À la fois vues comme une force et une faiblesse liées à l’obtention de la certification, les exigences académiques requises, au minimum un baccalauréat, freinent les ardeurs de certains conseillers.

« Les exigences sont rigoureuses […] pour plusieurs [conseillers], ils ont juste un CÉGEP ou un secondaire cinq. Je pense que pour plusieurs c’est certainement une barrière », explique Jocelyne Houle-LeSarge, présidente-directrice générale et secrétaire de l’Institut québécois de planification financière.

Une fois ces exigences rencontrées, le futur planificateur financier devra réussir l’examen et compléter par la suite les exigences requises en matière de formation continue.

Lire aussi – Dossier Congrès de l’IQPF 2016

Face à ce processus, un conseiller voulant rapidement accéder au marché du travail et acquérir de l’expérience pourrait être tenté de se tourner vers un autre diplôme.

« Le jeune conseiller ou la jeune conseillère risque d’aller chercher son titre de conseiller en sécurité financière, par exemple, pour pouvoir commencer tout de suite à offrir des produits d’assurance qui vont lui rapporter une commission, et lui permettre d’obtenir une rémunération plus rapidement », dit Gaétan Lebrun, planificateur financier et conseiller en placement chez Valeurs mobilières PEAK.

La rémunération est un autre enjeu auquel les nouveaux planificateurs financiers sont confrontés.

Lire aussi – La marque « pl.fin.»

« Un planificateur financier qui sort de l’école, qui n’a pas de clients, qui commence dans ce métier-là […] aura de la difficulté à faire des planifications à honoraires, parce qu’il a la connaissance, mais il n’a pas l’expérience ni l’expertise, ajoute-t-il. À moins qu’il se place dans une boîte et fasse seulement de la planification financière à salaire ou à honoraires, il aura de la difficulté [à en] vivre.

Ouverture

Afin de répondre en partie à cet enjeu, l’IQPF a bonifier son programme d’équivalence de formation académique en février 2012, afin d’accueillir des professionnels actifs dans le domaine de la finance.

« Dans un contexte marqué par de nombreux départs à la retraite, une pénurie de main-d’oeuvre en planification financière et la nécessité de tenir compte de la conciliation travail-vie personnelle, il était de notre devoir d’accroître la flexibilité de notre Programme exécutif pour professionnels », avait dit à l’époque, madame Jocelyne Houle-LeSarge.

Ainsi, des avocats, des notaires et des professionnels possédant une formation universitaire en administration – plus deux ans d’expérience – ont pu aspiré au titre de planificateur financier par l’entremise de ce programme.

Une ouverture qui a permis à des conseillers l’autorisation de pratiquer la méthode en sept champs de l’IQPF.

« Je provenais d’un milieu où les gens avaient beaucoup de connaissance […] je n’éduquais personne, je n’améliorerais pas leur vie personnelle ou leur confort financier », explique Boyan Ivanov, planificateur financier à BMO.

Celui-ci possédait son titre de courtier en valeurs mobilières depuis près de huit ans lorsqu’il s’est intéressé au programme de l’IQPF. Motivé par le côté humain, il a souhaité élargir sa pratique au delà des placements.

Sémantique et compréhension

Les articles 56 et 57 de la Loi sur distribution de produits et services financiers stipulent clairement que « nul ne peut utiliser le titre de planificateur financier ni se présenter comme offrant des services de planification financière à moins d’être titulaire d’un certificat délivré à cette fin par l’Autorité [des marchés financiers] ».

Malgré tout, plusieurs conseillers soutiennent faire de la planification financière pour leurs clients, et ce, sans porter le titre relié à la profession.

« Nous savons que ça se fait, que ça existe, je suis très malheureuse de cette situation-là, parce que la formation pour devenir planificateur financier, c’est très sérieux, très rigoureux et dire qu’on fait [des planifications financières], sans avoir la formation, c’est extrêmement dangereux pour le grand public », souligne Jocelyne Houle-LeSarge.

Une confusion sémantique dans l’expression « planification financière » pourrait expliquer cette situation. L’IQPF définit, sur son site Internet, la planification financière comme « un processus qui consiste à optimiser votre situation financière et votre patrimoine. La planification financière intègre les connaissances des sept domaines suivants : aspects légaux, assurance et gestion des risques, finances, fiscalité, placements, retraite et succession. »

La présidente-directrice générale de l’institut croit que de l’éducation auprès de la population et des conseillers visant à mieux faire connaître la profession est requise.

« Il arrive souvent que les gens me disent qu’ils ont vu leur conseiller, que leur planification financière est faite parce qu’ils ont placé 2 000 $ dans leur REER cette année […] ce n’est certainement pas de la planification financière. »