Pourquoi ces fonds qui jumellent des actions et des titres à revenu fixe sont-ils si populaires ?
Bénéfice comportemental
En 2010, Dan Hallett, vice-président et directeur, gestion des actifs, de HighView Financial Group, a écrit un article dans lequel il expliquait «l’avantage indéniable des fonds équilibrés».
Selon lui, un fonds équilibré que l’on a acheté procure souvent un meilleur rendement qu’un mélange de fonds individuels choisis par un investisseur pour se construire un portefeuille équilibré.
«Les fonds équilibrés ont un bénéfice comportemental important, explique-t-il. La volatilité des actions est moins ressentie dans ce type de produits, ce qui aide les investisseurs à éviter les ventes et les achats émotifs. Résultat, ils ont tendance à les conserver beaucoup plus longtemps.»
Dan Hallett a estimé qu’entre 1993 et le printemps 2007, les épargnants ont conservé leurs parts de fonds équilibré durant une période médiane de 7,6 ans. En comparaison, ceux qui avaient construit un portefeuille équilibré à l’aide de fonds l’ont détenu durant 6,2 ans.
Dan Hallett croit que cette patience accrue est payante.
Une étude de l’IFIC portant sur la période de 1993 à 2008 démontre en effet que les fonds équilibrés détenus à long terme rapportent davantage.
Le rendement annuel moyen pour cette période a été de 5,61 %, par rapport à 4,47 % pour les fonds d’actions et à 4,43 % pour les certificats de placement garanti (CPG).
Gestion tactique et dynamique
Fabien Major, associé principal de Major Gestion Privée, a lui aussi une préférence pour les fonds équilibrés, mais pour une autre raison.
«Ils sont souvent gérés par une équipe de haut niveau qui suit les événements sur le marché et qui peut réagir à la seconde à toute nouvelle positive ou négative», explique-t-il.
«Par exemple, j’ai appris récemment que de grands fonds ont retiré la couverture du risque de change en prévision d’un affaiblissement du dollar canadien, ajoute-t-il. Ces choses échappent habituellement aux conseillers, car ils ne font pas que suivre les marchés. Ils sont très occupés par leurs autres tâches.»
En fait, un conseiller n’a souvent ni les ressources ni le temps de modifier sa répartition d’actif selon les variations des conditions de marché, même pour faire une gestion dynamique. «Et s’il oublie de retirer la couverture du risque de change au moment propice, des clients pourraient le lui reprocher», note Fabien Major.
Avantageux pour tous ?
Charles-Étienne Giguère, planificateur financier et président du Groupe Faire, convient que les fonds équilibrés offrent le meilleur des deux mondes, avec une simplicité désarmante.
Cependant, il juge que ce produit s’adresse surtout aux investisseurs qui ont un portefeuille d’au plus 100 000 $. «Lorsque l’actif est plus élevé, les investisseurs ont accès à la gestion privée et s’attendent à une offre plus sophistiquée», souligne-t-il.
Pour répondre à ce besoin, son cabinet propose des portefeuilles équilibrés maison dont les rendements rivalisent avec ceux des fonds équilibrés disponibles sur le marché. «En gros, ces portefeuilles se composent de fonds qui affichent de bons rendements à long terme, qui battent l’indice de référence et dont les frais sont raisonnables», explique Charles-Étienne Giguère.
«Ces fonds se démarquent par rapport aux pairs, sont moins volatils que la moyenne et récompensent généralement le détenteur de parts en déviant de l’indice de référence», ajoute-t-il. Le cabinet assure un suivi et rééquilibre les portefeuilles au besoin.
Contrairement à Charles-Étienne Giguère, nos deux autres experts croient que les fonds équilibrés conviennent aux épargnants fortunés. «Il est vrai que ce produit peut paraître banal aux yeux des investisseurs bien nantis, remarque Fabien Major. Mais ce n’est qu’une perception, car si on leur offre un fonds performant, peu volatil, avec une formule de frais réduits, cela pourrait les convaincre.»
Fabien Major cite l’exemple du Fonds de revenu mensuel élevé Manuvie, qui a procuré un rendement annuel composé de 10 % sur 15 ans. En plaçant 1 M$ au début de la période de 15 ans, un investisseur aurait réalisé un gain de près de 3,2 M$.
Pour sa part, Dan Hallett croit qu’un fonds équilibré peut satisfaire les besoins des clients fortunés, à condition que les conseillers s’assurent d’obtenir un produit concurrentiel.
«Même si la solution semble simple, les conseillers peuvent justifier leur offre par le bénéfice comportemental, c’est-à-dire par le fait de ne pas avoir à anticiper les marchés», précise-t-il.