Les perspectives de croissance du gouvernement fédéral sont trop optimistes, selon un rapport de l’Institut C.D. Howe, et même un petit changement dans les hypothèses laisserait les Canadiens avec un fardeau de dette massif.

« Nous pensons que les hypothèses de croissance à long terme du budget fédéral sont optimistes, ont écrit les auteurs Alexandre Laurin et Don Drummond dans un rapport récent. Compte tenu de la quantité d’incertitude sur les perspectives, les hypothèses budgétaires ne peuvent certainement pas être écartées. Mais en penchant vers l’optimisme, elles ne fournissent pas une base solide pour la planification ; les plans basés sur des hypothèses trop optimistes mettent le pays en danger. »

Ne pas envisager des scénarios moins optimistes revient à « parier » sur l’avenir du Canada, ont-ils déclaré, en particulier à la lumière de la dette d’environ 500 milliards de dollars qu’Ottawa a accumulée pendant la pandémie.

Les hypothèses du scénario de base des auteurs du rapport se basent sur une croissance moyenne du PIB plus faible et des coûts du service de la dette plus élevés que dans le budget fédéral de 2021 du gouvernement libéral. Le scénario favorable du gouvernement est basé sur une croissance annuelle moyenne du PIB nominal de 4,1 % et sur un taux d’intérêt sur la dette publique qui augmente progressivement jusqu’à 3,3 % ; le scénario moins favorable utilise une croissance nominale de 3,9 % avec le même taux d’intérêt.

« La clé de ces projections est un différentiel favorable entre la croissance du PIB nominal et le taux d’intérêt, écrivent les auteurs. Cela imprime une poussée vers le bas au fardeau de la dette. »

Alexandre Laurin et Don Drummond affirment qu’« il ne faut pas tenir pour acquis que le différentiel entre la croissance et le taux d’intérêt restera toujours positif. »

Leur scénario de base utilise une croissance économique nominale moyenne de 3,50 % (croissance réelle de 1,47 %) et un taux d’intérêt de 3,49 %.

Le ministère des Finances prévoit que le ratio de la dette au PIB de 51 % en 2021 tombera au niveau de 30 % d’avant la pandémie en 2055 ; Alexandre Laurin et Don Drummond le voient plutôt grimper à 60 %. Le ratio combiné de la dette nette fédérale et provinciale pourrait atteindre 140 % à ce moment-là, soulignent-ils.

« Les choses pourraient se dérouler raisonnablement bien, comme dans le scénario du ministère des Finances, précisent-ils. Mais elles pourraient tout aussi bien, et peut-être même plus probablement, tourner mal. »