La montée des troubles géopolitiques présente des risques croissants pour le crédit mondial, indique Moody’s Investors Service dans un nouveau rapport.
L’agence de notation estime que la fragmentation géopolitique accrue, découlant d’événements tels que l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et les turbulences du commerce mondial dans un contexte de montée du protectionnisme et de perturbations de la chaîne d’approvisionnement intensifient les risques de crédit.
« La géopolitique peut perturber la stabilité économique, financière, institutionnelle et politique et peut affecter directement le crédit », précise Kelvin Dalrymple, vice-président et responsable du crédit chez Moody’s, dans un communiqué.
Selon Moody’s, les risques de crédit augmentent dans plusieurs domaines clés en raison de la fragmentation accrue, notamment les perturbations commerciales, la coordination de la sécurité, les questions financières transfrontalières, la politique en matière de changement climatique et les schémas de migration.
Par exemple, les problèmes actuels de la chaîne d’approvisionnement poussent les pays « à une plus grande autonomie ou à la délocalisation dans des domaines allant de la santé à l’alimentation en passant par l’énergie, ce qui peut réduire l’efficacité, augmenter les prix ou limiter la disponibilité, ce qui nuit à la consommation, au bien-être et à la croissance ».
L’agence de notation s’attend également à ce qu’une approche de plus en plus fragmentée de la sécurité mondiale pèse sur les finances.
« Plusieurs États souverains vont probablement augmenter leurs dépenses de défense et devenir plus autonomes en matière de sécurité. Cela aura pour effet d’augmenter la dette ou de détourner des ressources de projets susceptibles d’améliorer le crédit dans les domaines de l’éducation, de l’infrastructure et de la protection sociale », ajoute-t-elle.
Moody’s s’attend également à un manque de coordination dans les efforts de lutte contre le réchauffement climatique entre les pays qui produisent le plus d’émissions de gaz à effet de serre et les pays qui souffrent le plus des effets du changement climatique.
« Jusqu’à présent, les pays en développement n’ont reçu qu’une faible partie des financements qui leur ont été promis par les économies avancées pour faire face au changement climatique », note l’agence.
En outre, l’approche des pays en matière de migration mondiale peut nuire aux relations internationales, soulève le rapport.
« L’accueil des réfugiés augmente directement les dépenses publiques, ce qui accroît les risques fiscaux et sociaux, prévient le rapport. Les pays se soucient également du traitement de leurs diasporas, ce qui peut accroître les tensions entre les pays d’origine et les pays d’accueil. »