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Dans ce contexte, les institutions financières accentuent leur collaboration avec les fintechs à mesure que le paysage de la technologie financière évolue, que ce soit en tant qu’investisseurs ou par le biais de partenariats stratégiques, indique McKinsey & Company dans un rapport publié à la fin du mois de décembre.

Selon McKinsey Panorama, près de 80% des institutions financières ont conclu des partenariats impliquant des fintechs, une réalité qui a fait passer les investissements mondiaux dans le capital-risque de fintechs à 30,8 milliards de dollars (G$) en 2018, contre 1,8 G$ en 2011.

La fintech en quatre secteurs

McKinsey, considérant le fait que la fintech couvre une gamme de modèles différents, en identifie  quatre variantes distinctes, chacune opérant dans des créneaux et avec des modes opératoires différents.

Il y a d’abord les start-up, ces firmes qui se veulent souvent perturbatrices dans la mesure où, à l’aide de nouvelles approches et technologies, elles cherchent à construire des modèles économiques similaires à ceux des banques, mais en ciblant souvent un créneau ou un produit particulier. Leur principal défi étant le coût d’acquisition de clients.

Il y a ensuite les institutions financières établies qui investissent considérablement dans la technologie pour améliorer les performances, faire face aux menaces concurrentielles et saisir les opportunités d’investissement et de partenariat.

Puis, sont identifiées les technologies financières en tant qu’écosystèmes orchestrés par de grandes entreprises technologiques qui offrent des services financiers à la fois pour améliorer les plateformes existantes et pour monétiser les données ou les relations des utilisateurs actuels. En raison du très haut niveau d’engagement de ces plateformes technologiques auprès de leurs utilisateurs, elles bénéficient souvent d’un avantage en termes de coût d’acquisition client.

Finalement, McKinsey identifie les fintechs en tant que fournisseur d’infrastructure vendant des services aux institutions financières pour les aider à numériser leurs technologies et à améliorer la gestion des risques et l’expérience client.

McKinsey est d’avis que l’avenir de ces différents types de fintech se développera de manière distincte et qu’ils seront tous confrontés à des obstacles très différents. Ainsi, les fournisseurs d’infrastructure réussissent ou échouent souvent en fonction de leurs produits ou de leurs capacités techniques, alors que les entreprises en phase de démarrage axées sur le consommateur sont généralement confrontées aux coûts d’acquisition client, illustre la firme dans son rapport.

Les tendances mondiales

McKinsey & Company identifie finalement dans son rapport 10 tendances mondiales qui marqueront le développement de la fintech. En voici quelques-unes :

1) En raison de la complexité de la réglementation au sein des pays et des régions, la firme de technologie financière va émerger et croître de manière différente d’une région du monde à une autre, et tardera à se développer dans un contexte mondial.

« En Chine, où la réglementation a été plus accommodante, les écosystèmes ont été formés par des géants technologiques tels que Ant Financial, qui sont directement entrés dans le secteur et restructurent de nombreux secteurs financiers, notamment les paiements numériques, les prêts et la gestion de patrimoine et de biens », illustre le rapport. Aux États-Unis et en Europe, où les exigences réglementaires sont plus importantes et les offres bancaires bien établies, le développement des grands acteurs de la technologie s’est effectué de manière plus fragmentée et ceux-ci se sont pour la plupart limités aux offres de paiement et à certaines offres de prêt à petite échelle.

Aujourd’hui, ces firmes qui sont parvenues à établir une présence régionale envisagent une expansion internationale, mais pour parvenir à pénétrer de nouveaux marchés, elles doivent notamment s’adapter aux réglementations gouvernementales et acquérir une compréhension claire des variations régionales. Ainsi, dans le secteur du transfert d’argent, l’approbation réglementaire obtenue dans un pays de l’UE peut être délivrée dans les autres pays de l’UE, ce qui permet à des entreprises en démarrage de paiements transfrontaliers, par exemple WorldRemit et TransferWise au Royaume-Uni, de s’étendre dans les pays européens voisins alors que pour elles, traverser l’Atlantique nécessite des investissements réglementaires supplémentaires, illustre McKinsey & Company. Dans ce cas, puisque les licences requises diffèrent souvent d’un État américain à l’autre, une expansion américaine s’avère plus lourde pour les opérateurs européens. À l’inverse, les opérateurs de transfert d’argent aux États-Unis, par exemple Xoom et Remitly, arrivent plus lentement en Europe et ne fonctionnent pas encore en Asie.

