Avec l’accélération du rythme des départs à la retraite, l’impact de la population vieillissante du Canada sur la main-d’œuvre devrait s’intensifier dans les années à venir. L’augmentation de l’immigration devrait contribuer à compenser cette tendance, mais il sera essentiel d’assurer une bonne adéquation des compétences, selon les Services économiques TD.
Dans un nouveau rapport, les économistes de la banque ont examiné l’impact croissant de la démographie sur l’avenir économique du Canada.
« Avec chaque année qui passe, ce train lent s’intensifie, promettant de laisser une marque massive sur les habitudes de consommation, les coûts des soins de santé du gouvernement et le développement du logement, indique le rapport. Mais l’effet le plus aigu des personnes qui quittent leurs meilleures années de gain et entrent en retraite sera sans aucun doute sur la disponibilité des travailleurs et sur toute inadéquation des compétences aux besoins des employeurs qui en résultera. »
Récemment, les départs à la retraite ont pris du retard par rapport au vieillissement sous-jacent de la population, note le rapport.
« D’après nos calculs, la volonté des Canadiens de 60 ans et plus de rester dans la population active s’est traduite par près de 1,1 million de travailleurs de plus que ce qui aurait été le cas si les taux de participation du début des années 2000 étaient restés constants », indique le rapport.
Il cite un certain nombre de facteurs expliquant le ralentissement du rythme des départs à la retraite, notamment l’amélioration de la santé des travailleurs âgés, la fin de la retraite obligatoire dans diverses provinces et l’augmentation des emplois dans le secteur des services.
Plus récemment, la pandémie, la hausse de l’inflation qui en a résulté et la baisse de la valeur des actifs financiers ont certainement retardé les départs à la retraite, les travailleurs étant confrontés à une incertitude accrue quant à la suffisance de leur épargne-retraite.
« Compte tenu de l’augmentation du coût de la vie et de la volatilité des marchés financiers, des raisons cycliques à court terme et structurelles à plus long terme peuvent expliquer l’augmentation tendancielle de la participation au marché du travail des cohortes plus âgées », indique le rapport.
Toutefois, il note également que certains signes indiquent que les départs à la retraite commencent à s’accélérer.
« D’ici 2025, nous nous attendons à voir le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus augmenter d’un million, lit-on dans le rapport. Sur la base des taux de participation actuels, cela signifie que près de 900 000 travailleurs quitteront leur emploi au cours des trois prochaines années. Cela représente une augmentation de 50 % du nombre moyen de retraités chaque année par rapport à la moyenne des dix dernières années. »
Cette tendance posera un défi de plus en plus grand aux entreprises canadiennes, car la préférence pour la prolongation de la vie active chez certains travailleurs « ne peut que ralentir et non compenser la réalité d’un nombre de plus en plus grand de travailleurs qui passent à des cohortes d’âge plus élevées où les taux d’activité diminuent fortement. »
Les gouvernements cherchent à atténuer l’impact de cette tendance en subventionnant les garderies pour faciliter une plus grande participation à la population active, et en augmentant les objectifs d’immigration.
Cependant, les entreprises n’ont pas seulement besoin de plus de travailleurs, elles ont besoin de plus de travailleurs ayant les bonnes compétences, précise le rapport.
« Avec un si grand nombre de travailleurs âgés devant être remplacés par des jeunes, les entreprises pourraient être confrontées à un déficit d’expérience et de connaissances institutionnelles », spécifie-t-il.
Il sera de plus en plus essentiel de faire correspondre les compétences des travailleurs aux emplois disponibles.
« Même si des objectifs élevés en matière d’immigration permettront à la population en âge de travailler de compenser la vague de retraités, s’assurer que la main-d’œuvre canadienne possède les compétences nécessaires pour occuper les emplois demandés par les entreprises sera un défi déterminant pour l’économie », prévient le rapport.
Ce dernier appelle donc à l’action politique.
La reconnaissance des titres de compétences et de l’expérience acquis à l’étranger est essentielle à l’intégration « harmonieuse » des nouveaux Canadiens sur le marché du travail.
« Le temps est venu de ne pas céder à la tentation de briser les barrières dans tous les domaines du marché du travail, conclut le rapport. Le vieillissement de la population actuelle du Canada ouvre la voie aux changements structurels nécessaires pour faire venir, intégrer et soutenir tous les Canadiens actuels et futurs. »