Il suffit de parler avec elle pour comprendre qu’elle n’aurait pas atteint ses résultats sans un sens aigu de l’organisation. Anik Armand a développé sa méthode de travail en s’inspirant notamment de son passage au service de conformité de la Financière Banque Nationale.
Au fil des quelques 1 200 inspections internes qu’elle a effectuées, Anik Armand a observé les meilleurs et les pires exemples de pratiques d’affaires et déontologiques de firmes au Canada.
«J’ai remarqué que plusieurs conseillers avaient développé une approche qu’ils mettaient presque dans la gorge de leurs clients. Pourtant, les familles fortunées ont souvent des préoccupations différentes et des besoins précis», dit-elle.
Aujourd’hui, la conseillère de 45 ans possède 25 ans d’expérience dans l’industrie des valeurs mobilières. Elle a appris les rouages de la finance au sein de Lévesque Beaubien Geoffrion, désormais la Financière Banque Nationale, et est finalement redevenue conseillère en placement chez VMD en 2006 après avoir travaillé en conformité.
Dans son dossier de candidature étoffé, qui a impressionné le jury du concours des conseillers à l’honneur, elle décrit son modèle d’affaires comme «très segmenté». Son équipe doit suivre à la lettre le contenu de manuels de procédures et d’éthique qu’elle a créés pour son bureau, qui sert des familles bien nanties.
En janvier dernier, l’actif de son ménage moyen se chiffrait à 982 000 $, et celui son ménage médian, à 525 000 $.
«Chaque client a un énoncé et une politique de placement bien définis qui délimitent les paramètres de la gestion de portefeuille et assurent un maintien de cap discipliné et rigoureux», peut-on lire dans son dossier de candidature.
Son équipe effectue la gestion discrétionnaire des portefeuilles des clients selon une approche concentrée, c’est-à-dire que les 25 plus grosses positions représentent plus de 85 % de l’actif.
Cette approche donne des résultats. Depuis sa création, son portefeuille modèle a généré un rendement annuel composé approximatif, net de frais, de 7,5 %.
L’équipe qu’elle dirige comprend cinq conseillers dont elle-même. Elle a mis les bouchées doubles en 2014 pour remporter l’accréditation «Excellence» octroyée par VMD à 24 équipes sur 250, soit le premier décile des conseillers de la firme.
«Le titre atteste, selon un jury, que les conseillers répondent à des normes supérieures de qualité», indique le dossier de candidature de la conseillère. Cette distinction est décernée exclusivement aux conseillers en placement de VMD qui suivent un programme de perfectionnement.
Pour maintenir la motivation de son personnel à atteindre ses objectifs ambitieux, la conseillère retient également les services d’un coach d’entreprise. «Il me permet de prendre du recul avec un point de vue constructif en ce qui a trait, entre autres, à la gestion des employés», explique-t-elle.
Bons suivis
De plus, au-delà d’une gestion financière personnalisée, Anik Armand estime que pour faire affaire avec des clients à haute valeur nette, il est primordial d’être en communication constante avec eux et de leur offrir un service à la clientèle «de style VIP».
Elle leur offre de l’information continue, c’est-à-dire notamment des rencontres périodiques afin d’offrir des suivis des résultats des performances de leurs portefeuilles, un envoi quotidien de résumé des marchés, une lettre financière, un rapport annuel des rendements et un rapport annuel des gains et pertes.
Lorsqu’un client la rencontre à son bureau, situé dans la succursale rénovée de Mont-Saint-Hilaire, son personnel va même jusqu’à chercher dans le répertoire informatique ce qu’il préfère dans son café.
«Nous avons un service à la clientèle impeccable et irréprochable, mais ce qui nous aide à aller chercher de nouveaux clients, ce sont nos bons suivis et notre approche qui reflète la rigueur», indique-t-elle. Chaque conseiller sert en moyenne 101 ménages.
Sa principale satisfaction pour 2014 est justement d’avoir reçu plusieurs messages élogieux à la suite d’un sondage soumis à sa clientèle.
«Bonne écoute», «climat de confiance», «toujours présents au bout du fil», «information rapide, rassurante et claire», ce sont quelques commentaires tirés de la longue liste de témoignages de clients satisfaits qu’elle a fournie au jury.
Soutenir les conseillères
Outre l’attention hors de l’ordinaire que la conseillère consacre à son bureau et à sa clientèle, Anik Armand s’est démarquée par son dévouement au développement des femmes dans l’industrie.
«Dans les banques, il y a énormément de femmes. Elles ont vraiment pris leur place. Dans les valeurs mobilières, il n’y en a pas encore beaucoup. C’est mon cheval de bataille», explique Anik Armand.
Elle raconte qu’à son entrée dans l’industrie, les femmes étaient encore moins nombreuses qu’aujourd’hui et que le métier de conseiller était considéré par une majorité comme une «affaire d’hommes».
«Lorsque je recevais des appels de nouveaux clients, il arrivait qu’ils me demandent d’être transférés à un homme. J’ai même déjà sollicité des groupes de femmes nanties de mon âge qui se sont consultées pour me répondre qu’elles me trouvaient très sympathique, mais que c’était un travail d’homme», rapporte-t-elle. L’anecdote date d’environ douze ans.
«C’est sûr que je n’étais pas tellement vieille, début trentaine, mais j’étais surprise que même des femmes ne veuillent pas m’aider. Dans une entreprise qui se développe en vase clos, il arrive qu’on se sente seule et qu’on s’interroge sur ses capacités.»
La conseillère souhaite donc créer une plateforme où les femmes du domaine des valeurs mobilières pourront échanger sur leurs préoccupations communes. Elle est la fondatrice du premier Colloque des femmes conseillères en placement qui a eu lieu en décembre 2014 et échange régulièrement avec d’autres femmes au Québec sur son travail.
Elle est aussi active au sein d’un réseau de conseillères, partenaires de Placements Mondiaux Sun Life. Isabelle Hudon, chef de la direction de la Financière Sun Life Québec et vice-présidente principale, solutions clients, de la Financière Sun Life au Canada, a d’ailleurs appuyé sa candidature.
Esprit de famille
La progression de son engagement philanthropique dans la région maskoutaine, où se situe sa firme, est également notable. En raison du temps qu’elle a investi et des fonds octroyés à des hôpitaux de la région et à différentes campagnes de financement et défis sportifs, elle estime que son engagement a permis de recueillir environ 1,08 M$ depuis 2007, dont 174 600 $ en 2014.
Cette participation active dans la collectivité découle avant tout de la générosité de son équipe, mais est certainement aussi un gage de réussite pour la vision à long terme de la conseillère émérite pour sa firme.
«Comme on le fait aux États-Unis, je désire bâtir un bureau de gestion de patrimoine familial (family office) solide qui offre des services pour des familles fortunées de génération en génération», illustre-t-elle.
D’ici cinq ans, elle voudrait que l’actif de son ménage médian grimpe à 1 M$ et que son actif sous gestion augmente de 40 % pour atteindre environ 560 M$. Elle vise ensuite, cinq autres années plus tard, à se retirer «graduellement» de la firme, satisfaite du travail accompli et de l’ampleur des résultats engendrés par la «méthode Anik Armand».