Les conseillers doivent positionner leurs portefeuilles afin de tenir compte des turbulences économiques qui découleront du désir de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque du Canada de combattre vigoureusement l’inflation en haussant les taux d’intérêt.
« On doit embrasser la Fed, pas tenter de la battre », ont indiqué, chacun leur tour John De Goey, gestionnaire de portefeuille chez Wellington-Altus Private Wealth et Ahmed Farooq, vice-président senior et chef de la distribution au détail chez Franklin Templeton, à l’occasion de la conférence Inside ETFs Canada, à Toronto, le 18 octobre. « Nous devrions trouver un refuge et attendre que la tempête passe avant de reprendre la mer », a indiqué John De Goey.
Ainsi, « il y a beaucoup d’éléments douloureux à venir et je ne crois pas que les gens l’ont suffisamment intégré », d’après John De Goey. Selon lui, peu de conseillers ont connu un environnement de hausses des taux d’intérêt causées par une forte inflation. Ils devraient rester prudents sur l’impact que cela pourrait avoir sur l’économie et sur les marchés financiers.
Les conseillers peuvent agir afin de composer avec les prochaines actions de la Fed. Voici certaines suggestions.
Ventes à pertes à des fins fiscales
Pour les clients qui ont des actifs dans des comptes non enregistrés, la baisse de la valeur des titres à revenu fixes et des actions crée une occasion sur le plan fiscal. Les clients peuvent profiter de la stratégie de vente à perte à des fins fiscales, selon Ahmed Farooq.
Connue des conseillers, cette stratégie consiste à vendre les produits qui ont perdu de la valeur afin de réduire les gains en capital générés durant une année d’imposition donnée. « Il est également possible de reporter rétrospectivement les pertes en capital aux trois années d’imposition précédentes, ou de les reporter en aval indéfiniment », indique un document sur la question RBC Gestion mondiale d’actifs.
Évidemment, pour appliquer cette stratégie, on doit tenir compte de certaines subtilités fiscales, dont celles qui touchent les pertes apparentes. (Lire ce texte : Pertes apparentes : subtilités bonnes à savoir)
Par ailleurs, de bien appliquer la stratégie des ventes à perte à des fins fiscales constitue une des quatre plus importantes actions qu’un conseiller peut poser afin de créer de la valeur pour un client, soulignait Howard Atkinson, président et chef de la direction de PascalWealthTech, lors de la conférence Inside ETFs, le 19 octobre.
Avoir de bonnes conversations avec les clients
Bon nombre de clients ont eu un appétit pour le risque relativement élevé dans la dernière décennie, entre autres en raison de la bonne tenue des marchés financiers. Ainsi, un segment d’entre eux ont un biais en faveur de l’optimisme, ce qui n’est pas nécessairement une bonne chose considérant les nombreux vents économiques défavorables auxquels ils font face, a souligné John De Goey.
Remettre les pendules à l’heure quant aux risques pour leur situation personnelle serait donc un bon réflexe à avoir comme conseiller.
« Si vous êtes un conseiller expérimenté qui a entraîné ses clients à systématiquement rééquilibrer leurs portefeuilles et que vous avez discuté avec eux de la volatilité, alors les conversations sont beaucoup plus faciles que pour un conseiller qui a commencé après la crise financière de 2008-2009 et qui n’a connu qu’un marché haussier quasi ininterrompu, malgré la crise de la COVID-19 », a mentionné Ahmed Farooq.
De plus, il est possible que la hausse des taux d’intérêt amène les clients à considérer d’autres éléments plus concrets dans leur budget, comme son effet sur leur prêt hypothécaire à taux variable ou sur le renouvellement de leur prêt hypothécaire arrivant bientôt à échéance.
Cibler les fonds à faible duration
Un conseiller devrait bien entendu agir en fonction des besoins de chaque client. Selon ceux-ci, la stratégie variera.
En 2022, on a vu un fort intérêt pour les fonds négociés en Bourse (FNB) de comptes à intérêt élevé et cela pourrait être pertinent pour certains clients. Les FNB de ce genre ont l’avantage de voir leurs taux d’intérêt ajusté le lendemain d’une hausse de taux d’intérêt, ce qui peut être avantageux.
D’autres clients vont préférer les FNB ayant une faible duration, considérant l’occasion qu’ils créent lorsque les taux d’intérêt vont augmenter, selon Ahmed Farooq. Pour certains clients, craintifs à propos de l’inflation, il peut être pertinent de regarder les pour et les contre des fonds d’infrastructure, ajoute-t-il.
« Dans cet environnement, je mise davantage sur des titres à revenu fixe à très courte échéance et qui sont liquides », a noté pour sa part John De Goey. Il croit toutefois que la part la plus importante de la baisse des obligations a déjà eu lieu et que les futures hausses de taux annoncées par les banques centrales sont déjà reflétées dans le prix des titres à revenu fixe.
« Toutefois, je ne crois pas que c’est le cas pour les actions. Et je m’attends à ce qu’il y ait plus de douleurs à venir sur le plan des (rendements des) actions », a précisé John De Goey.
Par ailleurs, la volatilité fait que les marchés sont plutôt imprévisibles, a noté Ahmed Farooq.
Divulgation : nos publications sœurs Advisor’s Edge et Investment Executive sont des partenaires médias de la conférence Inside ETFs. La couverture de cet événement n’était pas conditionnelle au partenariat.