Si certains ont pu se poser des questions en voyant les rênes de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) être confiées à une gestionnaire issue du secteur des ressources humaines (RH), il suffit de parler quelques minutes à Chantal Lamoureux pour comprendre pourquoi celle-ci a été choisie pour prendre la relève de Jocelyne Houle-LeSarge à titre de présidente-directrice générale.
« Ça peut avoir l’air drôle que quelqu’un qui vient du domaine des RH travaille pour les planificateurs financiers, mais planificateur financier, c’est avant tout une profession d’accompagnement », explique Chantal Lamoureux en entrevue avec Finance et investissement.
Elle estime que son nouveau rôle va lui permettre de mettre à profit toutes ses expériences et ses talents. « Plus de la moitié de ma carrière, je l’ai menée dans le milieu des services financiers. De plus, j’ai beaucoup œuvré en formation pour le développement des compétences et c’est vraiment le domaine qui m’interpelle », témoigne-t-elle.
Elle souligne également avoir travaillé auprès de plusieurs ordres professionnels, un statut auquel aspire l’IQPF depuis des années.
Un beau soutien
Si reprendre le flambeau de Jocelyne Houle-LeSarge n’est pas évident, Chantal Lamoureux souligne que le travail en amont pour assurer la transition a été très bien fait et qu’elle n’est pas seule dans ce processus.
« Je me sens beaucoup soutenue par Jocelyne Houle-LeSarge et par le conseil d’administration (CA) », témoigne-t-elle.
Sa prédécesseur ne la laisse pas seule. Cette dernière sera présente encore quelques mois pour assurer une période de transition.
« Mme Houle-LeSarge a fait beaucoup pour la planification financière. C’est un très bel héritage qu’elle laisse, elle a de quoi être fier de son legs et de l’ampleur de celui-ci, et la transition se fait avec beaucoup de générosité et d’une façon bien planifiée », précise Chantal Lamoureux.
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Ce lourd flambeau, Chantal Lamoureux le reprend en pleine pandémie de COVID-19, un obstacle à prendre en compte. Si effectuer la transition dans un tel contexte l’inquiétait au départ, elle a rapidement constaté le côté positif lié au changement.
« C’est le signe que, oui, bien que certaines choses n’aillent pas bien, la vie continue. Les humains, on est plus fort que ça », commente-t-elle.
Malgré la situation, elle a tout de même pu rencontrer certains membres de son comité de gestion en personne, en respectant évidemment les mesures sanitaires. Pour les autres, les rencontres se sont faites par le biais du numérique.
« Ça demande de l’imagination, mais les gens sont là. On communique et on réussit à faire avancer les choses, de façon différente, mais on le fait », précise-t-elle.
« Je pense qu’on est rendu à un moment où tout le monde a adopté les différents outils de collaboration à distance, ajoute-t-elle encore. Mais c’est sûr qu’on a très hâte de se voir tous en vrai. »
L’IQPF et la pandémie
L’IQPF s’est aussi rapidement adapté à la pandémie et a converti en virtuel ce qui se faisait normalement en classe. « Aucun planificateur financier n’a été privé de sa formation à cause de la pandémie », affirme Chantal Lamoureux.
La nouvelle PDG estime que si les annonces d’un prochain vaccin apportent de l’espoir, nombre de professionnels des services financiers continueront quand même en partie à faire du télétravail.
Selon elle, la pandémie est l’occasion d’amener l’apprentissage à un autre niveau, un projet qui lui tient à cœur. « C’est une belle occasion d’aller plus loin, d’essayer des choses différentes. En plus, ce qui est intéressant c’est qu’au Québec, il y a des entrepreneurs qui développent des plateformes pour l’apprentissage à distance très novatrices », s’enthousiasme-t-elle.
L’ordre professionnel toujours à l’ordre du jour
Nouvelle PDG, OK, mais cela ne signe pas la fin des dossiers historiques de l’IQPF. Chantal Lamoureux compte, elle aussi, faire progresser l’idée de convertir l’IQPF un ordre professionnel.
Le dossier est d’ailleurs toujours actif, rapporte-t-elle. L’Office des Professions du Québec étudierait actuellement une douzaine de dossiers visant la constitution d’un ordre professionnel. Récemment, ce dernier a toutefois changé la façon de présenter les dossiers et l’IQPF a dû refaire certaines étapes.
« On va s’activer et répondre aux demandes de l’Office, et continuer à travailler ce dossier afin de démontrer que, dans un esprit de protection du public, il est important que la profession de planificateur financier soit bien encadrée. Et que la bonne façon de le faire, c’est d’entrer officiellement dans le système professionnel québécois en étant reconnu comme un ordre professionnel », déclare-t-elle.
La littératie financière, un dernier cheval de bataille
Le troisième dossier qui lui tient particulièrement à cœur après la formation et l’encadrement de la profession par le système professionnel consiste à améliorer la littératie financière des Québécois.
À l’occasion de la semaine de la planification financière, l’IQPF a publié un sondage qui révélait que près de deux tiers des Québécois estimaient ne pas avoir toutes les connaissances nécessaires pour planifier adéquatement leur avenir financier.
Pour remédier à la situation, l’IQPF a déjà lancé plusieurs webinaires et campagnes durant la pandémie, une initiative que Chantal Lamoureux compte bien développer.
« L’argent, c’est souvent encore perçu comme l’un des derniers tabous. Même avec les gens qui sont très intimes avec nous, il est très rare qu’on parle d’argent, et cela, pour toutes sortes de raisons. Mais il faut en parler, il faut démystifier, pour que les gens se prennent en main. Une mission qui ne repose pas seulement sur les épaules de l’IQPF, mais je pense qu’on peut contribuer », conclut-elle.