L’organisme de réglementation craint que les assureurs ne s’efforcent de trouver de nouveaux clients plutôt que d’assurer le rendement du portefeuille de clients existants.

«Pendant que les cabinets baissent leurs prix et créent de nouveaux produits, les clients de longue date risquent d’être oubliés», a ajouté Clive Adamson.

L’enquête de la FCA portera notamment sur les régimes de retraite, l’assurance vie et les obligations.

Séparation coûteuse

Qui plus est, les frais imposés pour quitter ces fonds zombies sont très élevés, ce qui dissuade les épargnants de les abandonner. Le quotidien britannique The Daily Mail avançait récemment qu’«il n’est pas rare que les frais de sortie atteignent 10 %, et qu’ils peuvent s’élever jusqu’à 25 %».

Les frais annuels sont également très élevés. «Certaines polices d’assurance d’Allied Dunbar et d’Abbey Life – dont l’actif est passé aux mains de Zurich Financial Services et de la Deutsche Bank, respectivement – facturent des frais annuels de 2 à 2,5 %», écrivait le Daily Mail.

En entrevue avec le quotidien britannique, Craig Palfrey, de Increase Your Pension, un site Internet chapeauté par Penguin Wealth, disait ceci : «Vous pouvez envisager de changer de fonds, mais comprenez bien qu’il y aura des frais cachés. Et si vous n’êtes pas content, communiquez avec le Financial Ombudsman Service.»

phénomène répandu

Le phénomène des fonds zombies est répandu à l’échelle mondiale. Leur présence s’est intensifiée au cours de la dernière décennie. Et le secteur de l’assurance n’est pas le seul touché.

En juin 2013, la firme de recherche américaine Preqin estimait à 116 G$ US la valeur de l’actif en capital-investissement privé emprisonné dans des fonds qui avaient dépassé leur période de détention normale.

«Environ 1 200 fonds de capital-investissement peuvent être considérés comme des fonds zombies», peut-on lire dans l’étude.

Leurs rendements sont médiocres. Dans son étude, Preqin indique que les fonds lancés en 2003 – considérés aujourd’hui comme des fonds zombies – n’ont distribué à leurs investisseurs que 39 % du capital d’apport investi, par rapport à 99 % pour l’ensemble des fonds au cours de cette même année.

L’étude de Preqin a fait réagir. Le PDG de la firme d’investissement Hamilton Lane, Mario Giannini, soulignait lors d’une entrevue avec Pensions & Investments qu’au départ, personne ne veut d’un fonds coûteux, dont les rendements sont quasi nuls et qui n’offre pas de solutions de sortie intéressantes.

Cela dit, il admettait que «malheureusement, il est difficile de trouver une solution à ces fonds. La solution est souvent de se dissocier du gestionnaire de fonds pour le remplacer par un autre gestionnaire plus compétent».

Les épargnants hésitent toutefois à passer à l’action, compte tenu des contrats qui les lient, précisait Mario Giannini.

Nombre d’entre eux craignent les répercussions légales que pourrait engendrer une telle séparation.

Porte de sortie

Il n’empêche que le statu quo n’est pas rentable. Dans son étude, Preqin estime que le marché secondaire pourrait offrir une porte de sortie aux investisseurs.

En effet, ceux qui quitteront ces fonds devront être prêts à vendre à un prix très bas. D’un autre côté, cela permettra aux gestionnaires de se débarrasser de leurs fonds, et aux investisseurs d’obtenir des liquidités.

Autre solution : transférer les participations des fonds zombies dans de nouveaux fonds qui offrent un meilleur potentiel.

Quelques initiatives ont été lancées en ce sens. À la fin de 2012, la firme Willis Stein & Partners de Chicago a restructuré un de ces fonds. Un nombre limité d’investisseurs ont pu retirer leur argent ; l’avoir des autres investisseurs a été transféré dans un fonds plus performant, que Willis Stein gère conjointement avec Vision Capital.

Behrman Capital a adopté une stratégie semblable. La firme new-yorkaise a créé un nouveau fonds, afin d’y transférer 750 M$ US qui étaient retenus dans un fonds créé en 2000 et dont le rendement était médiocre.

Les épargnants ont pu choisir de retirer les sommes jusqu’alors investies ou de les transférer dans le nouveau fonds.

1 200

Nombre de fonds de capital-investissement qui peuvent être considérés comme des fonds zombies, selon la firme de recherche Preqin.