ig0rzh / 123rf

Les gouvernements n’intègrent pas les impacts des changements du climat dans leurs politiques budgétaires, bien qu’ils devront un jour ou l’autre en payer le prix.

Des experts ont profité de la Journée de réflexion organisée par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques (CFFP) de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke pour exposer les défis financiers posés par les changements climatiques.

Ces derniers imposent un fardeau de plus en plus lourd sur les finances publiques. Les chaleurs extrêmes, les pluies diluviennes et les vents violents causent des dommages significatifs aux infrastructures, perturbant la production et le transport des marchandises. Ces événements, autrefois exceptionnels, deviennent la nouvelle norme, exigeant des ajustements majeurs dans les perspectives économiques et les politiques budgétaires des États.

Yves Giroux, le directeur parlementaire du budget (DPB) du Canada, a présenté une analyse à long terme de l’impact des changements climatiques. La hausse de 0,9 degrés de la température moyenne de surface entre 1981 et 2021 a entraîné une réduction de 0,8 % du PIB canadien en 2021. Si les projections à long terme intègrent désormais ces effets, les résultats sont alarmants. Selon le DPB, le PIB canadien pourrait être réduit de 2,4 % d’ici 2050 et de 5,8 % d’ici 2100 par rapport à ce qu’il serait sans les changements climatiques.

Les coûts ne se limitent pas aux impacts directs sur l’économie. Edward Crummey du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRF) a souligné l’impact considérable sur les infrastructures publiques. Une étude récente a révélé que, sans mesures d’adaptation, le coût d’entretien annuel des infrastructures en Ontario pourrait augmenter de 4,1 milliards de dollars (G$), soit un coût supplémentaire de 16 % chaque année. En adoptant une stratégie proactive d’adaptation, cette augmentation pourrait être limitée à 3 G$, mais nécessiterait des investissements initiaux substantiels.

Puisque les changements climatiques imposent des coûts supplémentaires significatifs aux budgets publics, les gouvernements doivent intégrer ces coûts dans leurs prévisions budgétaires et adopter des politiques d’adaptation efficaces pour atténuer les impacts futurs, pointe le document de synthèse. Pourtant, les décideurs politiques sont souvent réticents à agir en raison des coûts immédiats, même si les bénéfices à long terme sont évidents.

Les discussions lors de la Journée de réflexion de la CFFP ont également mis en lumière un manque de volonté politique pour intégrer les effets des changements climatiques dans les décisions budgétaires. Les gouvernements, souvent lents à réagir, doivent prendre des mesures plus vigoureuses pour expliquer et planifier ces impacts financiers.

« Pourtant, les changements climatiques risquent d’avoir des effets significatifs sur les finances publiques que ce soit en termes de revenus, de dépenses ou sur les infrastructures. La question n’est pas de savoir si on va payer pour contrer les effets des changements climatiques, mais c’est plutôt de savoir quand, combien et qui va payer. Par souci de transparence, les gouvernements ont le devoir d’informer la population sur le sujet », recommande le document de synthèse publié à la suite la Journée de réflexion.