La banque régionale montréalaise a terminé sa vérification interne, mais les résultats doivent encore être audités par l’acheteur tiers. «Ça devrait être derrière nous d’ici quelques mois », espère le dirigeant.
En décembre dernier, l’institution financière dévoilait qu’elle pourrait devoir racheter jusqu’à 304 M$ de prêts hypothécaires vendus à un tiers, car ils n’étaient pas conformes aux critères du tiers. Le montant a été revu à la hausse après une enquête interne pour s’établir à 392 M$.
M. Desjardins a réitéré que la source de ce problème est liée à des documents manquants, ce qui faisait en sorte que les prêts vendus ne correspondaient pas aux critères requis par l’acheteur. La vérification interne faite par la Laurentienne n’a pas mis à jour des comportements problématiques de la part d’employés. Le banquier avoue ne pas savoir où le processus a fait défaut, mais avance que cela pourrait être dû au fait que les plus vieux prêts respectaient la documentation nécessaire à l’époque, mais pas celle demandée par l’acheteur.
La qualité du crédit n’est pas en cause, insiste-t-il. «La capacité de payer des clients n’est pas du tout un problème. On les aime, ses actifs. Ça ne nous dérange pas de les reprendre.»
Malgré le ton rassurant, l’affaire continue d’être une source d’inquiétude pour les investisseurs. Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux, reconnaît que le titre s’échange sous sa moyenne historique, mais il invite à attendre la fin de la vérification avant de saisir l’occasion. Il émet une recommandation «performance de secteur» et une cible de 55$. Des 10 analystes qui suivent le titre, 4 émettent une recommandation d’achat et six suggèrent de le «conserver».
D’autres analystes sont toutefois déjà prêts à passer à autre chose. Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, se dit rassuré que la Laurentienne se soit entendue avec la SCHL pour ne pas avoir à réviser l’entièreté du portefeuille. «Nous jugeons que le problème est contenu », écrit l’analyste qui recommande l’achat de l’action en raison d’une évaluation beaucoup moins généreuse que ses comparables. Sa cible est de 58$.
Syndicat
Au sujet des relations de travail, M. Desjardins a dit que les négociations en vue de signer la convention collective, échue en décembre, n’allaient pas «assez vite à son goût».
Le dirigeant accuse les représentants syndicaux d’avoir une vision «nostalgique» de l’industrie bancaire en se portant comme «les défenseurs des transactions bancaires en succursale». «Quand j’ai commencé à la caisse en 1991, il y avait des files en succursales, tous les jours, se souvient-il. Aujourd’hui, dans la grande majorité de nos succursales, personne n’attend. Les employés se demandent ce qu’ils vont faire le lendemain.»
M. Desjardins essaie de faire porter le blâme aux syndicats, répond Denis Fréchette, du syndicat des employés professionnels et de bureau (SEPB). Si les négociations s’éternisent, c’est parce que l’employeur est trop «gourmand» dans ses demandes, selon le responsable des négociations. «C’est facile de faire porter le blâme aux syndiqués, commente-t-il. Si l’action est tombée de 60$ à 48$, ce n’est certainement pas de la faute des syndicats, c’est peut-être que le plan de transformation ne marche pas si bien que ça. »
M. Fréchette rejette également l’idée que la partie syndicale protège des activités dépassées. «C’est complètement faux. On pense seulement qu’ils vont trop vite. Les gens s’attendent à avoir certains services (en succursale). Il faut s’ajuster et y aller progressivement. C’est sûr qu’on va vers une numérisation des services, mais il reste encore des gens qui ont besoin de ces services-là. »
Les partis ont convenu de ne pas discuter sur la place publique. Des rencontres avec la conciliatrice auront lieu en mai et en juin.
En attendant, ces délais retardent le plan de transformation pour la division des services aux particuliers, reconnaît M. Desjardins. L’objectif de convertir les postes cléricaux en des emplois liés aux conseils s’en trouve ralenti.
Par contre, cela ne freine pas le plan de transformation dans les autres divisions de la banque, nuance-t-il. Les services aux particuliers au Québec ne représentent qu’une partie des activités de la Banque Laurentienne, qui compte les services aux entreprises, la filiale B2B et les marchés des capitaux. Environ 85% du bénéfice est généré par des activités qui ne sont pas liées aux activités où les employés renouvellent leur convention collective.