Le groupe aspire à devenir pour l’épargnant «ce que la revue Protégez-Vous est pour les consommateurs. Un genre de protecteur», souligne Guy Mineault en entrevue.

Le site Internet, medif.ca, prévoit d’offrir des outils et des graphiques aux épargnants pour évaluer leurs fonds par rapport aux autres, en fonction du rendement et du risque.

Avoir l’heure juste

C’est sa propre expérience qui a poussé Guy Mineault à fonder le MEDIF.

«En 1997, j’ai placé de l’argent dans certains fonds communs de placement d’une grande organisation après avoir rempli mon profil d’investisseur. Cette firme m’a assuré qu’elle avait une équipe d’analyse hors pair et que mes fonds allaient bien performer», raconte-t-il.

«J’ai fini par perdre pas mal d’argent, tandis que d’autres qui plaçaient dans le même genre de fonds en ont fait. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve une façon d’évaluer mes fonds», poursuit-il.

Guy Mineault juge que les conseillers ne jouent pas assez franc jeu avec leurs clients. «Trop souvent dans l’industrie, on vante les avantages d’un réseau de distribution, mais on n’ose pas comparer ses fonds avec ceux de la concurrence», dit-il.

Parfois, lors de sessions de formation, des conseillers à qui il présentait ses graphiques se montraient nerveux. «Allez-vous montrer ça sur votre site Internet ?» lui demandait-on.

«C’est sûr que ça risque de créer un malaise [chez les conseillers], admet Guy Mineault. Par contre, les conseillers indépendants sont contents puisqu’ils peuvent vendre n’importe quel produit.»

Il voit aussi des lacunes dans le suivi des investissements. «À quand remonte la dernière entrevue téléphonique où un gestionnaire vous suggérait de vendre les parts de son fonds, car le sous-secteur (énergie ou matériaux par exemple) auquel il est lié allait être malmené ?» demande-t-il.

Guy Mineault croit aussi que le discours sur les frais de gestion peut être trompeur pour l’épargnant non averti. «On incite souvent les gens à acheter des fonds qui ont de bas frais de gestion. Mais que préférez-vous ? Un fonds qui des frais de gestion de 2 % et qui offre un rendement de 5 % ou un fonds qui a des frais de 3 % et un rendement de 10 % ? La réponse est évidente.»

D’ailleurs, pour mieux outiller les conseillers et leurs clients, on greffera au MEDIF – un organisme sans but lucratif – un «laboratoire d’analyse à but lucratif» qui fournira des données et pourra offrir des services aux conseillers.

«On ne dénigre personne, on vise seulement le mieux-être des investisseurs», dit Guy Mineault.

Un mais…

Neil Gross, chef de la direction de la Fondation canadienne pour l’avancement des droits des investisseurs (FAIR Canada), se réjouit du fait que Guy Mineault développe des outils pour aider les épargnants à mieux comprendre les coûts de leurs placements.

Il voit toutefois une ombre au tableau : «Nous sommes confrontés à une dure réalité : la plupart des gens ont un niveau assez faible de littératie financière. Il est donc peu probable qu’ils utilisent ces outils», juge-t-il.

Neil Gross croit plutôt que la solution est avant tout d’ordre réglementaire. «La plupart des épargnants ont besoin d’être guidés par un conseiller, et cette dépendance crée une vulnérabilité», dit-il. C’est pour cela que les conseillers doivent agir en professionnels, c’est-à-dire fournir des conseils qui sont dans le meilleur intérêt de leur client.

«Malheureusement, les règles actuelles n’exigent pas cela. Elles sont insuffisantes et doivent être changées», plaide-t-il.