Cette idée fausse sous-entend qu’ils ne pourront pas faire d’importantes transactions d’achat et de vente sur de tels titres.
La croissance rapide du marché des FNB ces dernières années explique probablement ce genre d’idées reçues, croit Alain Desbiens, vice-président, Québec et Atlantique, FNB BMO chez BMO Gestion mondiale d’actifs.
« Cette expansion a haussé le nombre de FNB qui ont un actif sous gestion plus modeste. Par exemple, entre 2007 et 2011, le nombre de FNB est passé de moins de 50 à près de 250, alors que durant cette même période, le nombre de FNB qui avaient un actif inférieur à 100 M$ est passé de 27 à 173 », illustre-t-il.
BMO a également comparé le dernier jour de Bourse de 2009 à celui de 2011, en termes de parts négociées. Les FNB pour lesquels le volume de transactions a été inférieur à 10 000 parts sont passés de 106 à 191 pendant cette période. « Les nouveaux FNB répliquent de moins en moins des indices, mais ils sont de plus en plus spécialisés », constate Alain Desbiens.
Selon Alain Desbiens, beaucoup de conseillers observent la liquidité d’un FNB comme si c’était un titre individuel. « On oublie que les FNB sont des structures à capital variable et que leur liquidité est avant tout fonction de la liquidité de l’actif sous-jacent », explique-t-il.
Les titres détenus par les FNB étant connus, on n’a qu’à vérifier la liquidité des titres qui le composent. De même, les manufacturiers peuvent toujours corriger les déséquilibres entre l’offre et la demande en créant ou rachetant des parts de FNB.
Deux exemples
« Il existe deux grands niveaux de liquidité. Il y a d’abord celle qui est liée aux volumes quotidiens qui se négocient sur un FNB en particulier », explique Yves Rebetez, CFA et directeur général d’ETF Insight.
Si le FNB est bien établi, plus l’actif sous gestion est important, plus le nombre de parts échangées entre les acheteurs et les vendeurs risque d’être élevé. Le XIU en est un bon exemple. Lancé en 1999, le fonds iShares S&P/TSX 60 Index est composé des 60 titres les plus importants et les plus liquides du TSX. Son actif sous gestion est de 12,4 G$, avec plus de 630 millions d’unités.
« La liquidité globale d’un FNB a peu à voir avec le nombre de parts en circulation, ni avec son actif sous gestion. Même un fonds qui vient d’être lancé pourrait avoir une excellente liquidité si les actions qui le composent ont une capitalisation boursière importante », rappelle Yves Rebetez. C’est ce qu’il appelle le deuxième niveau de liquidité des FNB.
Par exemple, le FNB TXF de First Asset créé en 2011 a un actif géré de près de 50 M$, ce qui n’est pas énorme, quand on sait que le 25e FNB le plus important a un actif de 635 M$.
Le portefeuille du TXF est composé des 25 sociétés de technologie les plus importantes sur le plan de la capitalisation boursière inscrites à une Bourse nord-américaine. Parmi ces titres on retrouve Microsoft, Facebook, Twitter et Google. Le gestionnaire de ce FNB peut notamment faire des ventes d’option d’achat couverte (covered call) afin de générer une plus-value du capital.
« Ces quelque 50 M$ ne sont qu’une infime fraction des volumes négociés et de la capitalisation boursière des titres sous-jacents à ce FNB, explique Yves Rebetez. L’actif du TXF pourrait donc passer de 40 à 400 M$ en un rien de temps ou presque, vu la liquidité des titres qui le constitue. »
Sous-jacents moins liquides
Et si les actifs sous-jacents sont peu liquides, doit-on se méfier ? « Aucun manufacturier au Canada ne souhaite créer un FNB qui ne soit pas liquide. Les firmes qui ont fermé des FNB ces dernières années ne l’ont pas fait parce que leurs produits n’étaient pas liquides, mais plutôt parce qu’il y avait un manque d’intérêt pour ces derniers de la part des investisseurs », soutient Alain Desbiens.
La qualité de la liquidité des titres individuels joue un rôle important dans celle du FNB, nuance Yves Rebetez.
Ainsi, un FNB qui investit dans des titres de pays émergents ou de plus petites capitalisations, par exemple, pourrait être touché négativement par la faiblesse relative de la liquidité de l’actif sous-jacent. Dans le cas de FNB internationaux, il est conseillé de négocier les titres sous-jacents lorsque le marché est ouvert. Sinon, le prix affiché sera fonction d’un écart plus important qui reflétera cette absence de liquidité.
Selon Alain Desbiens, un FNB devrait avoir un écart entre le cours acheteur et le cours vendeur d’environ un ou deux cents. Dans le cas d’actif sous-jacent un peu moins liquide, cet écart pourrait atteindre tout au plus trois ou quatre cents.
Chez PWL, on s’abstient généralement d’investir dans des FNB dont l’actif sous-jacent est peu liquide.
« Nous préférons les produits qui couvrent une vaste part du marché. Si nous optons pour des produits plus spécialisés comme les obligations à rendements élevés ou les fonds de placements immobiliers et que le marché est volatil, nous opterons pour des ordres à cours limités, et s’il le faut, nous attendrons », note Raymond Kerzérho, directeur de la recherche de PWL Capital.
Un ordre à cours limité est un ordre d’acheter ou de vendre des titres uniquement à un cours donné ou à un cours supérieur. L’ordre ne sera exécuté que si le cours du titre atteint ou dépasse le cours fixé, selon l’Institut CSI.
« Cependant, on évitera à tout prix les ordres au marché. Il vaut toujours mieux donner un ordre à cours limité, même si on souhaite acheter au cours vendeur. Personne n’est à l’abri d’un krach éclair », avertit Raymond Kerzérho.
Appeler le manufacturier
Le conseiller qui trouve l’écart entre le cours acheteur et vendeur trop important peut très bien communiquer avec le manufacturier du FNB pour avoir des explications, rappelle Alain Desbiens.
Ce dernier prendra alors contact avec les mainteneurs de marché afin de voir s’il y a une raison particulière qui justifie cet écart, par exemple, lorsque les titres sous-jacents du FNB n’ont pas encore été négociés à l’ouverture des marchés.
« On conseille habituellement d’éviter de négocier durant les 15 premières minutes de même que pendant les 15 dernières minutes de la journée, puisque les positions sous-jacentes peuvent être plus volatiles », ajoute-t-il.
« Si on a des doutes sur la valeur du FNB, il vaut mieux jeter un coup d’œil à la valeur nette des avoirs du fonds (NAV) disponible quotidiennement sur le site des manufacturiers », souligne Yves Rebetez.