Alors que plusieurs professionnels du milieu de la finance répètent de ne pas rivaliser avec la Fed (“Don’t fight the Fed!”), David Rosenberg, le fondateur de la société de recherche indépendante Rosenberg Research & Associates Inc., propose plutôt de se méfier des stratégies de la banque centrale.
D’après ce qu’il avance dans un article publié sur le Financial Post, s’il n’est pas inusité de voir la Réserve fédérale injecter des liquidités dans le système à la fin d’une récession, nous assisterions davantage en ce moment à une manipulation du marché.
David Rosenberg estime ainsi que la banque centrale américaine est en train de se transformer en fonds spéculatif. En ajoutant des crédits d’entreprises de faible qualité à son bilan, elle permet de maintenir en vie des « entreprises zombies », de rendre obsolètes l’analyse fondamentale et la détermination des prix, et de conduire à une mauvaise affectation des ressources.
Selon lui, les actions construites sur une culpabilité collective au niveau du gouvernement mettent en danger le caractère sacré du bilan de la banque centrale. « Il n’y a aucune chance que cela se termine bien », écrit-il dans l’article.
Il souligne ainsi le fait que l’allocation versée aux personnes qui ont perdu leur emploi en raison de la COVID-19 est parfois bien plus haute que le salaire que recevaient ces personnes. Le gouvernement songe maintenant à inclure une proposition de politique pour inciter les gens à retourner au travail, ce qu’il juge être une aberration.
Il critique aussi l’incohérence de fermer 80 % de l’économie. Selon lui, il est improbable de juger une aussi grande part du PIB comme non essentielle.
Il pense ainsi que la Fed a créé une bulle, particulièrement sur le marché du crédit aux entreprises. « Comment se fait-il que le géant de la location de voitures Avis Budget Group Inc. dont le bilan est jugé médiocre, ait pu voir ses 500 milliards de dollars sur cinq ans émis début mai, se négocier maintenant à 113 cents sur le dollar?, se questionne-t-il. Que dire de Ford Motor Co. qui a été mise à la casse en mars et qui a émis un billet à 10 ans en avril avec le soutien de la Fed, et qui se vend maintenant à 122 cents. »
Il en conclut que le marché est truqué et finit par rappeler que lorsque la bulle a éclaté au début des années 2000 la Fed n’a rien pu y faire.