Depuis le début de l’année, le yuan, la monnaie chinoise, a cédé 6 % de sa valeur et les bourses dégringolent. Ainsi, Shanghai a cédé 15%, Shenzhen 20% et Hongkong 9%. Et même si depuis quelques semaines les actions de plusieurs entreprises comme Xiaomi (téléphonie), China Literature (multimédia), China Tower (immobilier) ou encore Tencent (internet) ont fortement chuté, le journal Le Temps estime que cela n’est pas lié à la guerre commerciale qui oppose les présidents Xi Jinping et Donald Trump.

Pour le moment, les experts asiatiques refusent de se montrer défaitistes. Ainsi, Prakash Sakpal, économiste pour l’Asie à la banque ING de Singapour, affirme que la baisse des exportations aux États-Unis de 2,2 % sur un mois serait davantage attribuable à un effet saisonnier qu’à la pression exercée par les États-Unis.

« Juillet est le mois le moins actif de l’année », déclare-t-il au quotidien suisse. L’économiste relève également que les droits de douane punitifs américains sur les produits chinois d’une valeur de 34 milliards de dollars (G$) ne sont entrés en vigueur que le 6 juillet dernier. Selon lui, les effets de ces droits de douane ne se feront sentir que plus tard dans l’année.

Pour ce qui est de la dépréciation du yuan, Prakash Sakpal estime qu’une monnaie plus faible est bonne pour les exportateurs. La dépréciation du yuan permet aussi de compenser la surtaxe aux États-Unis de 25 % sur les produits chinois.

Il ajoute cependant qu’un yuan faible pourrait se retourner contre l’économie chinoise dans la mesure où elle pourrait attirer des investissements dans des secteurs ayant déjà des capacités excessives.

Pas de guerre commerciale

Selon Samy Chaar, chef économiste à la banque Lombard Odier à Genève, il ne faudrait d’ailleurs même pas parler de guerre commerciale. Selon lui, cette pression commerciale sur la Chine serait la façon dont le président Trump procèderait pour obtenir des avantages.

« C’est la technique qu’il a utilisée vis-à-vis de l’Union européenne, qui a fini par accepter d’acheter du soja et du gaz liquéfié américains », illustre-t-il.

Selon l’économiste genevois, le président américain a justement besoin d’obtenir des victoires économiques et politiques avant les élections de mi-mandat de novembre.

Samy Chaar relativise également le ralentissement de la croissance chinoise annoncé aux troisième et quatrième trimestres de 2018.

« Il n’est pas lié aux droits de douane sur des marchandises d’une valeur de 34 milliards de dollars, ce qui est minime par rapport à l’ensemble des échanges. Un ralentissement contrôlé et programmé arrange les autorités chinoises, qui veulent éviter une surchauffe de l’économie », explique-t-il.