À part une chute brutale à la fin février et au début du mois de mars, les actions ont à peine réagi à la COVID-19, note MoneySense dans un article récent. Le journal en vient donc à la conclusion que les investisseurs boursiers ne se soucient pas de l’actualité mondiale.

Force est de constater qu’ils n’ont pas tout à fait tort. Ainsi, depuis le 23 mars, les États-Unis ont signalé des milliers de nouveaux cas de coronavirus, montant le bilan à près de 108 000 morts, 1,8 million d’Américains infectés et plus de 40 millions de chômeurs, pourtant le S&P 500 a connu une hausse de 40 %, soit la hausse la plus rapide de l’histoire en 50 jours.

On aurait pu penser également que les événements récents qui ont été suivis par de nombreuses manifestations ou le message du président qui envisage de faire intervenir l’armée pour réprimer les manifestants dans un pays censé être démocratique auraient un impact. Mais de nouveau, c’est faux. Depuis la mort de Georges Floyd, le 25 mai, le S&P 500 a grimpé de plus de 4 %.

On peut ainsi noter que les décès, dus à une injustice ou à un virus, n’ébranlent pas l’économie dans son ensemble.

Mais ce n’est pas tout. Alors que l’année dernière les États-Unis étaient engagés dans une guerre commerciale avec la Chine, le S&P 500 a augmenté de 30 % en 2019. Depuis le 4 novembre 2016, il a augmenté de 50 % malgré la consolidation du pouvoir présidentiel en Chine, et la fin possible de la démocratie à Hong Kong, qui est un centre financier mondial majeur, le Brexit, les meurtres brutaux en Syrie et les menaces de guerre nucléaire de la Corée du Nord.

MoneySense en vient à la conclusion qu’il faut arrêter d’affirmer que le marché déteste l’incertitude. Les résultats laissent entendre qu’il se moque des présidents au pouvoir, des troubles sociaux ou des menaces de guerre.

Les investisseurs semblent même se moquer de savoir si les entreprises sont rentables ou non, la preuve : Shopify, la plus grande société canadienne en termes de capitalisation boursière, a annoncé une perte nette de 31,4 millions de dollars au premier trimestre.

« [Les gens] veulent que le marché fasse partie du débat. Ils veulent qu’il joue un rôle constructif dans le dialogue sur l’égalité raciale, ou du moins ils veulent qu’il baisse pour les temps troublés que nous vivons, mais ce n’est pas comme ça que ça marche… En fin de compte, le marché n’a pas de conscience. Les investisseurs essaient simplement de faire de l’argent… et qu’il soit bon ou mauvais, irréfléchi ou cérébral, il vaut la peine d’être exploité », comme le disait récemment Jim Cramer, dans le Mad Money.

Il est possible qu’un jour le marché devienne plus sensible, nuance toutefois MoneySense, puisqu’un nombre croissant de clients veulent investir dans des entreprises qui partagent leurs valeurs. Beaucoup se rendent compte maintenant que les entreprises qui prennent en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont plus rentables que celles qui s’en moquent.

De plus, de nombreux dirigeants de grandes entreprises prennent position contre la rentabilité pure et simple. La Business Roundtable, une organisation composée de certains des plus grands PDG du monde, affirme que l’entreprise ne doit pas se concentrer uniquement sur les actionnaires, mais aussi sur les clients, les employés et les communautés.

Toutefois, ce nombre ne représente pas une majorité et tant que la plupart des investisseurs de détail, des fonds de pension et des algorithmes (qui n’auront jamais vraiment de conscience) n’investiront pas dans les entreprises qu’ils voient comme « faisant du bien dans le monde » et ne déplaceront pas l’argent de celles qui ne le font pas, les marchés continueront à faire ce qu’ils veulent, indépendamment de ce qui se passe autour d’eux.