En janvier dernier, Gestion Pembroke a nommé Nicolas Chevalier à titre d’associé directeur. Bien qu’il soit dorénavant davantage impliqué dans les opérations journalières de la firme, il continue d’agir comme cogestionnaire des stratégies de croissance canadienne et toutes capitalisations, de même qu’à titre de responsable de la recherche dans les secteurs de la consommation et industriel.
Nicolas Chevalier prend la relève de Ian Aitken, qui a occupé ce poste durant 23 ans. Celui-ci demeure avec l’organisation comme associé, vice-président du conseil et gestionnaire de portefeuille. Le nouveau dirigeant devient pour sa part le quatrième associé directeur de la firme depuis sa fondation à Montréal en 1968, et, enfin, le premier francophone à assumer cette responsabilité.
Titulaire d’un MBA de l’Université de l’Illinois et d’un baccalauréat de HEC Montréal, Nicolas Chevalier est aussi détenteur des titres de CFA et de ICD.D. Il s’est joint à Pembroke en 1997, après avoir travaillé auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). « J’ai eu l’opportunité de devenir analyste pour les marchés boursiers canadiens, et j’ai adoré ça. C’est là que j’ai vraiment compris que ce que j’aimais, c’était le placement », explique-t-il.
Entré à la CDPQ en 1994, Nicolas Chevalier y a particulièrement prisé cette opportunité unique de rencontrer des chefs d’industrie, que ce soit sur le plan local ou aux États-Unis, et de suivre leur parcours au fil des ans, que lui offrait sa position. « C’est un des bénéfices de notre métier de pouvoir le faire. C’est pour ça que je me définis comme un investisseur, et c’est un peu la culture de Pembroke aussi, qui au départ, était une firme de placement », raconte-t-il.
Gestion Pembroke occupe une position unique dans la communauté financière québécoise. Le gestionnaire de portefeuille indépendant a initialement été créé pour gérer les portefeuilles de la Great Britain and Canada Investment Company, cotée aux bourses de Montréal et de Londres sous le sigle GBC.
Pembroke offre aussi, depuis sa fondation il y a 56 ans, des solutions d’investissement et de gestion de patrimoine à des individus, des familles, des fondations et des institutions. Le gestionnaire se spécialise dans la gestion de portefeuilles de petites à moyennes entreprises publiques canadiennes et américaines offrant des taux de croissance élevés et durables.
En 1988, la firme a créé Gestion privée de placement Pembroke, une filiale indépendante qui offre une gamme de solutions de placement aux entreprises familiales et à une clientèle fortunée à travers le Canada. Son offre se compose de fonds communs de placement et de fonds de placement collectif, ainsi que de titres à revenu fixe. Les sous-conseillers pour ces fonds sont Gestion Pembroke, William Blair Investment Management, LLC, une société indépendante de Chicago, et Canso Investment Counsel, une firme ontarienne fondée en 1997 qui fournit des services de gestion de portefeuille.
Aujourd’hui, Pembroke sert sa clientèle depuis ses bureaux de Montréal et Toronto, bien que plus de 90 % des membres de son équipe de recherche et de la direction soient basés au Québec. La firme est enregistrée auprès des régulateurs de la plupart des provinces canadiennes en tant que gestionnaire de portefeuille. Elle est également enregistrée aux États-Unis auprès de la Securities and Exchange Commission en tant que conseiller en placement, ainsi qu’auprès de l’Autorité danoise de surveillance financière et de la Banque centrale d’Irlande.
La philosophie d’investissement et d’entreprise de Pembroke est demeurée la même depuis sa fondation. Celle-ci est « ancrée dans les concepts de croissance, de propriété et de concordance des intérêts. Nous croyons que les propriétaires agissent dans l’intérêt à long terme de leurs parties prenantes », affiche le gestionnaire sur son site Internet.
Pembroke cherche à investir dans des sociétés nord-américaines selon une philosophie d’investissement centrée sur une vision fondamentale ascendante, qui repose sur la sélection de sociétés de croissance de qualité. « Nous accordons une attention particulière à leurs avantages concurrentiels durables, à la croissance des flux de trésorerie par actions, ainsi qu’aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance ».
