À partir de données qui remontent à 1980, ils ont décelé une tendance nette des nouveaux gestionnaires – ou d’une nouvelle équipe de gestionnaires – à vendre plus rapidement les titres perdants achetés par leurs prédécesseurs.

De plus, les auteurs de l’étude concluent que tout comme l’épargnant moyen, les gestionnaires ont une certaine aversion aux pertes.

Ce «biais» classique de l’«effet de disposition» pousse les investisseurs à garder les titres perdants trop longtemps pour ne pas concrétiser des pertes, et à vendre trop rapidement des titres gagnants.

Selon les chercheurs, cette aversion aux pertes serait liée au fait que les gestionnaires ont de la difficulté à admettre leurs erreurs.

Incapables de vendre

En 2010, un autre chercheur américain, Gjergji Cici, a aussi constaté la présence de l’effet de disposition chez certains gestionnaires de fonds communs (http://tinyurl.com/oolopd7).

Il notait par ailleurs que le biais était plus prononcé dans les équipes de gestion que chez les gestionnaires individuels, ce qui l’a mené à remettre en question la gestion par équipe.

Enfin, trois chercheurs chinois ont récemment démontré que non seulement les gestionnaires avaient tendance à s’accrocher à des titres perdants, mais aussi, qu’ils réinvestissaient souvent dans ces mêmes titres (http://tinyurl.com/pv47vfp).

Ce serait le cas de 40 % des gestionnaires de fonds communs de Taïwan, soulignent les trois chercheurs dans un article publié cette année dans le Journal of Behavioral Finance.

Loin d’être une stratégie rationnelle basée sur une information privilégiée, ce biais aurait plutôt pour effet de diminuer les rendements de quelque 0,8 point de pourcentage en moyenne.

Les professionnels de l’investissement auraient également d’autres biais.

Noah Stoffman, professeur à la Indiana University, publiait avec des collègues en 2011 les résultats de ses recherches sur le biais de familiarité (http://tinyurl.com/pykse99).

«On présuppose depuis longtemps que les gestionnaires sont des investisseurs plus sophistiqués. Pourtant, on découvre qu’ils souffrent eux aussi de biais, même si c’est d’une manière moins prononcée [que les épargnants]», explique-t-il en entrevue.

Noah Stoffman et ses collègues ont étudié le comportement des gestionnaires de fonds communs américains de 1996 à 2009. Ils ont constaté que les gestionnaires avaient tendance à investir davantage dans des titres de sociétés établies dans l’État où ils sont nés.

Les titres «familiers» étaient surreprésentés de 2 à 14 % en moyenne dans la composition des fonds. Cette surreprésentation était plus élevée chez les gestionnaires plus jeunes et chez ceux qui pilotent de petits fonds, de même que chez les gestionnaires qui ont quitté leur État natal plus tard.

On pourrait penser que ce comportement est dû au fait que les gestionnaires connaissent mieux l’entreprise. Peut-être est-ce rentable d’agir ainsi…

«Ce n’est pas le cas, souligne Noah Stoffman. Au contraire, cette relative concentration géographique n’est pas bénéfique aux actionnaires et les expose à davantage de risque.»

Selon l’étude, les gestionnaires perdraient jusqu’à 0,41 point de pourcentage par mois sur la seule partie «familière» de leur portefeuille.