensibles envers la parité et la diversité au sein des conseils d’administration.
Les autres sujets d’intérêt pour les investisseurs institutionnels sont les changements climatiques, le capital humain et la biodiversité.
Par ailleurs, ils se sont dits déconcertés par la vitesse à laquelle les régulateurs s’engagent sur l’étiquetage des fonds ESG et envers les changements climatiques. Cela les oblige à une plus grande vigilance.