Bien que de nombreux investisseurs ont réussi à tourner la page sur 2020 en se trouvant dans une position bien meilleure que celles qu’ils anticipaient en début d’année, un rapport de Capital Group montre que le temps est peut-être venu de rééquilibrer les portefeuilles.
Les analystes de la société basée à Los Angeles ont fait la revue de plus de 4 000 portefeuilles de conseillers américains. Leur constat : les portefeuilles étaient fortement pondérés en actions américaines, en particulier des actions de croissance, et les obligations étaient devenues plus risquées.
La pondération des actions dans le portefeuille moyen était de 74 % d’actions américaines contre 26 % d’actions non américaines. Par comparaison, l’indice phare mondial ACWI du MSCI, qui couvre les actions à forte et moyenne capitalisation de 23 marchés développés et de 27 marchés émergents, affiche 58 % d’actions américaines contre 42 % d’actions non américaines.
Bien que les marchés mondiaux n’aient pas suivi le rythme des actions américaines ces dernières années, les auteurs du rapport recommandent d’ajouter une exposition internationale.
Même chose du côté des actions de croissance et de valeur. La récente surperformance des entreprises technologiques a conduit les investisseurs à se tourner vers la croissance. En 2017, les allocations étaient réparties de manière égale entre les catégories croissance, mixte et valeur, et selon le rapport ; l’année dernière, les allocations moyennes étaient de 35 % pour la croissance, 41 % pour le mixte et 25 % pour la valeur.
« En 2021, les professionnels de la finance devraient saisir cette occasion pour vérifier si les actions de leurs clients sont toujours en phase avec leurs objectifs à long terme, indique le rapport. Le message n’est pas d’éviter les actions de croissance, mais plutôt de s’assurer qu’elles n’ont pas dépassé la position et le rôle prévus dans le portefeuille. »
La société torontoise Purpose Investments a, pour sa part, analysé où investir cette année pour nourrir la partie croissance des portefeuilles. Alors que l’année dernière, le TINA (« il n’y a pas d’alternative » aux actions de croissance) était très populaire, l’analyste en investissement Nick Mersch a déclaré qu’il existe maintenant de nombreuses alternatives.
« Cela signifie qu’il faut détenir des technologies non mégacapitalistes, car la reprise s’étend aux petits acteurs du marché, qui, selon nous, surpasseront les performances relatives », a-t-il écrit. Cela inclut les sociétés de fintech, d’énergie propre, de semi-conducteurs et de jeux.
La recherche et le développement créent plus d’actifs incorporels et moins d’actifs corporels, ce qui fausse les mesures des bénéfices et la nature de l’investissement de valeur, a-t-il écrit.
« L’investissement de valeur dans la technologie devrait donc être recadré comme l’achat de quelque chose pour moins que sa valeur – et c’est bien de demeurer vigilant et voir si vous pouvez devancer les tendances séculaires », a déclaré l’analyste.
La troisième tendance relevée par le Capital Group dans les portefeuilles analysés est un glissement vers les obligations à risque. Au cours des deux dernières années, le portefeuille moyen est passé de 11,7% d’obligations destinées à maintenir un rendement supérieur à la moyenne du Trésor américain, à près de 20% l’année dernière.
Cette « chasse au rendement » a laissé de nombreux investisseurs mal préparés à la volatilité de 2020 à un moment où ils avaient besoin que leurs portefeuilles d’obligations brillent davantage », signale le rapport.
« Les investisseurs qui se sont opposés à cette tendance et qui ont tenu bon avec des fonds d’obligations de base de haute qualité ont été récompensés lorsque ces investissements ont fait exactement ce qu’ils étaient censés faire : préserver le capital et offrir une diversification par rapport aux actions. »
Si les actions ont rebondi rapidement, cela ne devrait pas donner aux investisseurs un faux sentiment de sécurité, selon le rapport.