C’est une occasion qu’a saisie Valeurs mobilières Desjardins (VMD), puisque la société a réussi à se tailler une place unique au centre du commerce des billets non protégés au pays.

Toutes les banques canadiennes ont recours aux services de VMD pour obtenir son approbation sur leurs nouvelles émissions de BNP.

Forte croissance

Marché en pleine explosion que celui des billets non protégés. Au 30 juin 2012, selon des chiffres d’Investor Economics (IE), de Toronto, ils représentaient 21 % des 21,8 G$ de billets, protégés et non protégés, en circulation au Canada, soit 4,36 G$. Au total, 2 205 billets ont été émis, protégés et non protégés.

Les proportions entre les deux segments de marché sont toutefois appelées à changer rapidement. En 2007, toujours selon des chiffres d’IE, seulement 7,6 % des billets étaient protégés. Dans la première moitié de 2012, cette proportion était passée à 63,4 %.

Un autre facteur contribuera à accélérer la croissance : IE évalue que plus des deux tiers des billets arriveront à échéance au cours des trois prochaines années, ce qui veut dire qu’une grande partie de l’argent investi sera réinvesti dans de nouvelles émissions.

Toute émission de billet non protégé doit être accompagnée d’un prospectus et, quand ce négoce a commencé en 2006 sous l’impulsion de la Banque Nationale, «les autorités de réglementation nous ont demandé d’avoir recours à un agent indépendant», raconte Vincent Marquis.

Or, la BN vendait déjà des billets protégés par l’entremise du réseau de VMD, où Dominique D’Aoust, analyste principal, produits structurés, veillait à l’analyse et à l’approbation de ces produits à l’intérieur du réseau de VMD.

«On avait constaté que VMD était très rigoureux et exigeait, par exemple, un formulaire distinct que les autres institutions ne nous demandaient pas, indique Vincent Marquis. Après discussions avec plusieurs autres firmes, notre choix s’est arrêté sur VMD.»

Ce fut le point de départ. «Je me suis faufilé dans ce business, enchaîne Dominique D’Aoust. Nous nous sommes mis à regarder ce qui se passait. Il fallait mettre au point notre expertise de façon à porter le jugement le plus éclairé.»

En fait, il s’était déjà fait la main avec le courtier américain Merrill Lynch, qui avait un volume d’émissions important. À ce moment-là, l’agent indépendant de Merrill Lynch était Canaccord, mais Dominique D’Aoust a fait valoir «que nous ne représentions pas une concurrence puisque VMD n’était pas émetteur de billets. Lynch a aimé ce que je disais et nous avons commencé à recevoir toutes leurs émissions.»

Discrétion et honnêteté

L’entente a tenu jusqu’en 2007, année où Merrill Lynch a connu les déboires que l’on sait avant de passer dans le giron de Bank of America. C’est alors que la BN a pris le relais.

Puis, ce fut la frénésie et toutes les banques sont entrées dans la ronde. Parce qu’elles devaient avoir recours à un agent indépendant, par obligation règlementaire, pour valider leur prospectus, elles se sont toutes retrouvées chez VMD.

Une seule exception, Banque de Montréal retient les services de HSBC à titre d’agent indépendant.

Ainsi en va-t-il de la force de la réputation, VMD étant connue pour son honnêteté et sa discrétion, dans un marché où la discrétion et le secret sont de la première importance.

Une anecdote traduit bien la position qu’en est venu à occuper VMD.

«Un émetteur nous a approchés avec un prospectus confus et complexe, mais tout à fait honnête, et j’ai refusé de l’approuver, rappelle Dominique D’Aoust. Cet émetteur est allé voir une autre banque pour quelle agisse à titre d’agent indépendant, mais celle-ci lui a répondu : « Je fais confiance à Desjardins pour la conformité. Si Desjardins ne donne pas son approbation, je ne pourrais pas faire mieux ».»

Résultat : VMD occupe une position unique dans un marché en pleine croissance.

«Pour nous, l’avantage d’avoir accès à une équipe spécialisée dans ce domaine, c’est de pouvoir bénéficier des meilleures pratiques de divulgation, fait valoir Vincent Marquis. Ça établit un terrain égal pour tous les émetteurs avec une standardisation des meilleures pratiques pour tout ce qui concerne les structures de produits, leurs types de risques, etc.»