Le Québec n’a pas échappé aux difficultés du secteur bancaire canadien, en novembre. Le couperet est tombé une troisième fois au Mouvement Desjardins tandis que Manuvie a aussi licencié des employés.

Le Mouvement Desjardins a mis à pied une trentaine d’employés de deux caisses, à Québec et à Sherbrooke. Manuvie, pour sa part, a licencié 40 employés à Montréal.

Chez Desjardins, l’annonce a été faite aux employés à la mi-novembre et elle sera effective en janvier. La Caisse Desjardins du Nord de Sherbrooke perd ainsi 15 employés et la Caisse Desjardins du personnel municipal située à Québec met à pied 12 travailleurs.

Le Mouvement Desjardins a confirmé que ces licenciements s’ajoutent aux 400 mises à pied annoncées à la mi-octobre à Montréal et Lévis. « Ces décisions difficiles ont été prises après une réflexion de ces caisses sur leur structure interne, répond le porte-parole Jean-Benoît Turcotti. L’objectif n’est pas de supprimer des postes, mais plutôt de s’assurer de répondre aux besoins des membres et des clients. »

En juin, la coopérative avait également licencié 176 personnes à Montréal. Plusieurs autres institutions financières canadiennes ont aussi fait des mises à pied dans les derniers mois.

À la mi-novembre, le président et chef de la direction, Guy Cormier, avait expliqué, en entrevue, que les annonces de juin et octobre étaient attribuables au ralentissement économique. « Un ralentissement économique, ça va peut-être avoir un impact sur nos coûts, sur nos provisions et pertes sur prêts. Alors, c’est sûr qu’on regarde l’ensemble de l’opération. Il faut être vraiment vigilant. Il faut gérer rigoureusement nos coûts. »

Avec l’attrition, Desjardins dispose toutefois d’une certaine « flexibilité » pour éviter les pertes d’emplois. Entre 3000 à 4000 employés de ses 55 000 employés quittent l’entreprise chaque année pour partir à la retraite ou relever de nouveaux défis.

La coopérative continue de recruter dans certains secteurs, ajoutait Guy Cormier. « En sécurité, en intelligence artificielle, en technologie, nos centres d’appels, je pense à la croissance au niveau de nos compagnies d’assurance, il y a des endroits actuellement où on est en stabilité ou en augmentation. Puis, il y a d’autres endroits où on réajuste, tout simplement. »

Mises à pied chez Manuvie

Manuvie a également mis à pied 40 personnes à ses bureaux de Montréal, toujours en novembre, selon un avis de licenciement envoyé au ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

L’assureur avait annoncé à la mi-novembre qu’il supprimerait 250 emplois au sein de sa filiale Gestion de placement Manuvie à travers ses activités mondiales. Un porte-parole de l’entreprise a précisé que ses autres filiales ne sont pas touchées par l’annonce.

Le contexte est difficile pour le marché de l’emploi dans le secteur financier canadien. La semaine dernière, la Banque TD a annoncé qu’elle mettrait à pied 3 % de ses effectifs, ce qui représente près de 3100 employés. Le même jour, la CIBC a annoncé qu’elle inscrivait une charge de 114 millions de dollars à ses résultats pour tenir compte du fait qu’elle avait réduit ses effectifs de 5 %, ou 2300 emplois, au cours de l’exercice.

Pour le moment, la direction de la Banque Nationale, dont une importante part des activités sont au Québec, semble croire que les démissions et les départs à la retraite seront suffisants pour éviter les mises à pied au cours des 12 prochains mois.

Sa cheffe des finances, Marie Chantal Gingras, a mentionné, le 1er décembre, qu’elle n’anticipait pas de charge de restructuration pour l’exercice 2024 clos le 31 octobre. Lors de mises à pied importantes, les sociétés cotées en Bourse inscrivent des charges de restructuration à leurs résultats pour tenir compte des indemnités de départ.

« Nous avons été très clairs: une charge, ce n’est pas quelque chose que nous envisageons, assurait-elle lors d’une conférence avec les analystes financiers. Maintenant que nous entamons l’exercice 2024, nous sommes toujours dans le même état d’esprit. »