C’est un rythme beaucoup plus élevé que la Chine qui, elle, devrait enregistrer une croissance moyenne de 3,4 % par an pendant la même période. Pour sa part, le PIB canadien progressera de 2,2 %.
Seul le Nigeria – l’économie la plus importante d’Afrique – affichera une croissance moyenne par an légèrement supérieure à celle du Vietnam, à 5,4 %.
Et d’ici le milieu du siècle, le Vietnam deviendra la 22e économie en importance dans le monde. Il occupe actuellement le 32e rang. Toute une performance pour ce pays de 90 millions d’habitants, dirigé par un régime communiste depuis la fin de la guerre du Vietman, en 1975.
Bas coûts de production
Plusieurs facteurs contribuent au dynamisme de l’économie vietnamienne, selon la FBN.
Tout d’abord, les investisseurs y injectent de plus en plus de capitaux. En 2014, l’investissement direct étranger au Vietnam s’est élevé à 12,3 G$ US, par rapport à 2,4 G$ US en 2000, selon le General Statistics Office of Vietnam.
«À la mi-2015, il atteignait 7,4 G$ US, soit 9 % de plus qu’à la même période un an plus tôt», écrivent Pierre Fournier, analyste géopolitique, et Angelos Katsoras, premier associé, tous deux de la FBN.
Les bas coûts de production figurent parmi les principaux facteurs qui attirent les entreprises étrangères au Vietnam.
Selon la Japan External Trade Organization (JETRO), le coût annuel total d’un travailleur d’usine au Vietnam (salaire, avantages sociaux, paiements de sécurité sociale et primes) s’élève à 2 989 $ US, soit presque trois fois moins qu’en Chine (8 204 $ US).
Pas étonnant dans ce contexte que le Vietnam soit devenu la première destination des entreprises manufacturières établies en Chine qui souhaitent délocaliser leur production.
Par exemple, en 2013, le géant de l’électronique sud-coréen Samsung a déménagé ses activités de production de téléphones de la Chine au Vietnam. Cette année, la multinationale devrait produire dans ce pays plus de 40 % des appareils qu’elle vend dans le monde.
Statistique éloquente : les usines détenues par des intérêts étrangers au Vietnam sont déjà responsables de 60 % des exportations du pays, faisait remarquer en novembre 2014 le magazine américain Barron’s.
Le Vietnam est d’ailleurs en train de devenir une puissance industrielle, qui fait sa marque dans plusieurs secteurs tels que ceux des équipements électroniques et de la machinerie.
Quelques déficiences
Malgré ses forces et son potentiel de croissance exceptionnel, le Vietnam fait face à des défis de taille.
Par exemple, les infrastructures électriques du pays sont déficientes. «Pour réaliser son potentiel comme pôle manufacturier à bas coûts, le Vietnam devra suivre l’évolution de la demande d’électricité», affirment Pierre Fournier et Angelo Katsoras.
Cela nécessitera des investissements de 125 G$ US dans les infrastructures électriques au cours des deux prochaines décennies, soit 6,25 G$ US en moyenne par an.
De plus, les sociétés d’État inefficaces – elles représentent le tiers du PIB vietnamien – continuent de freiner la croissance économique du pays, tout comme la lourde bureaucratie.
«Le manque de transparence caractérisant les marchés publics, l’opacité des règles et les déficiences de la bureaucratie accentuent les risques d’expropriation», affirme Exportation et développement Canada (EDC) dans une analyse trimestrielle des risques des pays asiatiques.
Un pays plus ouvert
Malgré tout, le Vietnam est bien positionné pour connaître une importante croissance à long terme, selon la FBN.
Le pays continue de libéraliser son économie et de s’ouvrir aux investisseurs étrangers. Il renforce aussi son alliance avec les États-Unis, en plus de multiplier les accords de libre-échange pour stimuler son économie.
D’ailleurs, la transformation de l’économie planifiée en une économie de marché a presque fait tripler la valeur des échanges commerciaux entre le Vietnam et le Canada depuis cinq ans, à 3,3 G$ CA, selon Statistique Canada.