Avec ses nouvelles normes de divulgations financières environnementales, l’International Sustainability Standards Board (ISSB), qui ouvrira prochainement ses bureaux à Montréal, espère sonner le glas de l’écoblanchiment.
En créant un « langage commun » pour comparer les entreprises entre elles, il deviendra plus facile pour les investisseurs de mesurer l’empreinte environnementale des entreprises et leur risque climatique, explique en entrevue Emmanuel Faber, président de l’ISSB, qui était en visite officielle au Canada, mardi.
« Ça va être la fin de l’écoblanchiment, prédit celui qui a dirigé le géant français Danone. L’écoblanchiment paralyse tout le monde. Parce que les gens qui veulent faire des progrès ne parviennent pas à se démarquer par rapport aux autres et les gens qui ne veulent pas bouger ont une bonne excuse pour ne pas le faire. »
La création de l’ISSB a été annoncée dans le cadre de la COP26 en novembre dernier. Sa mission est de créer des normes de divulgations financières environnementales qui seraient, espère le dirigeant, utilisées pour l’ensemble des entreprises à l’échelle mondiale.
L’ISSB est chapeautée par la Fondation IFRS, l’organisme sans but lucratif qui a créé les normes comptables IFRS. Le siège social de l’ISSB est à Francfort en Allemagne, mais elle aura également un bureau à Montréal, qui doit ouvrir à un moment encore indéterminé.
Les travaux de l’ISSB sont déjà bien entamés. À la fin mars, l’organisme a dévoilé deux propositions de règles de divulgation: la première pour les normes de développement durable, la deuxième pour les risques climatiques.
Une période de consultation aura lieu jusqu’au 29 juillet 2022. Les commentaires reçus seront par la suite analysés. L’organisme veut terminer la publication des normes d’ici la fin de l’année.
L’entrevue avait lieu au lendemain de la publication du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Le rapport conclut que l’humanité devra plafonner les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 et les réduire rapidement par la suite pour limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius.
Les démarches de l’ISSB arrivent-elles trop tard à la lumière du degré de l’urgence climatique? « Nous sommes tard, ça ne fait aucun doute, mais je ne crois pas qu’il soit trop tard », répond Emmanuel Faber.
Lutter contre les changements climatiques exige une mobilisation collective importante, souligne-t-il. Emmanuel Faber, qui est entré en fonction en décembre, estime que la mission de l’ISSB a suscité une grande mobilisation en seulement cinq mois d’existence officielle.
Des bureaux à Montréal
Lors de son lancement officiel en novembre, l’ISSB a annoncé qu’elle allait établir un bureau à Montréal. L’emplacement et le nombre d’employés qui y travailleront ne sont pas encore connus et dépendront des besoins de l’organisme qui est encore en démarrage, a précisé Mark Byatt, directeur des affaires externes de la Fondation IFRS.
Il espère ouvrir le bureau montréalais « le plus rapidement possible ». « Vraisemblablement, nous aurons un bureau temporaire avant de trouver l’emplacement idéal. »
Mark Byatt mentionne que la prochaine réunion du conseil d’administration de l’ISSB, qui est prévue à la fin juin, aura lieu à Montréal.
La métropole était un endroit tout indiqué pour établir le bureau nord-américain de l’ISSB, ajoute Emmanuel Faber. « C’est une ville où il y a une expertise dans la finance durable, dit-il. Nous allons profiter d’un écosystème vibrant, qui comprend un réseau universitaire. C’était important pour nous d’être à Montréal. »