Les investisseurs occidentaux ont réagi de manière positive aux signes de reprise de l’économie américaine, mais également à la volte-face de la Réserve fédérale américaine (Fed) quant au retrait des mesures d’assouplissement quantitatif.
L’or est échangé partout dans le monde, et ce, sous différentes formes, mais où se trouve-t-il en réalité ? En effet, les banques centrales ne sont devenues des acheteuses nettes d’or physique qu’après 2009, alors que le marché était haussier depuis 2000. Eric Sprott et David Baker, de Sprott Asset Management, se sont posé la question.
Les banques centrales détiennent des réserves d’or qui leur permettent de sécuriser une transaction, un accord de crédit ou de constituer un fonds de garantie.
«Le Fonds monétaire international (FMI) de même que les gouvernements et les banques centrales des États-Unis, du Royaume-Uni, du Japon, de la Suisse et de la zone euro détiennent une quantité impressionnante de 23 349 tonnes d’or dans leurs réserves respectives (voir le tableau «Top 20 des ban-ques centrales dont les réserves d’or…»), soit une somme de 1,3 billion de dollars au prix actuel de l’or», écrivaient-ils en septembre 2012 dans leur bulletin «Coup d’oeil sur les marchés, les banques centra-les de l’Occident ont-elles épuisé leurs réserves d’or ?». Le Cana-da se trouve en 89e position, avec une réserve d’or de 3,2 tonnes.
Entre 70 et 160 tonnes par trimestre
Dans son rapport, le World Gold Council met en avant le fait que la quantité d’or ajoutée par les banques centrales dans leurs réserves stagne entre 70 et 160 tonnes par trimestre depuis le début de 2011.
«La baisse des achats est probablement le résultat d’un certain nombre de facteurs : la volatilité des prix au cours du trimestre, la faiblesse des devises des marchés émergents et la baisse du taux de croissance des réserves de change entre certaines banques», selon le rapport.
Les achats ont été concentrés entre les pays de la Communauté des États indépendants (le regroupement de 11 pays de l’ex-URSS : la Russie, l’Ukraine, le Bélarus, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Moldavie, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, auxquels s’est ajoutée officiellement la Géorgie en 1993), dont le plus important acheteur a été la Russie avec 15 tonnes au cours de ce trimestre. Depuis un an, à la même période, les réserves d’or russes ont augmenté de près de 39 tonnes.
À qui les banques centrales non occidentales achètent-elles de l’or, si ce n’est aux banques centrales occidentales ?
Dans un article du 19 août dernier, le quotidien français Le Monde titrait «Les Occidentaux vendent leur or, les Asiatiques se ruent dessus».
En lisant le FT-900 de l’US Census Bureau, Eric Sprott et Shree Kargutkar (également de chez Sprott) ont constaté qu’en décembre 2012, «les États-Unis ont exporté plus de 4 G$ d’or, alors qu’ils ont importé un total d’environ 1,5 G$ de ce métal, ce qui représente une somme nette de 2,5 G$, ou près de 50 tonnes d’or».
«Non seulement les États-Unis ont exporté de façon régulière d’importantes quantités d’or (au net), mais le montant d’or qu’ils ont exporté était nettement supérieur à celui que ce pays devrait être en mesure d’exporter», écrivent-ils.
Où est l’or ?
Ils affirment également que «les stocks d’or détenus par le gouvernement américain n’ont pas été audités ou vérifiés depuis plus de quarante ans». Ils suggèrent également que «l’or des banques centrales a probablement disparu». Une théorie qui a fait son chemin.
La banque centrale allemande, la Bundesbank, avait annoncé le 16 janvier dernier vouloir rapatrier son or entreposé en France et aux États-Unis.
En effet, 45 % de l’or de l’Allemagne est actuellement conservé aux États-Unis, 13 % à Londres et 11 % à Paris, [Le pays conserve 31 % de ses réserves sur son pro-pre territoire].
À la suite de ce rapatriement, la part des réserves d’or de l’Allemagne dans les coffres de la Fed devrait diminuer à 37 %, mais pas avant 2020 ! La Fed a en effet déclaré que ce transfert nécessiterait sept ans.
L’Allemagne a demandé à la Fed de procéder à un audit de sa réserve d’or. Les Américains lui ont opposé un refus, puis lui ont autorisé l’accès à l’une des neuf chambres fortes où l’or allemand serait entreposé. Et si la Fed ne possédait plus tout cet or ?