2) Bien que l’intelligence artificielle (IA) soit une évolution significative et très prometteuse, elle ne représente probablement pas davantage une évolution qu’un grand saut dans les nouvelles sources de données et méthodes pour les fintechs, estime McKinsey & Company. Ainsi, si le « bourdonnement qui entoure les applications d’IA dans la fintech est intense, […] à ce jour, peu de cas d’utilisation autonomes ont été redimensionnés et monétisés ». Le rapport évoque plutôt des techniques de modélisation plus avancées telles que l’apprentissage automatique, complétant l’analyse traditionnelle. Au moins à court terme, les approches de modélisation totalement nouvelles ou les algorithmes les plus complexes demeureront des éléments moins caractéristiques du recourt à l’IA, que la capacité de combiner des analyses avancées et des sources de données distinctives aux marqueurs traditionnels.

Ainsi, bien que de nombreux souscripteurs de crédit déclarent utiliser l’IA pour analyser d’importantes sources de données alternatives, allant des numéros de téléphone mobile aux activités sur les réseaux sociaux, ils n’ont pas encore remplacé les méthodes classiques de souscription de crédit. McKinsey & Company constate que dans de nombreux cas, les marqueurs traditionnels, tels que l’historique des remboursements, demeurent encore de meilleurs prédicteurs de la solvabilité que le comportement des médias sociaux, en particulier sur les marchés où les antécédents de crédit sont bien établis, illustre le rapport.

3) Bien que la technologie de pointe soit fascinante, sa complexité et le fait que la demande la concernant n’ait pas été testée peuvent entraîner de longs délais avec peu de possibilités de valider un éventuel modèle commercial. Pour cette raison, les start-up réussissent souvent sans utiliser une technologie entièrement nouvelle, et parmi elles, les plus performantes se révèlent davantage « des machines d’exécution qui fournissent rapidement des produits innovants, assorties de campagnes marketing numériques dynamiques ».

L’exemple de TransferWise, une entreprise numérique dédiée au transfert d’argent transfrontalier est évoquée. Dans un marché traditionnellement dominé par de grands opérateurs historiques tels que Western Union, cette firme a effectivement construit son succès en ayant recours à des principes de paiement traditionnels plutôt qu’une réinvention utilisant les dernières technologies, par exemple des solutions basées sur les chaînes de blocs.

4) « Les interfaces simples, la facilité d’utilisation et les fonctionnalités gratuites ne sont plus synonymes de modèle commercial viable », indique McKinsey & Company. Dans ce contexte, puisque la plupart des institutions financières ont transformé l’expérience de leurs utilisateurs en offrant une fonctionnalité mobile complète, les firmes de technologies financières ne peuvent plus se limiter à leur application pour acquérir et conserver une clientèle.

5) Si les institutions financières traditionnelles ont mis du temps à réagir aux perturbations apportées par la fintech, et que plusieurs ont commencé par tester des offres numériques dans des activités non stratégiques ou des zones géographiques spécifiques, les banques de détail ont mené la charge en mettant à niveau les expériences numériques afin d’intégrer la fintech dans leurs produits conventionnels. Par exemple, Wells Fargo a récemment ajouté une fonctionnalité bancaire prédictive qui analyse les informations de compte et les actions des clients afin de fournir des conseils et des informations financières sur mesure.

6) Un nombre croissant d’institutions traditionnelles et de fintech réalisent les avantages de la combinaison de forces dans des modèles de partenariat. Dans ce contexte, McKinsey & Company s’attend à ce que les partenariats et les acquisitions augmentent en conséquence.

D’un côté, de nombreuses fintechs, qui atteignent leur point de saturation dans leurs canaux de marketing numérique, recherchent activement des partenariats pour développer leurs activités. Leur apport consiste notamment en une plus grande rapidité et tolérance au risque, ainsi qu’en une flexibilité pour réagir aux changements du marché. Pour leur part, les institutions financières traditionnelles apportent notamment de vastes ensembles de données clients, accumulés sur de longues périodes, ainsi que des compétences en matière de conformité et de réglementation.