« Je n’ai été ni surpris ni déçu, car je n’avais aucune attente », affirme Maxime Gauthier, directeur général et chef de la conformité chez Mérici Services Financiers.
Très impliqué dans l’industrie, cet avocat de profession participe à divers comités à l’Autorité des marchés financiers (AMF), à la Chambre de sécurité financière (CSF) et au Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ). Il estime que l’enjeu de l’incorporation n’a pas suffisamment « mûri » pour être intégré au projet de loi no 3 déposé le 20 octobre par le ministre des Finances, Éric Girard.
Lors du panel organisé par l’Association professionnelle des conseillers en services financiers (APCSF) à l’occasion de son récent congrès, Flavio Vani avait déploré le manque d’organisation du milieu. « Il faut nous rallier, tous ensemble », avait alors martelé le président de l’APCSF.
Selon Maxime Gauthier, Flavio Vani a raison. « Les conseillers ne sont pas suffisamment organisés en tant que groupe ayant un minimum de cohésion et d’homogénéité », dit-il.
Le directeur général de Mérici prend soin d’ajouter que les instances gouvernementales doivent arbitrer une foule de demandes venant de divers milieux.
« Le cheminement d’un dossier comme celui-ci prend du temps. Il faut être déterminé, patient, persévérant et ferme », affirme-t-il.
Déjà en 2016 …
La question de l’incorporation des conseillers en placement et en épargne collective mijote à feu doux depuis plusieurs années déjà.
Le site de Finance et Investissementcompte plus de quatre-vingts articles portant sur ce thème. Un éditorial publié en mars 2016 l’illustre bien. Intitulé Incorporation : le fruit est mûr, cet éditorial présentait l’incorporation comme un moyen d’obtenir meilleur contrôle de la rémunération et par là, un statut fiscal plus favorable à leurs détenteurs.
Cinq ans et demi après cet éditorial, l’enjeu de l’incorporation se fait sentir sur un plan plus large, celui de la relève.
« À l’heure actuelle, les jeunes conseillers en début de carrière ont toutes les peines du monde à obtenir des prêts bancaires pour l’achat de books d’affaires. Les banques ont de grandes réticences à financer des achats d’achalandage. En conséquence, les garanties demandées sont accrues et les taux d’intérêt sont élevés », constate Maxime Gauthier.
L’incorporation faciliterait les transferts intergénérationnels, poursuit le directeur général de Mérici. « Étant donné que l’incorporation permet de créer une société par actions, ces jeunes conseillers pourraient accroître graduellement leurs participations », dit Maxime Gauthier.
Le directeur général de Mérici ajoute qu’en incorporant la pratique, « le revenu disponible après impôt est plus important que s’il est perçu personnellement, ce qui permet d’affecter de plus grandes sommes au service de la dette contractée pour l’achat d’une clientèle. Cela fait toute la différence entre un dossier de relève qui tient la route et un qui n’est pas rentable pour le conseiller de la relève. »