Ainsi, l’éclatement de la bulle technologique du début des années 2000 a marqué les 15 dernières années, estime Paul Balthazard, vice-président et directeur régional, RBC Dominion Valeurs mobilières. «Cela a été une période affreuse pour plusieurs personnes dans l’industrie, car il s’agissait de la première véritable crise qu’ils traversaient.»
D’autres crises ont suivi, mais les changements dans la réglementation, et surtout les transformations technologiques, ont changé la réalité des cabinets, des conseillers et des clients, croit-il.
«Les réseaux sociaux et les applications mobiles n’existaient pas il y a 15 ans. Cette évolution technologique a révolutionné les façons de faire, et ce mouvement va se poursuivre. Le défi consiste maintenant à s’assurer que les différents systèmes dans lesquels nous avons investi communiquent de façon intelligente et que le processus est simple et sécuritaire pour le conseiller et ses clients», analyse Paul Balthazard.
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Si la qualité du soutien apporté au conseiller en placement par les firmes s’est beaucoup améliorée au fil des ans, le rôle du conseiller s’est également complexifié, estime Paul Balthazard.
Selon lui, ces changements surviennent principalement en raison du vieillissement de la population et de la transformation de leurs besoins, de l’évolution des technologies et d’un encadrement réglementaire accentué.
«De nos jours, les conseillers portent de nombreux chapeaux et la gamme de solutions et services qu’ils proposent s’est élargie. Leur modèle d’affaires a beaucoup évolué et intègre aujourd’hui régulièrement la gestion de portefeuille et la gestion de patrimoine dans une offre globale. Même la rémunération, qui reposait principalement sur les commissions, est aujourd’hui majoritairement issue d’honoraires», avance-t-il.
Tandis qu’auparavant, un conseiller travaillait en collaboration avec un ou une adjointe qu’il partageait souvent avec un collègue, aujourd’hui, une équipe de deux à huit personnes gravite autour de lui, selon Paul Balthazard.
«Nous demandons aux conseillers d’avoir des habiletés en planification financière, mais aussi en planification successorale, fiscale, philanthropique, et même, d’être des gestionnaires des ressources humaines», dit-il.
Pour Paul Balthazard, ces changements rendent le recrutement de la relève plus difficile, un défi qui touche toute l’industrie.
Confiance à reconstruire
«Dans l’industrie, la relève a toujours été un facteur préoccupant. C’était un défi il y a 15 ans, c’en est encore un aujourd’hui, et ce sera un défi assez extraordinaire pour les prochaines années», estime Gino Savard, président de Mica Services financiers.
Selon lui, les scandales qui ont frappé l’industrie à répétition depuis 2005 ont contribué à alourdir considérablement les tâches administratives des conseillers.
«Pour une petite société comme la nôtre, des scandales touchant autant d’individus et représentant autant d’argent que Norbourg, Earl Jones et Carole Morinville, cela a été assez marquant», lance Gino Savard.
Ces scandales ont engendré «une vague de méfiance extrême face aux « bandits à cravates ». Ils sont à l’origine du resserrement de la conformité, et ils ont eu un impact important sur l’évolution de la pratique», estime-t-il.
Aujourd’hui, ce durcissement de la réglementation se concrétise dans la phase 2 du Modèle de relation client-conseiller, avance Gino Savard : «La divulgation de la totalité de la rémunération va bouleverser complètement l’équilibre actuel des choses.»
Selon lui, ce sont les titulaires de portefeuilles de plus de 250 000 $ qui assurent l’équilibre actuel, permettant indirectement à un conseiller «de passer une soirée à monter un plan financier pour un jeune couple qui effectue des investissements mensuels de 100 $.»
La divulgation entraînera une révision de ce système, «car le client de 250 000 $ ne voudra plus payer autant», avance Gino Savard.
«J’ai peur que ce ne soit dur pour les jeunes qui commencent dans l’industrie», dit-il.
Il craint également qu’il ne soit plus difficile à l’avenir, pour les clients dont l’actif à investir est inférieur à 50 000 $, d’obtenir les services de conseillers indépendants, car ceux-ci n’y trouveront plus leur compte.