Le rapport d’octobre dernier, qui a reçu la bénédiction du cabinet KPMG, couvre l’exercice 2012 et les huit premiers mois de 2013.
Le nouveau président de l’IOR, Ernst von Freyberg, a insisté auprès de l’agence de presse Reuters sur «la volonté de transparence que traduit la publication de ce rapport, notamment à l’égard des catholiques, qui ont le droit de savoir ce qu’il y a derrière cette structure du Saint-Siège».
Les catholiques et le monde entier ont ainsi découvert que le bénéfice net de l’IOR a plus que quadruplé en un an, atteignant 86,6 millions d’euros (soit 121,3 M$ CA) en 2012, indique l’IOR sur son site Internet, www.ior.va. La banque affirme aussi détenir un actif de 5 milliards d’euros, soit 7 G$ CA.
Non à l’argent sale
Prolongeant l’opération transparence, la banque du Vatican a annoncé la fermeture de comptes d’ambassades étrangères.
Selon des sources qui connaissent le dossier, et dont les propos étaient rapportés par Radio-Canada à la fin de septembre, «la banque du Vatican va fermer tous les comptes détenus par des ambassades étrangères en raison d’inquiétudes provoquées par l’existence de vastes dépôts et retraits en liquide effectués par les missions iranienne, irakienne et indonésienne».
Il se trouve que l’Iran, l’Irak et l’Indonésie sont considérés comme des pays à haut risque de délits financiers, selon les institutions financières internationales.
Ainsi, le quotidien italien Corriere della Sera assure que «l’Institut pour les oeuvres de religion a envoyé des lettres à 900 de ses clients, leur demandant de fermer leur compte en raison de « soupçons de blanchiment d’argent sale, voire de financement du terrorisme »».
Déjà, au début d’août, le Mail on Sunday rapportait qu’une autre banque, «HSBC [avait] provoqué la stupéfaction dans le corps diplomatique étranger au Royaume-Uni en annonçant qu’elle ne pouvait pas conserver les comptes de nombreuses ambassades et leur donnait 60 jours pour retirer leur argent».
«Certains comptes de missions diplomatiques peuvent servir à abriter des opérations illégales. Or, HSBC avait annoncé en janvier qu’elle allait renforcer sa lutte contre l’argent sale, après avoir dû payer l’an dernier une amende record aux États-Unis (1,92 G$), où elle était accusée de complicité de blanchiment au profit de trafiquants, de terroristes et de l’Iran», lisait-on dans le quotidien français Le Figaro.
Cette mesure visait plus de 40 ambassades et consulats situés à Londres. Comble de l’ironie, la nonciature apostolique faisait partie de la liste.
Pas toujours payant
Il semblerait que depuis plusieurs mois, la tendance soit à la fermeture de comptes des ambassades étrangères quand les institutions financières ne sont pas en mesure de faire la preuve de leur transparence.
Déjà, à la fin de 2011, JP Morgan Chase avait envoyé aux ambassadeurs présents aux États-Unis au 30 septembre 2011, une lettre les avertissant que tous les comptes diplomatiques seraient fermés le 31 mars 2012.
«Les exigences des inspecteurs [du gouvernement] sont particulièrement élevées en ce qui concerne l’argent qui entre aux États-Unis, expliquait alors Robert Rowe, vice-président de l’Association des banquiers américains (ABA), à l’Agence France-Presse (AFP). Particulièrement quand il s’agit de missions étrangères.»
Une firme a tenté de faire amende honorable, alors même qu’elle est encore confrontée à des scandales. JP Morgan fait ainsi face à six enquêtes distinctes du département de la Justice des États-Unis. Récemment, elle a été condamnée à verser 920 M$ dans la fameuse affaire de la «baleine de Londres». Elle doit également répondre aux questions d’une unité anticorruption de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis sur ses pratiques d’embauche à Hong Kong. La SEC a demandé à JP Morgan de fournir des informations à propos des «relations d’affaires […] avec certains clients», selon la déclaration.
Le New York Times a dévoilé que la SEC concentrait ses recherches sur l’embauche d’enfants de fonctionnaires chinois par la banque et sur la manière dont ces embauches ont pu aider la banque à décrocher des contrats.
Il semble donc que la transparence ne suffise pas pour obtenir la bénédiction des régulateurs, et surtout, celle des clients.