Un de ces sites de conseil automatisé, Betterment, leur rend la monnaie de la pièce. Il affirmait récemment que «les conseillers financiers nuisent à votre santé financière». Rien de moins !

D’autres firmes comme Wealthfront, Jemstep et FutureAdvisor offrent des services-conseils de placement et de répartition de portefeuille, avec rééquilibrage trimestriel. Certaines, telle Wealthfront, ont accumulé un actif sous gestion de plus de 500 M$ US.

L’actif des clients de ces sites est réparti dans divers portefeuilles selon les critères habituels : âge, objectifs, tolérance au risque.

La plupart des conseils et sélections présentés en ligne sont gratuits. Toutefois, le client peut avoir accès aux services d’un conseiller en déboursant certains frais variables.

Les frais de gestion sont, en règle générale, peu élevés. Par exemple, Jemstep facture 17,99 $ US par mois pour un portefeuille dont la valeur s’établit entre 25 000 et 150 000 $ US.

Offre plus large

Au Canada, WealthBar Financial Services entend proposer un service plus sophistiqué et plus global qui comprendra un volet de planification.

«Une partie du conseil sera automatisée. Par exemple, la partie qui indique le montant d’épargne à accumuler dans son REER jusqu’à la retraite», précise Tea Nicola, présidente et fondatrice de l’entreprise de Vancouver.

«Cependant, dès qu’un client voudra aller plus loin, un conseiller interviendra, que ce soit par téléphone, par courriel ou par chat, ajoute-t-elle. Il considérera des éléments un peu plus complexes, comme des points de fiscalité, d’assurance, ou le traitement de produits particuliers, comme un CELI.»

Ainsi, WealthBar compte agir dans une perspective de planification plus large que les firmes américaines.

«Les sites américains font beaucoup de plans partiels, comme épargner pour une auto ou pour des études, mais n’analysent pas les choses en fonction d’un portrait d’ensemble», juge Tea Nicola.

Les tarifs de WealthBar reflèteront cette approche plus complète, mais seront très concurrentiels, soutient sa présidente.

«On peut affirmer qu’ils seront parmi les plus économiques du Canada. Pour un portefeuille de 10 000 $, les frais annuels seront de 1 %. Pour un portefeuille de 250 000 $, ils s’établiront entre 0,5 et 0,7 %.»

Ce qui manque au démarrage de WealthBar, qui a déjà certaines activités en ligne, c’est l’approbation des autorités de réglementation de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de l’Ontario.

Multiplication des outils

L’initiative de WealthBar s’inscrit dans un marché où les services en ligne de conseil et d’orientation sont en croissance.

L’offre de WealthBar sera peut-être l’une des plus complètes, mais plusieurs autres sites offrent des outils assez sophistiqués.

Par exemple, SimulRetraite de la Régie des rentes du Québec (RRQ) est un outil en ligne qui permet d’établir les besoins d’épargne et les sources de revenu d’une personne à la retraite.

L’automne dernier, Standard Life a lancé son Baromètre d’action. La personne remplit un formulaire en ligne afin d’établir son profil d’épargnant à partir de cinq portraits-types : l’investisseur sophistiqué, l’accumulateur confiant, l’analyste prudent, etc.

L’établissement du profil d’épargnant vise à intervenir en amont de toute planification pratique.

«Au Canada, un grand nombre de personnes ne savent tout simplement pas par où commencer [pour assurer leur avenir financier] ni où elles se situent en tant qu’épargnant et investisseur», souligne Anna Del Balso, vice-présidente associée, veille de marché et d’affaires, chez Standard Life.

D’où la mise au point de ces profils qui relèvent de la psychologie comportementale.

Populaires auprès des jeunes

Les outils Web de la RRQ et de Standard Life ne cherchent nullement à remplacer le conseiller financier.

Par contre, les services automatisés en ligne aux États-Unis cherchent à marginaliser le conseiller.

Cela n’émeut guère Marc Lamontagne, associé au cabinet Ryan Lamontagne, d’Ottawa, qui a étudié le phénomène du robot-conseil.

«Je reçois régulièrement des appels de personnes qui veulent faire les choses par elles-mêmes, mais qui veulent obtenir un deuxième avis», remarque Marc Lamontagne.

«Elles sont, en règle générale, assez pingres, et veulent bénéficier du fruit de votre expérience pour 50 $. C’est le genre de clients que rejoindront ces sites en ligne.

«Leur nombre est assez faible au Canada et plus élevé aux États-Unis, ajoute-t-il. Mais je sais que le phénomène est en croissance.»

Pour l’instant, les sites Web recrutent surtout des clients auprès des jeunes, à l’aise avec l’univers Internet et dont les besoins de planification sont encore modestes.

C’est justement la raison pour laquelle Raef Lee, directeur de la recherche chez SEI Advisor Network, à Philadelphie, juge qu’il faut surveiller de près le phénomène du robot-conseil.

«Les robots-conseillers engendreront des attentes de réduction des frais, surtout chez les investisseurs plus jeunes», écrivait-il en octobre dernier sur le site Advisor Perspectives.

Ces sites augmenteront les exigences en matière de transparence de frais. Ils rejoignent la plus jeune génération qui est à l’aise avec les interfaces technologiques et qui, en vieillissant, continuera de fréquenter les mêmes sites de conseil.

Ces mêmes jeunes s’attendront à ce que ceux qui les conseillent les rejoignent avec les instruments qu’ils privilégient (médias sociaux, agendas électroniques en ligne, etc.).

Le robot-conseil est encore marginal, mais il pourrait rapidement devenir un agent de changement de la profession.