Les grandes entreprises cotées en Bourse nomment davantage de femmes dans leurs CA, mais on ne peut pas en dire autant des petites entreprises.
Selon un rapport conjoint du groupe à but non lucratif Catalyst et du Club des 30 %, les femmes représentent 27,6 % des membres des CA des grandes entreprises dont la performance est mesurée par l’indice composé S&P/TSX, une hausse significative par rapport aux 18,3 % de 2015.
Mais pour l’ensemble des sociétés cotées au TSX, le pourcentage de femmes au sein des CA tombe à 19,4 %. Cela suggère que les petites et moyennes entreprises ne suivent pas le rythme des grandes sociétés, au moment où l’intérêt des législateurs pour la diversité des CA des entreprises va en s’accroissant.
« Les plus grandes entreprises canadiennes ont accéléré le rythme en matière de représentativité des femmes dans les conseils d’administration, indique le rapport. Mais prises globalement, les entreprises inscrites à la Bourse de Toronto ont encore beaucoup de travail à faire pour intégrer davantage de femmes dans leurs CA. »
L’écart de diversité entre les sexes dans les entreprises de différentes tailles s’explique par plusieurs raisons, selon Andrew MacDougall, un expert en matière de gouvernance d’entreprise chez Osler, Hoskin & Harcourt LLP.
L’une d’elles tient au fait que les grandes entreprises ont tendance à avoir des « CA plus importants ». Cela augmente les chances de voir une personne quitter le conseil et de créer une opportunité pour y intégrer une femme à la place, note Andrew MacDougall.
« Chez les petites entreprises, il y a bien sûr moins de roulement », ajoute-t-il.
Andrew MacDougall signale aussi que si les investisseurs institutionnels ont d’abord commencé à examiner la composition du CA des sociétés cotées sur le S&P/TSX Composite, afin d’analyser sa représentativité, des groupes comme Institutional Shareholder Services ont maintenant tourné également leur attention sur l’ensemble des entreprises du TSX.
En janvier, une nouvelle législation est entrée en vigueur dans le cadre de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, qui exige des sociétés publiques qu’elles fournissent davantage d’informations sur le nombre de femmes, de minorités visibles, d’autochtones et de personnes handicapées occupant un poste de direction et siégeant sur les CA.
« Cette mise à jour législative est seulement entrée en vigueur il y a huit mois. Nous commencerons à voir [plus] d’entreprises faire état de la situation au cours des deux prochaines années », commente Tanya van Biesen, directrice exécutive de Catalyst au Canada.
Shilpa Tiwari, la fondatrice de Her Climb, une initiative qui prône l’inclusion de dirigeantes d’origine autochtones, noires et de couleur (BIWOC en anglais pour : Black, Indigenous and Women of Colour) a dit craindre de voir les récents efforts visant à améliorer la diversité des sexes dans les conseils d’administration ne pas profiter aux femmes BIWOC.
Elle est d’avis qu’il n’y a aucune raison pour que les entreprises des grandes villes ne puissent pas trouver des femmes du BIWOC capables de siéger sur leurs CA. « Cela me rend tout de même nerveuse, car je ne constate pas que les efforts déployés profitent réellement aux femmes de couleur », souligne-t-elle.
Pourtant, lorsque vous êtes dans une ville comme Toronto, il est difficile de croire que le constat soit : « Nous n’en trouvons pas. Si c’est le cas, il ne s’agit pas d’un problème de candidats ou de bassin de talents, mais d’un problème de recherche. »