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L’industrie canadienne en capital de risque démontre à la fois des signes de résilience et de vulnérabilité, selon un nouveau rapport de BDC Capital, qui révèle des investissements en baisse pour une deuxième année consécutive.

En 2023, les investissements en capital de risque dans les entreprises ont totalisé 6,9 milliards de dollars (G$) au pays, soit un recul de 34 % par rapport à 2022, d’après les données de la division d’investissement de la Banque de développement du Canada.

Le secteur des technologies de l’information et des communications a une nouvelle fois bénéficié de la majorité des sommes, suivi des domaines de l’énergie propre et des sciences de la vie.

Après avoir atteint un sommet de 15 G$ en 2021, les activités canadiennes en capital de risque se sont rapprochées en 2023 des niveaux prépandémiques. Mais elles ont encore surpassé la moyenne de 4,2 G$ enregistrée entre 2015 et 2019, indique le rapport publié mardi.

Le nombre de transactions effectuées, qui a atteint 660 l’année dernière, s’est aussi avéré de 25 % supérieur à la moyenne sur cinq ans.

« Dans l’ensemble, ces chiffres témoignent de la persistance de l’intérêt des investisseurs et du fait que, malgré un environnement économique difficile, l’écosystème est demeuré actif », peut-on lire dans le document.

De plus, BDC Capital mentionne que « les investissements canadiens en capital de risque diminuent plus lentement qu’à l’échelle mondiale, ce qui témoigne d’une certaine résilience ».

En entrevue, le vice-président exécutif chez BDC Capital, Jérôme Nycz, souligne que « l’industrie du capital risque au Canada a fait une remarquable remontée au cours des dix dernières années ».

« On se situe à peu près à 0,36 % du produit intérieur brut (PIB) en capital de risque, ce qui nous met environ en milieu de peloton des pays de l’OCDE », indique-t-il.

Maintenir un rendement au-dessus de 10 %

Les chiffres révèlent toutefois aussi une certaine vulnérabilité de l’écosystème canadien. L’un de ces signes est la baisse du rendement net du capital de risque sur dix ans, qui est passé de 14,6 % en 2022 à 11,7 % en 2023.

Cette tendance à la baisse, qui affecte aussi les États-Unis, « représente un peu une réévaluation des compagnies de portefeuille qui ont plus de difficultés à lever des fonds et à livrer sur les objectifs qui avaient été établis au début », explique Jérôme Nycz.

Le rendement sur un an du capital de risque au Canada a, quant à lui, chuté en territoire négatif à -11,2 %.

« Si les rendements annuels continuent de diminuer pour une autre année, nous croyons que les rendements sur cinq ans et sur dix ans tomberont probablement sous le seuil de 10 % au Canada », s’inquiète dans son rapport BDC Capital, l’investisseur en capital de risque le plus actif au pays.

Un taux à long terme sous la barre des deux chiffres pourrait avoir une incidence sur la disponibilité des capitaux.

« On espère qu’on a trouvé le plancher de l’industrie au point de vue des rendements. Si les rendements se maintiennent au-dessus de 10 %, ça augure bien pour être capable d’intéresser d’autres investisseurs », affirme Jérôme Nycz.

Il précise que les données sur le rendement de 2023 présentent toutefois une bonne nouvelle. L’écart du taux de rendement sur 10 ans s’est de nouveau rétréci entre le Canada et les États-Unis.

« Ce qui veut dire qu’on est capable de bâtir de vraies compagnies technologiques au Canada et on est capable de vendre ces actifs-là à des prix intéressants », soutient-il.

Données provinciales

Pour la première fois, le rapport de BDC Capital présente des données provinciales. L’Ontario a mobilisé près de la moitié des dollars investis au Canada, soit 3,8 G$ dans 275 compagnies.

Le Québec et la Colombie-Britannique suivent avec, respectivement, 1,4 G$ dans 136 entreprises et 1,2 G$ pour 92 transactions.

La Belle province « s’en tire bien », d’après Jérôme Nycz. En 2023, sa part des investissements en capital de risque correspondait au poids de son PIB dans le Canada, soit environ 20 %.

Mais le Québec se démarque du reste du Canada par des ventes d’actifs plus importantes, souligne Jérôme Nycz. Depuis 2019, 32 % des sorties enregistrées ont atteint un seuil de plus de 50 millions de dollars, selon BDC Capital.

Une situation avantageuse alors que ces sorties d’argent peuvent ensuite être « recyclées » afin d’investir dans de nouvelles compagnies, fait valoir Jérôme Nycz.