Cette volonté de demeurer fidèle à son approche de la gestion de patrimoine et des relations avec ses clients peut expliquer la pérennité des relations que la firme entretient avec sa clientèle. Pembroke revendique en effet des comptes ouverts depuis plus de dix ans pour 44 % de sa clientèle privée, dont 24 % le sont depuis plus de 20 ans. L’actif sous gestion de la clientèle de Pembroke est réparti selon un ratio de 60/40 entre le volet privé et institutionnel.
Cette stabilité se retrouve également auprès des associés et employés de Pembroke. La firme est ainsi détenue à 100 % par les associés, selon une structure destinée à décourager la vente à des tiers. L’actionnariat se transige en effet d’une génération à l’autre, à la valeur aux livres. Un élément certainement distinctif, estime Nicolas Chevalier.
« C’est intéressant pour un jeune de devenir actionnaire, et de le devenir à un prix d’entrée relativement attrayant. C’est un outil pour attirer du talent, et aussi de rétention. Le roulement du personnel est très faible ».
De même, les employés « ont aussi une grosse partie de leurs avoirs personnels investis dans les fonds qui sont gérés pour nos clients. Donc, lorsqu’on achète un titre, on l’achète pour nos clients, mais aussi pour nous », ajoute Nicolas Chevalier. Les employés et leurs familles sont ainsi les plus importants propriétaires non institutionnels des fonds communs de placement et des fonds de placement collectifs de l’entreprise, avec plus de 100 millions de dollars canadiens investis.
Contexte difficile pour l’industrie
Nicolas Chevalier arrive en poste alors que Pembroke est en pleine transition. Une démarche qui s’est amorcée voilà cinq à six ans et qui implique le lancement de nouveaux produits et de solutions plus larges.
« Alors qu’elle était historiquement un gestionnaire de portefeuille centré sur les petites à moyennes capitalisations de croissance, la firme a amorcé un pivot pour s’établir non plus seulement comme un gestionnaire de portefeuille petites capitalisations, mais aussi comme un gestionnaire de portefeuille de plusieurs stratégies, et un gestionnaire de patrimoine », signale le dirigeant.
Cela signifie que son action n’est plus uniquement centrée sur la gestion de portefeuille, mais vise dorénavant à amener aux clients une solution plus globale, précise Nicolas Chevalier. Pour y parvenir, Pembroke s’est notamment adjoint les services d’un planificateur financier. La firme investit également dans son équipe de recherche et de développement des affaires, ainsi que dans la technologie afin d’automatiser certains processus pour gagner en efficacité.
Si la pandémie, qui s’est invitée au cours de cette période, a entraîné un ralentissement dans le développement de nouvelles affaires, Pembroke n’en nourrit pas moins l’ambition de « s’établir comme la principale firme de gestion de placement indépendante au Québec pour les institutions, les fondations, les bureaux familiaux et les clients fortunés ».
Nicolas Chevalier est d’avis que le positionnement attrayant de la firme, qui jouit notamment d’un historique enviable de rendements relatifs, place Pembroke en bonne position, malgré le contexte difficile dans lequel se trouve l’industrie financière, marqué notamment par la consolidation.
Des gestionnaires importants sont plongés dans une transition, constate-t-il. Cela suscite de l’incertitude en matière de succession, et s’accompagne souvent du départ de dirigeants et de talents.
Plusieurs firmes souffrent également de difficultés financières à la suite de la perte d’actifs institutionnels, observe Nicolas Chevalier. « Une solution pour ces gestionnaires consisterait à faire le saut dans le marché du détail, mais ça demande un investissement important, notamment en raison de la réglementation et des systèmes. Donc, ce n’est pas facile à faire. Nous, on a la chance d’évoluer dans ce secteur depuis plusieurs années, si bien qu’aujourd’hui, c’est la majeure partie de nos actifs qui se trouvent dans ce segment du marché. »
« C’est certainement une base très solide sur laquelle on peut croître », ajoute Nicolas Chevalier.