Oubliez la figure «romantique» du cyberpirate solitaire de 17 ans qui, tel un Robin des bois, s’en prend aux multinationales. De nos jours, les cyberpirates ont en moyenne 35 ans, et dans 80 % des cas, ils seraient liés au milieu du crime organisé, nous apprend un article de CSOonline. Très organisé, même : le milieu emprunte ses modèles aux multinationales avec leurs hiérarchies.
Un nouveau type d’attaque vise les dirigeants des entreprises. Les criminels recueillent des données sur ces dirigeants grâce aux réseaux sociaux et se servent de ces informations pour inciter leurs cibles à effectuer des transferts de millions de dollars.
Par exemple, les fraudeurs se font passer pour le chef de la direction, tandis que celui-ci assiste à une conférence à l’étranger, pour ordonner à ses subordonnés des transferts de sommes importantes.
«La fraude visant les PDG est devenue une préoccupation majeure pour bon nombre de nos clients», a dit à CSOonline David Ferbrache, directeur technique de la cybersécurité chez KPMG au Royaume-Uni.
Ce ne sont donc plus seulement des attaques visant les données sur les clients qui peuvent ternir la réputation d’une entreprise ; certaines peuvent compromettre le PDG et causer ainsi de sérieux dommages.
Par ailleurs, le déploiement d’une attaque est quasi instantané. Quelques secondes suffisent à une armée de cybercriminels pour reproduire à l’échelle mondiale, sur plusieurs sociétés financières, une attaque réussie à l’endroit d’une organisation.
Des outils qui changent la donne
Au-delà du risque lié à la sécurité, de nombreuses technologies sont susceptibles d’ébranler les modèles d’entreprise des assureurs, souligne l’AMF.
Pensons à la télématique, notamment par la voie de vêtements «intelligents», qui font une lecture en temps réel des signes vitaux d’une personne, ou d’applications qui suivent le comportement routier d’un client.
De nombreux appareils fourniront en temps réel de l’information grâce à l’Internet des objets, que ce soit la machine à café, le téléviseur ou l’appareil d’exercice, souligne un rapport récent de PricewaterhouseCoopers intitulé «Financial Services Technology 2020 and Beyond» (http://pwc.to/29Y4m6f).
Qu’il s’agisse de l’assurance de personnes ou de l’assurance de dommages, on a affaire à de nouveaux modèles où les primes des clients sont ajustées presque en temps réel, à la hausse ou à la baisse, selon les habitudes de vie et le comportement du client.
Par ailleurs, «les véhicules autonomes constituent une menace pour l’industrie», note l’AMF, de même que les outils de tarification, de souscription et de vente en ligne «qui favorisent la croissance des assureurs directs au détriment des assureurs à courtage».
L’avènement des véhicules autonomes pourrait amener les géants technologiques à «créer leurs propres compagnies d’assurance».
Les technologies financières, ou fintechs, présentent aussi des risques pour les consommateurs. Par exemple, l’AMF souligne l’émergence des plateformes de partage de risque entre particuliers qui «permettent la mise en commun des risques des participants sans avoir recours à un assureur. Elles proposent de partager certains risques liés par exemple à la santé, aux voyages, aux véhicules automobiles et à la perte d’emploi».
«À cet effet, l’Autorité a émis une mise en garde pour conscientiser les consommateurs aux risques que ces plateformes représentent du fait qu’il n’y a pas d’assurances pour en supporter le risque», ajoute l’organisme de surveillance.
Des avancées importantes
La plupart des fintechs n’ont pas encore envahi le marché de l’assurance, de telle sorte que «je ne crois pas que l’industrie soit encore ébranlée» affirme Lyne Duhaime, présidente pour le Québec de l’Association des compagnies d’assurances de personnes.
Toutefois, dans le domaine de l’assurance de dommages, on assiste à des avancées importantes, comme la version mobile du programme volontaire Ajusto de Desjardins Assurances, offerte depuis mars 2015.
Il s’agit d’un système de lecture qui tient compte en temps réel de la conduite d’un automobiliste : accélération, freinage, virage, respect de limite de vitesse. L’avantage net pour un client qui conduit prudemment est de pouvoir bénéficier de réductions de prime pouvant aller jusqu’à 25 %.
L’application Ajusto pour appareil mobile, développée en partenariat avec Cambridge Mobile Telematique, ne nécessite plus l’installation d’un dispositif dans l’auto. L’application intègre des technologies d’intelligence artificielle qui exploitent le système GPS et l’accéléromètre des appareils mobiles. On peut ainsi savoir si le client est dans un autobus plutôt que dans son auto.
La réponse des consommateurs au produit de Desjardins annonce les changements à venir. «Nos objectifs de lancement ont été dépassés», affirme Alex Veilleux, vice-président, Ajusto et Innovation, chez Desjardins Assurances, qui préfère ne pas dévoiler des résultats confidentiels.
«Dans la première semaine qui a suivi le lancement, notre application se classait dans le top 10 des téléchargements du App Store d’Apple», dit-il.