Les banques ont ou vont publier leurs résultats trimestriels cette semaine et il y a fort à parier que ceux-ci seront plus décevants que d’habitude surtout pour les actionnaires qui se sont habitués à une croissance régulière des bénéfices.
En février, les dirigeants des plus grandes banques canadiennes affirmaient qu’il était alors trop tôt pour présager le type d’impact qu’aurait la COVID-19 sur leurs activités, mais ce trimestre, les effets de la pandémie seront sans aucun doute bien visibles, selon le Financial Post.
Une mesure prise par les banques risque d’avoir un gros impact sur leurs résultats : le report des paiements des prêts. Pour éviter une vague de défaillances, les banques ont permis à plus de 700 000 Canadiens de sauter ou différer leurs paiements hypothécaires depuis le mois de mars. Cela représente environ 15 % du total des prêts hypothécaires des portefeuilles des grandes banques, selon l’Association des banquiers canadiens, on peut donc s’attendre à voir un effet sur les résultats trimestriels.
Lorsque ces mesures avaient été annoncées, on ne savait pas quel serait leur impact sur les résultats financiers. Ces questions étaient alors moins prioritaires que la prévention des faillites. Mais les hypothèques ont toujours été une source de profits importante pour les banques, il semble donc logique que ces reports aient un impact non négligeable sur les résultats financiers de ce trimestre.
« Une équipe est à l’œuvre à la SCHL, un assureur de prêt hypothécaire, pour aider à gérer la « falaise de report » croissante de la dette qui se profile à l’automne, lorsque certains chômeurs devront recommencer à payer leur hypothèque, affirme Evan Siddall, PDG de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Jusqu’à un cinquième de tous les prêts hypothécaires pourraient être en retard si notre économie ne s’est pas suffisamment redressée. »
Certaines petites institutions qui ont déjà déclaré leurs revenus, ont vu une « large bande » de clients demandant des reports, et pas seulement les plus en difficulté financière. Certains clients décident donc de reporter leurs paiements pour préserver leur argent ou simplement parce que c’est possible.
« Il ne fait aucun doute que le marché hypothécaire connaîtra quelques difficultés, a déclaré Jeremy Rudin, le surintendant des institutions financières du Canada, à la Commission des finances jeudi dernier. Il est trop tôt pour dire que tous ces reports vont se transformer en impayés. Il y a certainement des personnes qui ont demandé des reports qui pourront être à jour, mais il y en aura certainement d’autres qui ne le pourront pas. »
Gabriel Dechaine, analyste financier de la Banque Nationale, a prévu au début du mois que le ratio moyen des fonds propres ordinaires de catégorie 1 des six grandes banques – une mesure du capital de haute qualité que les prêteurs détiennent par rapport à leurs prêts – tomberait à 11,3 % à la fin avril. Ce ratio serait en baisse par rapport aux 11,6 % de la fin janvier, mais toujours bien supérieur au minimum réglementaire de 9 %.
Les analystes s’attendent à ce que les bénéfices des banques soient sapés par les provisions pour pertes sur prêts et par le resserrement des marges de rentabilité. L’analyste de Canaccord Genuity, Scott Chan, a déclaré qu’ils prévoient une baisse de 51 % du bénéfice par action des six grands par rapport au trimestre précédent, ce qui est similaire à ce que les banques régionales américaines ont déclaré.
Toutefois, si les résultats seront plus décevants que d’habitude, ce ne sera pas au point qu’une des six grandes banques soit susceptible d’enregistrer des pertes, estime le Financial Post.