Éric Lapierre participait à une table ronde sur MRCC2, aussi connu sous son appellation anglophone de CRM 2, avec deux autres conférencières, soit Me Johanne Blanchard, vice-présidente adjointe et conseillère juridique, Services financiers Groupe Investors, et Me Marie Brault, directrice principale, Produits gérés, Légal, Gestion de patrimoine, chez Placements Banque Nationale.

Finance et Investissement – Qu’est-ce qu’on doit avant tout retenir de MRCC 2?

Éric Lapierre – Je crois que le défi sera plutôt technologique. Par exemple, le gestionnaire de fonds d’investissement devra donner de l’information au courtier pour que ce dernier puisse envoyer de l’information à son client. Lorsqu’on parle d’un seul courtier et de quelques clients, ça va, mais si on a affaire à la « Banque A » qui a plusieurs milliers de comptes, la situation se complique. Toute cette information passera par des fichiers de données, mais faut-il encore être capables de les traiter pour produire les relevés nécessaires. C’est plus complexe.

Finance et Investissement – Depuis janvier 2014, les conseillers doivent parler d’indices de référence avec leurs clients? Que doivent-ils faire exactement?

Éric Lapierre – Le conseiller devra donner une explication sur ce qu’est un indice de référence pour que les clients comprennent ce que c’est. Est-ce que c’était déjà fait dans l’industrie? C’est possible, mais ça devait dépendre du niveau de sophistication du client. Chez les clients plus sophistiqués, cette discussion avait peut-être déjà eu lieu. Par contre, chez ceux qui ont moins de connaissances en finance et qui se fient beaucoup à leur conseiller, ce qui représente probablement la majorité des clients, ce n’était peut-être pas le cas.

Finance et Investissement – Entre rapport sur le rendement des placements et rapport annuel sur les frais, le client ne risque-t-il pas de s’y perdre?

Éric Lapierre –
L’objectif de MRCC 2 c’est de permettre aux personnes inscrites et aux clients de recevoir de l’info claire et exhaustive au sujet de la rémunération et de l’ensemble des frais exigibles. Qu’on leur fournisse des rapports utiles sur le rendement de leurs placements et sur leurs frais, c’est une chose. Toutefois, on a quand même le droit de se poser la question : est-ce que ce sera clair exhaustif et utile?
On ne peut pas prêcher contre la vertu et c’est certain que c’est dans l’intérêt de tout le monde d’être transparent. En bout de ligne on peut donner toute l’information au client, mais on ne peut pas le forcer à s’y intéresser. Les études le démontrent, les clients font confiance à leurs représentants. Lorsqu’ils font confiance à leur professionnel, peu importe le rapport envoyé, ils ne le regarderont pas nécessairement.

Finance et Investissement – Est-ce que la divulgation de la rémunération risque de changer la relation entre le client et le conseiller?

Éric Lapierre – Il est certain que cette divulgation risque d’amener une ouverture au niveau des discussions que certains conseillers n’ont pas à l’heure actuelle avec leurs clients. On va les forcer à aller plus en détails. Toutefois, on s’attendait déjà à ce qu’une discussion semblable ait lieu entre le conseiller et son client. La réaction de l’industrie face à cette question sensible est toutefois compréhensible. Je n’ai pas de problème à ce qu’on contrôle et divulgue les conflits d’intérêt, mais pourquoi est-ce que cette industrie devrait être plus transparente que les autres? Les clients, lorsqu’ils font un achat chez un détaillant, sont conscients que le vendeur est rémunéré. Je ne pense pas qu’ils ignorent que leur conseiller est aussi rémunéré pour les services qu’il leur donne.