Alors que la poussière commence à retomber sur l’implosion de la plateforme de cryptomonnaie de QuadrigaCX, à la suite d’un rapport publié en juin par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO), les experts espèrent que les investisseurs seront un peu plus lucides lorsqu’ils chercheront à utiliser de telles plateformes.
« Ne laissez pas de bitcoin sur une plateforme d’échanges. C’est la leçon que nous a enseignée le cas Quadriga, souligne Shaun Cumby, directeur des investissements de la société torontoise 3iQ Corp. Regardez avec qui vous traitez [et] ne supposez pas que, juste parce que quelqu’un est réputé transiger de l’argent, celui-ci est en sécurité. »
QuadrigaCX s’est effondrée en 2019, laissant plus de 76 000 investisseurs du Canada et du monde entier à découvert pour au moins 169 millions de dollars. Après une enquête de 10 mois, l’OSC a publié un rapport indiquant que la société de cryptomonnaies était en réalité une chaîne de Ponzi.
« Les clients ont confié leurs actifs à Quadriga, qui a fourni de fausses garanties que ces actifs seraient protégés, peut-on lire dans le rapport de la CVMO. En réalité, Gerald Cotton, le co-fondateur et PDG de Quadriga, a dépensé, négocié et utilisé ces actifs à sa guise. »
Dans certains cas, les personnes qui avaient recours à Quadriga croyaient que leur argent était en sécurité parce que Quadriga était une société financière canadienne censé garder ses actifs en sécurité, comme c’est le cas des banques. Cependant, laisser de l’argent sur une plateforme d’échange – n’importe laquelle – n’est pas toujours une bonne idée.
« Si vous alliez à la banque et que vous retiriez 10 000 dollars, laisseriez-vous l’argent sur le comptoir en disant : « Je reviendrai le prendre demain » ? La réponse serait bien sûr : non, illustre Shaun Cumby. Laisser votre Bitcoin sur une plateforme d’échange équivaut à laisser votre 10 000 $ sur le comptoir de la banque. »
Les plateformes de cryptomonnaies sont plutôt un lieu où les individus échangent simplement leur Bitcoin (ou autre monnaie cryptographique) contre de la monnaie fiduciaire ou vice versa. Le produit de l’échange doit être conservé dans un portefeuille numérique, martèle Shaun Cumby.
Un porte-monnaie électronique est un logiciel qui contient de la cryptomonnaie. Les portefeuilles peuvent être conservés sur un smartphone, un ordinateur ou d’autres appareils matériels. La cryptomonnaie peut également être détenue par un dépositaire, bien que Shaun Cumby souligne qu’une diligence raisonnable est nécessaire pour s’assurer que ces sociétés sont correctement capitalisées et réglementées.
Le portefeuille est relié à une clé privée qui est similaire à un mot de passe, qui sécurise la cryptomonnaie contenue dans ce portefeuille. Le portefeuille est « déverrouillé » lorsqu’une clé privée est utilisée avec une clé publique qui est visible sur la plateforme de la chaîne de bloc.
« Not your keys, not your coins » (pas vos clés, pas vos pièces de monnaie) est une maxime courante dans le domaine de la cryptologie monétaire et elle souligne le fait que pour détenir une cryptologie monétaire en toute sécurité, un individu doit avoir le contrôle des clés privées.
Bien sûr, certaines personnes considèrent la gestion de leurs propres clés comme « un cauchemar », affirme Dina Mainville, directrice des ventes pour le Canada, les Bermudes et les Caraïbes, de la société CipherTrace Inc. basée à Menlo Park, en Californie.
Lorsque des personnes délèguent cette tâche, elles prennent des risques car la réglementation des échanges est encore en cours d’élaboration.
C’est pourquoi, lorsque l’on envisage d’utiliser une bourse de cryptomonnaie, il est impératif de faire preuve de diligence raisonnable dans ses opérations, explique Dina Mainville. Elle suggère de parler aux propriétaires de plateforme de leur programme de gestion des risques, et de chercher à savoir si elle compte un agent de conformité parmi son personnel et quelles sont les exigences juridictionnelles de l’organisation.
Depuis le 1er juin 2020, par exemple, toutes les entreprise de services monétaires canadiennes effectuant des opérations de change ou le commerce de monnaie virtuelle, sont tenues de s’inscrire auprès du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE). Les particuliers doivent également examiner les pratiques de ces entreprises en matière de protection des actifs, ajoute Dina Mainville.
En effet, en ce qui concerne ces exigences, elle souligne que le rapport de la CVMO montre comment le secteur, et Bitcoin en particulier, évolue et se rapproche de la réglementation.
« [Le rapport de l’OSC] signifie simplement que la cryptomonnaie est en train de devenir une réalité », dit Dina Mainville, qui travaille également dans au sein de l’industrie avec la Travel Rule Information Sharing Alliance (TRISA), qui établit des normes pour les sociétés d’actifs virtuels et sécurise la transmission des données.
« Je pense que nous travaillons à la maturation de l’industrie et que la surveillance réglementaire est en cours », ajoute-t-elle.