Cependant, ce serait une erreur d’aller plus loin.
Je crois que l’expérience du Royaume-Uni – où les commissions intégrées à la distribution de produits financiers ont été bannies le 31 décembre 2012 -, le montre.
J’ai lu sur Internet des textes annonçant que 20 % des conseillers avaient quitté l’industrie au Royaume-Uni. Parfois plus, parfois moins.
J’ai donc demandé au Financial Conduct Authority (FCA, l’ancien FSA) de me fournir des données sur le nombre de conseillers.
Selon le FCA, il y avait 35 073 conseillers durant l’été de 2012, et 31 132 au 31 décembre de la même année. Près de 4 000 conseillers, soit 11 % de leur nombre total, ont donc quitté l’industrie avant l’entrée en vigueur de la Retail Distribution Review (RDR). Depuis, le nombre de conseillers est resté stable.
Les conseillers en succursales bancaires représentent la catégorie la plus touchée. Avant l’adoption du RDR, ils étaient 6 655. Au moment de l’adoption, il n’en restait que 4 810. Et leur effectif a continué à s’effriter. Ainsi, en janvier 2014, ils n’étaient plus que 3 556. C’est donc dire que 47 % des conseillers de cette catégorie ont disparu !
Cette baisse est attribuable à plusieurs facteurs. Des banques, comme Barclays et HSBC ont carrément abandonné le marché du conseil financier «de masse». De plus, des conseillers ont décidé de ne pas se conformer à la RDR et ont quitté l’industrie avant son entrée en vigueur. Enfin, des clients ont refusé de payer des honoraires pour les conseils financiers.
Quels types de clients ont renoncé aux conseils financiers ? De façon générale, les clients fortunés sont restés, car ils sont plus habitués à payer des honoraires professionnels pour leur avocat, leur fiscaliste, etc.
Sans surprise, les gens qui avaient de petits comptes ont souvent refusé de payer quelques centaines de livres pour recevoir des conseils, et ce, même s’ils le payaient déjà de façon indirecte par les commissions !
Or, je ne crois pas que ce soit une bonne chose que des gens qui ont moins d’actifs se retrouvent seuls à naviguer dans cet univers complexe.
Baisse des effectifs
Une baisse de 11 % du nombre de conseillers au Québec aurait des conséquences difficiles à imaginer, mais sans doute tout aussi difficiles à gérer. On sait que même dans le contexte actuel, la relève est déjà un problème criant. Or, la mise en application de la RDR aura sans doute un autre effet pervers au Royaume-Uni. Traditionnellement, beaucoup de conseillers commençaient leur carrière dans le secteur bancaire, qui était en quelque sorte une grande porte d’entrée. Maintenant que 47 % des conseillers bancaires ont quitté l’industrie, la problématique de la relève risque d’être amplifiée.
Alors que les épargnants doivent de plus en plus assumer le risque de leur épargne-retraite – on n’a qu’à penser à la transformation de nombreux régimes de retraite à prestations déterminés en régime à cotisations déterminées – , il m’apparaît risqué de diminuer l’offre de conseils financiers.
Notre système n’est pas parfait, mais MRCC 2 corrige les principales lacunes en terme de divulgation. Il faudra éviter l’écueil de vouloir trop bien faire.
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25 ans de planification financière
J’ai rédigé ce billet lors du congrès annuel de l’IQPF, qui se tenait du 11 au 13 juin au Hilton du Lac Leamy. Pour Finance et Investissement, c’est une très belle occasion d’aller à la rencontre de ses lecteurs et de se brancher sur leurs préoccupations.
Cette année, l’IQPF célébrait son quart de siècle. Pour avoir couvert comme journaliste puis comme rédacteur en chef près de la moitié de cette histoire, je peux témoigner de l’évolution de cette discipline. Même si on n’est pas toujours d’accord avec ses orientations, force est d’admettre que l’IQPF travaille avec minutie et intégrité.
En fin de congrès, Yves L. Giroux, de BMO assurance, a terminé son mandat de deux ans comme président du conseil d’administration de l’IQPF. Nathalie Bachand, de Bachand Lafleur, Groupe conseil, prend le relais. Et déjà, elle regarde du côté de la finance comportementale pour faire avancer la profession.