Les gestionnaires devraient examiner leurs portefeuilles sous l’angle du climat alors que les gouvernements effectuent une transition vers une économie à faible émission de carbone, a déclaré l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.

Ce dernier, qui a également dirigé la Banque d’Angleterre, s’est exprimé lors de la conférence virtuelle de l’Association pour l’investissement responsable.

« Pensez à votre portefeuille d’investissement ou à votre portefeuille de prêts, à vos expositions actuelles », a déclaré celui qui est désormais vice-président et responsable des investissements ESG et des fonds d’impact chez Brookfield Asset Management.

Les investisseurs doivent réfléchir à l’aspect que prends leurs portefeuilles dans un monde où nous ne faisons rien et où le risque physique lié au changement climatique augmente, et dans un monde où nous nous attaquons au changement climatique pour limiter le réchauffement à 1,5 degré. « Certaines activités ont peu de chances d’être compétitives, a-t-il prévenu, et à quel point êtes-vous exposé ? »

L’année dernière, les marchés financiers mondiaux finançaient par l’entremise de leurs choix d’investissements, un monde qui sera de 3,25 à 3,5 degrés plus chaud. L’allure des portefeuilles seraient très différents dans un monde où le réchauffement climatique serait limité à 1,5 degré.

« Soutenez-vous les entreprises qui investissent pour réduire leur empreinte ? » a-t-il demandé. Tous les investisseurs devraient interroger les entreprises sur leurs projets d’émissions nettes nulles.

Entre-temps, les gouvernements doivent être clairs sur l’ampleur des changements nécessaires et sur les délais potentiels pour atteindre les objectifs climatiques, en particulier lorsque ces objectifs concernent une « transition juste » pour les travailleurs du secteur pétrolier et gazier.

« J’aurais tendance à surinvestir dans une transition juste plutôt que de me limiter à chercher à y arriver », a affirmé Mark Carney.

Les investissements évidents à faire immédiatement comprennent la capture et le stockage du carbone, qui rendent les industries canadiennes des combustibles fossiles plus compétitives, a-t-il analysé, et l’expertise développée en ce sens pourrait être exportée. « Tout cela est logique, et il est incroyablement important de concentrer les efforts sur ce début. »

Les gouvernements devraient également utiliser de vastes crédits d’impôt à l’investissement pour offrir de généreux incitatifs afin d’aider les entreprises et les travailleurs à faire la transition des industries polluantes, a-t-il ajouté.

En plus de travailler avec Brookfield, Mark Carney est l’envoyé spécial des Nations unies pour l’action et le financement en matière de climat. Il a également offert des conseils stratégiques au gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau, qui élabore un plan de relance économique à la suite de la pandémie de COVID-19. Il a pris la parole lors du congrès d’orientation du Parti libéral en avril, dans un contexte de spéculation persistante quant à la possibilité de le voir briguer un siège au Parlement lors des prochaines élections fédérales.