L’organisation internationale recommande essentiellement aux gestionnaires de fonds de bien connaître les risques de liquidité propres à leurs fonds et de surveiller constamment leur «profil de risque». Cela signifie de tenir compte de la catégorie d’actifs du fonds, du profil des investisseurs et de la taille du fonds comparativement au marché.
Parmi les principaux risques des fonds d’investissement, on compte celui de déséquilibre de liquidité entre les investissements et les conditions de rachat pour les unités ou parts de ces fonds. Le risque découlant de l’effet de levier dans ces fonds et des activités de prêts de titres financiers y figure aussi.
L’OICV énumère également des outils de gestion de liquidité, comme le swing pricing (l’ajustement des prix – à la baisse ou à la hausse – en fonction du volume de sortie ou d’entrée dans le fonds) ou l’imposition de frais supplémentaires pour le retrait d’une grande quantité de parts d’un fonds.
Au Canada, les fonds peuvent imposer des frais de rachat, suspendre les rachats ou même proposer un «rachat en nature» où le fonds céderait des actifs sous-jacents plutôt que de payer l’investisseur.
Balises réglementaires
Les recommandations ne sont pas très différentes des mesures avancées en 2013, sauf du côté des tests de stress. En effet, l’OICV reformule sa recommandation sur le sujet en précisant que les entités doivent surveiller leurs risques de liquidité d’une manière «continue» et en respectant les balises «réglementaires».
Au Québec, selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), des tests de stress sont effectués par les gestionnaires de fonds, notamment lors de la création d’un fonds. Ces tests ne sont cependant pas une obligation qu’impose ce régulateur.
«Les gestionnaires de portefeuille effectuent généralement des tests de stress sur une base régulière et font rapport des résultats aux gestionnaires de fonds. Divers organes de gouvernance établis chez le gestionnaire de fonds examinent les résultats des tests qui leur sont ainsi soumis», indique Sylvain Théberge, porte-parole de l’AMF, par courriel.
Petit risque de catastrophe
Sur la question des risques de liquidité des fonds d’investissement, Simon Carrier, chargé de cours en finance à l’Université Laval, précise que les fonds communs ne sont pas une source directe de risque de liquidité : «Les fonds communs sont des instruments d’investissement qui ne sont pas nécessairement à la source d’une crise de liquidité ; ils la subissent plutôt.»
Russell Wermers, professeur de finance à l’Université du Maryland, considère pour sa part qu’il y a un «tout petit risque qu’un événement énorme arrive», affirme-t-il en entrevue. Il voit le potentiel d’une crise, mais spécialement dans certains types de fonds qui investissent dans des actifs moins liquides. Les fonds de dettes d’entreprises ou les fonds d’obligations à haut rendement, par exemple.
Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont aussi au nombre des dangers potentiels. Pour Russell Wermers, les FNB sont une «wild card» dans l’équation. «Personne ne sait exactement ce qui pourrait arriver en cas de ventes massives de FNB, autant d’un point de vue théorique que pratique, avance-t-il. Les FNB sont des produits dérivés et c’est ce que les gens oublient. Leur prix est dérivé d’un actif sous-jacent, mais ce prix n’est pas nécessairement le même que celui dudit actif.» Il y a encore un point d’interrogation, selon lui, concernant les actions à prévoir en cas de panique de la part des «participants autorisés», soit les grandes banques d’investissement qui agissent comme «animateurs de marché».
Pour Simon Carrier, la plupart des FNB ne seraient pas confrontés aux mêmes problèmes de liquidité que les fonds traditionnels. «Les FNB sont souvent des fonds indiciels plus transparents. La valeur intrinsèque d’un FNB est souvent très près de sa valeur marchande. Dans les fonds communs, on veut profiter de l’expertise d’un gestionnaire. La composition du fonds n’est pas connue chaque jour. L’investisseur ne sait pas dans quel produit il investit.»
Sur les risques des FNB, l’AMF affirme que «bien malin celui qui pourrait prédire le comportement des FNB et les impacts qu’ils auraient sur les marchés, y compris leurs sous-jacents, en période de tension sur les marchés», affirme Sylvain Théberge. L’AMF prévoit participer aux travaux de l’OICV sur les risques que posent les FNB.